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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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tuer. »
    Sophia secoua la tête avec frénésie, les lèvres
hermétiquement closes.
    « Arrête de t’entêter, Thomas, tu t’aveugles !
s’emporta-t-elle. Tu as toujours été comme ça ! Tu obéis à tes impulsions,
persuadé d’avoir raison. Mais tu te trompes du tout au tout cette fois, comme
j’ai déjà essayé de t’en convaincre. »
    Lady Tolling semblait perdre patience.
    « De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle. Qui sont ces
hommes ? Qui a l’intention de la tuer ?
    — Il se berce d’illusions, madame, trancha Sophia d’une
voix étranglée par l’émotion, il a l’esprit dérangé. Il ne sait pas ce qu’il
dit. »
    Thomas posa sur Lady Tolling un regard provocant, sans se
soucier de son rang. L’attitude de poltron dont j’avais été témoin à Oxford
semblait bien loin.
    « Votre prêtre, dit-il en détachant chaque syllabe
distinctement, le père Jerome Gilbert. »
    Sauf un soubresaut nerveux de la lèvre, Lady Tolling ne montra
pas la moindre réaction à cette double accusation, qu’elle hébergeait un prêtre
et que ce prêtre était porté sur le meurtre.
    « Eh bien, dans ce cas, demandons-le-lui »,
répondit-elle, flegmatique.
    Et elle traversa la pièce dans un froufrou de satin pour se
rendre dans la petite antichambre sur la droite, par où était entrée Sophia un
peu plus tôt. Nous entendîmes un bref échange de voix et elle revint presque
immédiatement, suivie par le jeune homme que j’avais connu sous le nom de
Gabriel Norris.
    Il était habillé comme à l’ordinaire d’un pourpoint de bonne
qualité et d’un haut-de-chausses noir coûteux, de belles bottes de cuir à
boucle d’argent, et ses cheveux blonds étaient ramenés en arrière sur son
crâne. Beau, plein d’assurance, il avait tout du fils de bonne famille ;
en le croisant en ville ou au collège, personne n’aurait pu le prendre pour un
missionnaire. Il nous regarda tous les trois, Thomas, Sophia et moi, d’un œil
attentif, puis hocha lentement la tête.
    « Bien, dit-il en levant les paumes en l’air, une
discussion s’impose. Lady Eleanor, avec tout mon respect, je dois vous demander
de nous laisser. Nous devons régler certaines choses entre vieux amis avant de
pouvoir envisager la suite des événements. »
    Lady Tolling semblait peu désireuse de renoncer à contrôler
un drame qui se déroulait sous son toit.
    « Votre sécurité, mon père… protesta-t-elle en nous
regardant, Thomas et moi. Ces hommes n’ont même pas été fouillés.
    — Je les connais, la rassura Norris. Tout se passera
bien. »
    Quand la porte se ferma derrière le domestique et elle,
Norris… ou Jerome, comme je devais apparemment m’habituer à l’appeler
désormais, posa sur moi ses yeux vert clair.
    « Docteur Bruno, commença-t-il en plissant le front, je
pensais…
    — Vous pensiez que Rowland Jenkes m’avait tué cette
nuit ?
    — Ma foi, oui. Même si je ne suis pas complètement
surpris que vous vous en soyez débarrassé. Je l’avais prévenu de ne pas vous
sous-estimer. Après tout, vous avez réussi à échapper à l’Inquisition. »
    Il esquissa un début de sourire, montrant ses dents
blanches.
    « Thomas et vous formez une ligue anticatholique
maintenant ? »
    Il s’interrompit un instant pour rire de sa propre
plaisanterie. Il était étonnamment détendu, eu égard aux circonstances, et,
n’ayant plus à incarner son flamboyant alter ego, il s’exprimait avec plus de
mesure et de maturité. Je me souvins de la réflexion de Humphrey
Pritchard : « Le père Jerome vous donne l’impression que vous êtes la
personne la plus singulière qu’il ait jamais rencontrée. »
    « Eh bien, reprit-il, vous connaissez maintenant la
vérité. Êtes-vous venu m’arrêter ?
    — Je suis venu parce que je croyais Sophia en
danger », dis-je en m’efforçant de lui retourner froidement son regard,
malgré l’étrange intensité de son expression.
    J’étais résolu à ne pas détourner les yeux le premier.
    « À cause de moi ? demanda-t-il, faisant mine de
juger l’idée absurde. Pourquoi voudrais-je du mal à Sophia, qui a été récemment
reçue grâce à mon ministère dans la véritable Église ?
    — Votre ministère  ? fit Thomas en sortant
de ses gonds. C’est ainsi que vous l’appelez ?
    — Elle porte votre enfant, affirmai-je.
    — Calomnie ! s’indigna Jerome.
    — Vous tenez cette information de Thomas ?
s’enquit Sophia, le rouge aux

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