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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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prison, on me torturera pour
que je trahisse mes amis. L’enfant mourra et je finirai par désirer la mort moi
aussi.
    — Ça n’arrivera pas, lui promis-je, ma voix résonnant
dans la cage d’escalier. Je vous aiderai, j’ai des amis.
    — Vous, Bruno ? »
    La voix moqueuse de Jerome flottait dans l’escalier.
    « Oh oui, vous avez des amis influents, je n’en doute
pas. Mais ils ne sont pas là et vous ne risquez pas de les voir voler à votre
secours, quoi que vous leur ayez dit. »
    Parvenus à l’étage de la grande pièce par laquelle nous
étions arrivés, l’homme me tira et attendit l’arrivée de Jerome. Sophia nous
suivait, livide et la robe en désordre. Elle m’adressa un bref regard empreint
de détresse.
    « Il faut l’attacher, ordonna le jésuite en me tenant
sous la menace d’un couteau. Allez chercher des cordes et un torchon pour le
bâillonner. En attendant, laissez-le ici avec moi. Il n’ira pas loin s’il
essaie de s’enfuir. »
    Le domestique me lâcha le bras en grognant, mais la douleur
m’empêchait pratiquement de le plier. Lorsqu’ils furent sortis, Jerome avança
vers moi, le couteau levé devant lui.
    « Venez, Bruno, je voudrais vous montrer quelque chose,
me dit-il en souriant presque. Ne rendez pas les choses encore plus difficiles
en essayant de vous enfuir, je vous en prie. Je serais obligé de vous faire du
mal et je n’en ai pas envie. »
    Il me fit signe d’avancer vers la porte d’en face, celle
derrière laquelle Sophia et lui étaient cachés à notre arrivée.
    Au lieu d’un escalier, je découvris une pièce lumineuse. Les
murs donnant sur l’extérieur étaient percés de grandes fenêtres et, outre la
porte par laquelle nous venions d’entrer, il y en avait une plus petite dans le
pan de mur orienté vers l’intérieur de la maison. Elle ouvrait sur un réduit
bas de plafond et éclairé par deux bougies, qui devait autrefois avoir servi de
latrines, mais était désormais vide. Au fond de cette pièce minuscule, j’aperçus
un recoin de la largeur d’une porte qui pouvait avoir abrité un autel par le
passé. Tendant le pied, Jerome appuya avec son talon sur le carreau de faïence
le plus éloigné et regarda une trappe dissimulée dans le sol pivoter en
silence, un levier en bois la soulevant sans effort. La trappe elle-même était
constituée de deux panneaux de chêne cloués ensemble, d’une trentaine de
centimètres d’épaisseur ; quand elle était en place, la faïence la rendait
complètement invisible et elle ne sonnait pas creux, si bien que la cache était
indétectable.
    « Bienvenue dans ma modeste demeure quand je suis loin
de chez moi. » Jerome me fit un signe avec son couteau. « Il n’y a
même pas cinq domestiques qui sont au courant de l’existence de cette cachette.
Elle est dissimulée dans la charpente même de la maison, il est impossible de
la trouver. Vous verrez qu’on y est étonnamment à l’aise.
    — C’est l’œuvre de maître Owen ?
    — Bravo, me félicita Jerome avec étonnement. Je vois
que vous avez beaucoup appris, Bruno. Mais je me demande surtout ce que vous
avez eu le temps de répéter.
    — Je ne vous comprends pas », répondis-je.
    Le prêtre fit claquer sa langue avec impatience, mais avant
qu’il ne reprenne la parole, on entendit des bruits de pas approcher. C’était
le domestique qui rapportait une corde et un chiffon. Mon estomac se noua.
    « Attachez-lui les mains, ordonna-t-il en me tenant
toujours sous la menace du couteau. Et serrez fort. Il passe par des trous de
souris, celui-là. Vous feriez mieux de ne pas résister, Bruno. »
    J’obtempérai. Après les événements de cette nuit, je n’avais
plus la force de me défendre. Mon épaule gauche était déjà mal en point après
le traitement qu’on m’avait infligé peu de temps auparavant, et j’avais
l’impression qu’elle ne m’obéissait presque plus. Je tendis les mains devant
moi et reconnus la sensation familière des entraves.
    « Donnez-moi la corde et filez, ordonna Jerome au
domestique en lui faisant signe de se dépêcher. Aidez les autres à cacher tout
signe de notre présence et préparez-vous à accueillir nos poursuivants. Je vais
terminer ici. Sophia, allez trouver Lady Eleanor, demandez-lui qu’elle nous
fasse seller des chevaux. Je vous accompagne à Abingdon, je connais des gens
là-bas qui pourront vous escorter jusqu’au bateau. Vous, dit-il en se tournant
vers moi et me

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