Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
Vom Netzwerk:
Sidney. En sentant les documents
échapper à ma main bandée, je réunis mes dernières forces. Serrant les dents,
je me redressai autant que possible, mon visage si près du sien qu’on eût pu
croire que je voulais l’embrasser, puis je rejetai la tête en arrière avant de
le frapper de toutes mes forces. Mon front percuta son nez, que j’entendis
craquer. Il poussa un cri, leva les deux mains devant son visage et j’en
profitai pour l’envoyer rouler sur le côté. Une douleur sourde avait envahi mon
crâne et ma vision se brouillait, mais lui était plus mal en point
encore : il baissa ses mains, et je vis que son nez saignait abondamment.
Au-dessus de nous, une lumière approcha, accompagnée de bruits de pas lents.
    « Sacrebleu, qu’est-ce… »
    Cobbett se tut, stupéfait de nous voir Slythurst et moi nous
bagarrer comme des ivrognes au milieu de la cour. Je remarquai que, dans son
autre main, il tenait un bâton.
    « Docteur Bruno ? Seigneur, vous êtes dans un
état… Comment vous êtes entré ?
    — C’est une longue histoire, Cobbett, répondis-je en me
relevant. J’ai besoin de votre aide.
    — Emparez-vous de lui, Cobbett ! s’écria Slythurst
d’une voix étouffée par la main qu’il tenait devant son nez. C’est un voleur.
Je vous ordonne de l’arrêter ! »
    Cobbett nous regarda tour à tour d’un air circonspect. Je
l’attrapai par la manche et l’emmenai à quelques pas de là, afin de ne pas être
entendu de Slythurst.
    « Vous devez me croire, Cobbett, c’est une affaire des
plus urgentes. Je crois savoir où trouver le meurtrier, et d’autres mourront
peut-être cette nuit si je n’interviens pas. » Voyant qu’il semblait
hésiter, je précisai ma pensée à voix basse. « Sophia est en danger. Je
dois partir immédiatement. Dites-moi, où se trouve mon cheval ? D’après ce
que j’ai compris, il serait installé dans les écuries du recteur.
    — Cobbett, ne le laissez pas partir ! Cet homme ne
doit pas quitter le collège avec ce paquet, vous m’entendez ? »
    Slythurst paraissait désespéré maintenant ; il se remit
debout, vacilla et tendit le bras vers moi pour me retenir. Bien que toujours
étourdi par le dernier coup que je lui avais porté, je me jetai contre lui en
le prenant au col.
    «  Ne vuoi di piu ? Fatti sotto, le
menaçai-je en sortant le couteau de Humphrey Pritchard que je levai devant ses
yeux. Venez, si vous en voulez encore… »
    Slythurst n’avait sans doute pas compris mes paroles mais le
couteau limitait les interprétations possibles ; il recula d’un pas, me
jeta un bref regard de défi puis, de tous ses poumons, se mit à crier :
« Au meurtre ! » Des deux côtés de la cour, plusieurs fenêtres
s’ouvrirent et des hommes apparurent, éveillés par le raffut.
    « Je dois partir tout de suite, insistai-je en tournant
la tête vers Cobbett sans baisser le couteau, Slythurst ayant visiblement
décidé que son meilleur espoir consistait à réveiller tout le collège pour
qu’on m’appréhende.
    — Il va lancer les gardes après vous », m’avertit
Cobbett.
    Slythurst appela encore à l’aide.
    « Vous allez d’voir cavaler à bride abattue si vous
voulez quitter la ville. Les écuries du recteur sont presque d’l’autre côté,
sur Cheney Lane. Venez. »
    Le vieux gardien me fit signe de le suivre vers la sortie.
Je ne l’avais jamais vu marcher aussi vite.
    « Il faut que j’apporte ces papiers à Christ
Church », lui murmurai-je tandis qu’il ouvrait le portail.
    Slythurst nous surveillait mais n’osait plus faire un geste.
Il attendait des renforts.
    « Quel est le plus court chemin ? »
    Cobbett me mit en garde.
    « Si vous allez à Christ Church maintenant, ils vous
rattraperont avant que vous ayez quitté la ville. Donnez-moi les papiers,
j’enverrai un messager. »
    Je jetai un coup d’œil à Slythurst, qui appelait quelqu’un à
une fenêtre du premier étage. Cobbett fit en sorte de lui tourner le dos et
réitéra son offre.
    « Il faut que Sir Philip Sidney les reçoive sans délai,
lui dis-je tout bas. Personne d’autre ne doit les voir. Des hommes sont morts à
cause de ces documents, Cobbett. Pouvez-vous me jurer que votre messager est
digne de confiance ?
    — Sur ma vie, grommela-t-il. Et maint’nant, par tous
les saints, allez-vous-en, Bruno, et dépêchez-vous. Ramenez Sophia. »
    Des bruits de pas sur les pavés indiquaient l’arrivée
imminente des

Weitere Kostenlose Bücher