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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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mettait mal à l’aise.
    « Quant à Sophia, poursuivit-il en fourrant un autre
quartier dans sa bouche, elle est à présent sous la surveillance de son père.
Apparemment, ils l’ont libérée sous caution. »
    Il me jeta un long regard complice, dans lequel je lus aussi
de la désapprobation, puis il se lécha les doigts avec une lenteur délibérée.
    « En tout cas, je suis venu te dire qu’un messager est
arrivé pour toi. Le recteur Underhill t’invite à lui rendre visite à ses
appartements avant que de quitter Oxford.
    — J’y vais tout de suite », dis-je en me levant
doucement du lit.
    J’étais pressé de parler à Sophia, ne serait-ce que pour
m’assurer qu’elle confirmerait mon histoire à propos des lettres. Le fait
qu’elle avait été relâchée et placée sous la garde de son père suggérait
qu’elle n’avait pas protesté avec trop de véhémence de sa loyauté envers
Jerome, mais il se pouvait aussi qu’elle ait fait valoir sa grossesse. Comme
elle a dû me haïr, me dis-je, quand on lui a lié les mains et qu’on l’a
emmenée. Avant tout, je voulais lui demander de me pardonner, la convaincre
que je n’avais agi que pour son bien. Il y avait peu de chances qu’elle me
croie mais je ne voulais pas quitter Oxford sans que ces choses soient dites.
    « Je vais t’accompagner, m’annonça Sidney pendant que
je mettais mes braies et boutonnais ma chemise, avec une hâte telle que je fis tout
de travers et dus recommencer. Jenkes n’est peut-être pas loin et il a pu
demander à ses amis de faire en sorte que tu ne retournes pas à Londres pour y
raconter ce que tu sais. Jusqu’à notre départ demain, tu ne sors pas seul et
sans arme. »
    Je levai la tête tout en enfilant mes bottes.
    « J’aimerais quand même parler seul à seul avec le
recteur.
    — Ne t’inquiète pas, je ne compte pas m’immiscer dans
ton émouvante scène d’adieu. J’irai bavarder avec le gardien en attendant.
    — Cobbett ! » m’exclamai-je en me souvenant
que s’il n’avait pas eu le courage de désobéir, Sidney n’aurait jamais reçu mon
message et j’aurais probablement fini mort ou en prison, selon qui m’aurait mis
la main dessus en premier.
    Mortifié, je me tournai vers Sidney.
    « Je dois malheureusement te demander de m’avancer une
partie de la récompense promise par ton beau-père. Jenkes m’a volé ma bourse et
j’aimerais remercier Cobbett. C’est lui qui a dépêché le commis et qui t’a
envoyé à mon secours, non sans risque pour lui.
    — Eh bien, dans ce cas, nous verrons ce que la cave du
collège peut offrir à un homme aussi brave et loyal ! lança Sidney en
ouvrant la porte avec un sourire. Je n’aurais jamais cru dire ça, Bruno, mais
je ne vais pas regretter de laisser cette université derrière moi.
    — Moi non plus », répliquai-je.
    Soudain frappé d’une terrible mélancolie, je me souvins
qu’il n’y avait pas si longtemps je rêvais de me faire un nom à Oxford.
     
    Lorsque nous arrivâmes devant le portail de Lincoln College
avec une bouteille de vin d’Espagne que Sidney avait achetée à la cave de
Christ Church, nous ne vîmes pas trace de Cobbett dans la petite loge située à
l’entrée. À sa place, un homme au visage mince et aux cheveux bruns en désordre
nous examina d’un œil soupçonneux avant de remarquer la qualité des habits de
Sidney et de changer d’attitude.
    « Où est Cobbett ? » demandai-je plus
brusquement que je n’en avais eu l’intention.
    L’homme ne sembla pas apprécier le ton sur lequel je
m’adressais à lui.
    « Tout ce que je sais, c’est qu’il est suspendu. On dit
qu’il va prendre sa retraite. Qui vous venez voir ?
    — Le recteur Underhill. Il m’attend. Docteur
Bruno. »
    Sidney me donna une bourrade dans le dos, avec moins de
brutalité que d’ordinaire, toutefois.
    « Je crois que je vais aller boire un verre à la
taverne au coin de High Street. Retrouve-moi là-bas quand tu en auras terminé.
Et ne va nulle part sans me prévenir », ajouta-t-il d’un air sévère.
    Le nouveau gardien me lança un regard furieux puis me fit
signe de passer.
    « Vous le trouverez dans ses appartements »,
grogna-t-il en lorgnant sur la bouteille de vin.
    Je la coinçai sous mon bras et traversai la cour, m’arrêtant
à mi-parcours pour regarder derrière moi avec un frisson la fenêtre de ce qui
avait été la chambre de Gabriel Norris et Thomas Allen.
    En m’ouvrant la

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