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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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pour un homme d’Oxford, répondit le recteur en baissant d’un ton.
Maintenant, s’il vous plaît, dépêchez-vous d’aller vous changer. Si ça
s’apprend, nous aurons tous deux des problèmes et comment
expliquerai-je… »
    Il s’interrompit, contempla les deux cadavres d’un air
désespéré, et je constatai que ses mains tremblaient violemment. Je le
soupçonnai d’être en état de choc.
    Gabriel Norris me dévisagea un instant, comme s’il
rechignait à quitter la scène de son acte héroïque, puis, se ravisant, il
ramassa avec une certaine hâte son arc avant de s’éloigner.
    « Maître Norris ! » l’appela le recteur.
    Le jeune homme se retourna, une expression de défi peinte
sur le visage.
    « Oui, recteur ?
    — Un arc ? Au nom de tous les saints, pourquoi
avez-vous un arc et des flèches au sein du collège ?
    — Mon père me les a laissés, dit Norris en haussant les
épaules. C’est un souvenir. En outre, j’ai un permis qui m’autorise à pratiquer
la chasse.
    — En revanche, il n’est pas permis de détenir un
arc au collège.
    — Si je ne l’avais pas eu, vous auriez dû affronter ce
chien à mains nues, rétorqua sèchement Norris. Mais je ne m’attends pas que
vous me remerciiez.
    — Néanmoins, maître Norris, j’insiste pour que vous le
déposiez dans la tour, où nous le garderons à l’abri. Demandez à maître
Slythurst ou au docteur Coverdale de le mettre sous clé. Dès aujourd’hui, s’il
vous plaît ! » ajouta-t-il tandis que Norris disparaissait par la
grille ouverte.
    Le recteur prit une profonde inspiration et ses jambes
flageolantes semblèrent sur le point de le lâcher. Je lui offris mon bras,
qu’il accepta avec reconnaissance.
    « Recteur Underhill, dis-je doucement en montrant le
corps de Roger, un homme est mort dans un accident horrible. Nous devons
essayer de comprendre comment cela a pu arriver. Si, bien sûr, il s’agit d’un
accident », ajoutai-je, car plus je cherchais une explication, plus les
circonstances me troublaient.
    Le recteur chancela alors et faillit s’écrouler contre moi.
Il était blême.
    « Mon Dieu, vous avez raison, Bruno. La nouvelle ne va
pas tarder à se répandre. Mais comment l’expliquer ? À moins que… »
    Je lisais de la terreur sur son visage et je me sentais
navré pour lui. Son petit royaume calme et ordonné avait été bouleversé en un clin
d’œil.
    « Eh bien, commençons par rechercher les causes les
plus probables, raisonnai-je. S’il n’y a pas de chien dans l’enceinte du
collège hormis celui du gardien, celui-là a dû venir de l’extérieur, sans doute
par ce portail.
    — Oui, oui, c’est cela, un chien errant, qui aura
pénétré par le portail. »
    Le recteur s’accrochait désespérément à cette suggestion.
Mercer avait été massacré à quelques mètres seulement du portail en bois qui
donnait sur une ruelle à l’arrière du collège. Mais quand j’en tournai la
poignée, je m’aperçus qu’elle était verrouillée. Le recteur semblait paralysé
par la vision du chien de chasse et de sa proie. J’aperçus soudain un bout de
tissu noir accroché à une brique, sur le mur du fond. À cet endroit, l’herbe
était piétinée, on voyait des empreintes de pas et de pattes, et le sang de
Mercer s’était répandu en abondance.
    « On dirait que le pauvre homme a tenté d’escalader le
mur, dis-je à mi-voix. Voilà qui explique ses jambes lacérées. Mais le mur fait
deux fois la taille d’un homme. Pourquoi ne pas s’être précipité vers le
portail pour s’enfuir ? À moins que le chien ne se soit trouvé entre le
portail et lui, ce qui veut dire qu’il est arrivé par l’extérieur. Et dans ce
cas, comment le verrou pourrait-il être tourné ? »
    Je jetai un coup d’œil au recteur, toujours immobile, puis
me précipitai jusqu’à la deuxième grille menant à l’intérieur du collège, via
un passage entre la grande salle et les cuisines. Celle-là aussi était fermée.
Comment ce chien était-il entré dans le jardin ? Et Roger Mercer ?
    Je retournai auprès des deux cadavres. L’évidence des faits
commençait à m’apparaître.
    « Se peut-il que quelqu’un ait lâché le chien
délibérément ? »
    J’avis à peine eu conscience de parler à voix haute. Le
recteur, abasourdi, se tourna vers moi.
    « Pour faire une farce, vous voulez dire ?
    — Je ne crois pas. Celui qui a libéré un chien de
chasse à demi affamé ne

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