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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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donnant une chiquenaude pour le décider à partir, tant la
frousse le paralysait.
    Il sursauta puis, retrouvant ses moyens, bondit sur ses deux
jambes et s’enfuit vers les bois sans se retourner. Thomas me foudroyait du
regard.
    « Vous n’auriez pas dû, Bruno. Maintenant, il va
retourner à Oxford et ils vont envoyer encore plus d’hommes après nous.
    — Calmez-vous, Thomas. Il lui faudra au moins une heure
pour rentrer à pied en ville et, de toute façon, il y a déjà beaucoup d’hommes
lancés à mes trousses. Racontez-moi ce qui se passe. »
    Thomas soupira avant de se relever en bousculant le poney,
qui demeura placide.
    « Je suis venu sauver Sophia », déclara-t-il.
    La détermination se lisait sur son visage osseux. Il y avait
une intense et étrange lueur dans ses yeux et il ne cessait de se tordre les
mains.
    « La sauver de quoi ?
    — De ceux dont elle menace la sécurité.
    — À cause de l’enfant qu’elle porte ? »
    Il tourna la tête et me fixa.
    « Vous êtes au courant ? Comment se fait-il que
vous soyez ici, docteur Bruno ?
    — Par déduction, répondis-je. Je crois que, vous aussi,
vous êtes en danger, Thomas. »
    Il eut un rire amer, qui mourut sur-le-champ.
    « Ne vous l’ai-je pas déjà dit ?
    — Je parle d’un danger immédiat. »
    Il allait me répondre mais une porte s’ouvrit à l’arrière de
la maison et nous entendîmes une voix appeler doucement : « Il y a
quelqu’un ? »
    Thomas se pencha vers moi.
    « Rabattez votre capuche et rangez votre arme, me
dit-il tout bas. Évitez de parler tant que nous ne serons pas à
l’intérieur. »
    Je n’avais d’autre choix que de suivre ses ordres. Il prit
les rênes du poney et mena la charrette vers ce qui ressemblait à une entrée de
service. La porte était entrouverte. Un grand homme au dos voûté et au cheveu
rare nous détaillait avec méfiance.
    « Je suis venu chercher quelqu’un pour le conduire
jusqu’à la côte à la demande de Lady Eleanor », annonça Thomas à voix
basse en dissimulant son visage sous sa capuche.
    S’ensuivit un long silence, comme si chacun d’eux attendait
que l’autre prenne la parole.
    « Il y a un mot de passe, fit l’homme derrière la porte
avec un raclement de gorge embarrassé.
    — Oh. Ora pro nobis. »
    Thomas se mordit la lèvre.
    « Je ne savais pas que vous seriez deux, remarqua le
domestique sans se départir de son air suspicieux. Bon, eh bien… entrez. »
    Ouvrant la porte en grand, il nous introduisit dans un petit
vestibule.
    « Attendez ici, je vais informer Lady Eleanor de votre
arrivée. »
    Il se tourna sans plus attendre et repartit par le couloir
en emportant sa bougie, nous laissant dans la pénombre. J’observai Thomas, qui
passait d’une jambe sur l’autre avec nervosité et refusait de croiser mon
regard. Je me demandai dans quoi nous nous fourrions et cherchai sous ma cape
la présence rassurante du couteau de Humphrey.
    Le domestique finit par revenir, toujours sur la défensive,
comme si les déclarations de Thomas ne le convainquaient pas tout à fait.
    « Suivez-moi, nous dit-il courtoisement. Ils voudraient
vous voir un moment pour passer en revue les détails du voyage. »
    J’imaginais plutôt que Lady Eleanor avait appris qu’il y
avait deux hommes et qu’elle se méfiait. Mal à l’aise, je jetai un coup d’œil
en coin à Thomas ; une fois engagés dans le dédale de la demeure, nous
serions pris au piège. Le domestique, tenant haut sa bougie, nous conduisit le
long d’un couloir dallé, puis d’un corridor bien plus grand aux murs couverts
de boiseries, dans lequel abondaient les joncs odorants et où la lumière du
petit matin filtrait par des fenêtres basses. Nous marchâmes longtemps, le
corridor devait traverser la maison sur toute la longueur. Pour finir, il
bifurqua sur la droite et nous arrivâmes à une petite volée de marches en haut
de laquelle se trouvait une imposante porte en bois. L’homme frappa, quelqu’un
lui répondit à l’intérieur et il ouvrit en nous faisant signe d’avancer.
    Nous entrâmes dans une pièce haute de plafond qui reliait
les deux tours de l’entrée. Près des fenêtres se trouvait une femme d’environ
quarante ans, grande et élégamment vêtue d’une robe de satin rouge au corsage
brodé et à la jupe ample, les cheveux remontés en chignon. Derrière elle, une
porte fermée donnait sur la tour octogonale à notre droite tandis qu’une

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