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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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l’ignorer. Je me hâtai donc d’enfiler un
haut-de-chausses et une chemise, afin de découvrir l’origine de ce raffut et de
proposer mon aide, si elle pouvait être utile.
    Je descendis l’escalier jusqu’à la cour plongée dans
l’obscurité. Quelques lueurs perçaient derrière les gros nuages. La pluie avait
faibli et laissé derrière elle un voile de brume argenté qui m’empêchait de
distinguer l’horloge, de sorte que je dus avancer de quelques pas pour mieux
voir les aiguilles : presque cinq heures. Les épouvantables aboiements ne
cessaient pas et, par les autres escaliers autour de la cour, apparaissaient
dans la bruine les silhouettes de jeunes hommes, en haut-de-chausses et chemise
de nuit, les cheveux ébouriffés. Ils se réunissaient par petits groupes,
murmurant entre eux, sans savoir s’ils devaient approcher. Le bruit provenait
indubitablement du passage, côté est, qui menait aux appartements du recteur et
au jardin réservé aux professeurs que j’avais exploré la veille au soir.
Rassemblant mes esprits, j’allai en courant à la grille, où je trouvai deux
hommes qui étaient en train de tirer sur la poignée, sans résultat, et fouillaient
des yeux le brouillard qui avait envahi le jardin. À mon arrivée, ils
tournèrent vers moi des visages livides.
    « Messire, quelqu’un est enfermé là-dedans avec une
bête sauvage ! s’écria le plus grand des deux élèves. Je venais de me
lever pour faire ma toilette quand j’ai entendu ces cris, mais on ne voit rien
d’ici.
    — Nous n’avons pas la clé, dit l’autre d’une voix
désespérée. Seuls les professeurs l’ont, et la porte tient bon.
    — Dans ce cas, il faut réveiller quelqu’un qui peut
ouvrir cette grille, décidai-je tout en me demandant comment le recteur, dont
certaines fenêtres devaient donner sur le jardin, pouvait dormir malgré ce
tumulte. Vous devez savoir où se trouvent les chambres des uns et des autres.
Dépêchez-vous. Y a-t-il une autre entrée ?
    — Deux, messire, répondit le plus grand, terrifié,
tandis que son ami s’en allait précipitamment chercher de l’aide. Une deuxième
grille comme celle-ci de l’autre côté du réfectoire, près des cuisines, et un
portail qui donne sur Brasenose Lane, mais tout est fermé la nuit.
    — L’homme qui se trouve à l’intérieur est pourtant
entré », répliquai-je.
    Tout à coup, une voix étranglée se fit entendre :
    « Jésus-Christ, sauvez-moi ! Sainte Vierge,
venez-moi en aide ! »
    Un autre hurlement traversa le ciel, suivi par des appels à
l’aide étouffés, puis un grondement féroce et un bruit véritablement inhumain,
un gargouillis infâme qui sembla durer plusieurs minutes. Une petite foule
d’étudiants curieux et nerveux s’était formée derrière nous quand j’entendis
enfin la voix du recteur s’exclamer : « Laissez-moi passer, vous
dis-je ! »
    Son visage était encore bouffi de sommeil, il avait jeté un
manteau par-dessus sa robe de nuit et portait à la main un trousseau de clés.
Il sursauta en m’apercevant : « Oh, docteur Bruno. Que se
passe-t-il ? Qui est là, vous voyez quelque chose ? J’ai essayé de
regarder par mes fenêtres, mais la brume et les arbres m’empêchent de rien
distinguer.
    — Je ne vois rien, mais il semble qu’une bête sauvage
attaque quelqu’un dans le jardin. Il faut lui venir en aide, et
vite ! »
    Le recteur me dévisagea comme si je lui avais annoncé qu’un
troupeau de vaches avait fait irruption dans le collège, puis il se reprit et
s’approcha de la grille avec les clés. Mais subitement, il suspendit son geste
et se retourna vers moi, le visage empli de terreur. Les grognements et les
aboiements abominables continuaient là-dedans, les sons humains quant à eux
s’étaient tus. Je craignais le pire.
    « Mais… mais alors ce serait une folie d’entrer sans
arme, s’il y a un chien sauvage qui rôde ! bafouilla le recteur. Il faut
le tuer. Que quelqu’un aille chercher le constable, ou un sergent d’armes,
qu’ils apportent une arbalète. L’un de vous, vite ! lança-t-il à
l’assemblée de garçons à demi nus qui se tenaient dans le passage, yeux
écarquillés, mâchoire pendante. Allez prévenir le constable,
immédiatement ! »
    Ils échangèrent des regards avant que deux d’entre eux
détalent au pas de course en direction de la cour.
    « Ne pourrions-nous trouver un tisonnier ou un bâton,
n’importe quoi ? Nous devons

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