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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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la main dessus, je devais communiquer tout ce que je savais à Sidney.
Depuis ma conversation avec Humphrey, j’avais commencé à élaborer une théorie à
propos des meurtres. C’était encore vague, comme des silhouettes qu’on
distingue dans la brume, mais, si les prémisses en étaient justes, je pensais
savoir où trouver les réponses. Et s’il fallait croire Jenkes, j’avais intérêt
à m’y rendre avant l’aube, sinon Thomas Allen ne vivrait pas cette journée.
    Pour commencer, il fallait que je transmette un message à
Sidney, qu’il sache où j’allais et sur la base de quels soupçons :
j’espérais qu’il m’emboîterait le pas au cas où je ne reviendrais pas, même
s’il devait arriver trop tard.
    Sans perdre un instant, je passai au peigne fin la table de
travail de Norris, sur laquelle étaient éparpillés un tas de documents et de
livres. Avant de me mettre en route, il me fallait une plume pour coucher
brièvement sur le papier mes idées à l’intention de Sidney, mais je ne trouvais
pas d’encre. À l’intérieur du premier tiroir ouvert, je découvris un bâton de
cire vermillon et plusieurs feuilles de vélin de belle qualité. En regardant
autour de moi en quête d’une bougie pour remplacer celle que j’avais allumée et
qui commençait à faiblir, mes yeux se posèrent sur le coffre placé sous la
fenêtre. Le solide cadenas qui le protégeait en temps normal pendait, grand
ouvert. Emportant avec moi la bougie, je soulevai le lourd couvercle : le
coffre ne contenait que du linge que je repoussai jusqu’à ce que mes doigts
touchent le fond du coffre. Je tâtonnai sur toute la surface, mais ne trouvai
rien. J’étouffai un juron ; tout ce qui avait de l’importance avait
probablement déjà disparu. Je rapprochai la bougie et vidai le coffre pour
m’assurer quand même que rien ne m’avait échappé.
    «  Merda ! » Je m’apprêtais à rabattre
le couvercle lorsque je m’aperçus que dans le fond en bois avait été découpée
une encoche juste assez large pour y glisser un ongle. Posant la bougie, je
tirai le couteau de Humphrey et me penchai. Après avoir glissé la lame dans la
fente, le cœur battant je tentai un mouvement vers le haut. J’entendis un petit
déclic. Appuyant du plat de la main, je fis basculer sans difficulté le double
fond. Je fouillai le compartiment qui venait d’être révélé et tombai sur une
liasse de papiers puis sur quelque chose de pointu qui me fit vivement retirer la
main, de peur qu’il ne s’agisse d’un piège. M’y reprenant avec plus de prudence
cette fois, j’extirpai l’objet de sa cache et sifflai tout bas en voyant ce que
je tenais.
    C’était un fouet à manche court avec peut-être une
cinquantaine de lanières cloutées mesurant chacune trente à quarante
centimètres. En fait de clous, je m’aperçus en l’examinant qu’il s’agissait de
morceaux de fil de fer tordus en crochets, qui tous portaient des traces de
sang séché. Je frémis devant la cruauté de cet instrument, et dans le même
temps j’eus l’impression qu’on m’ôtait des œillères et que les soupçons qui
jusque-là flottaient dans une sorte de brouillard émergeaient soudain à la
lumière du jour.
    Je tirai alors la liasse du compartiment. Il s’agissait d’un
paquet de lettres écornées, sales et attachées par un ruban effiloché. Celle du
dessus portait l’empreinte inimitable d’un pouce ensanglanté. Un premier coup
d’œil à l’encre légèrement effacée par le temps me confirma qu’elle était
écrite grâce à une combinaison de symboles et de chiffres, mais je n’eus pas
besoin d’en élucider le sens pour comprendre que je tenais entre mes mains ce
pour quoi on avait fouillé les chambres de Roger Mercer et James Coverdale.
Attaché au paquet se trouvait un document, en vélin plus ancien celui-là, et
scellé à la cire. Le cachet en était intact, cependant la lumière trop faible
ne me permettait pas de le distinguer clairement. Je n’hésitai qu’un instant
avant de le briser et d’approcher la bougie. La flamme était si ténue qu’elle
éclairait à peine l’écriture aux courbes élaborées, mais la première ligne
suffit à me glacer les sangs.
    «  Le pape Pie V, serviteur des serviteurs de
Dieu, en souvenir perpétué de ce sujet : Regnans in Excelsis… » Ainsi
commençait le document, qui faillit me tomber des mains tant j’échouais à en
maîtriser les tremblements. J’avais

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