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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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sentis alors quelque chose dans ma poche et
m’aperçus que j’avais toujours les clés trouvées sur le corps de Mercer.
J’avais dû les y glisser sans y penser.
    Je retournai le trousseau dans ma paume. La plus petite,
supposai-je, devait ouvrir la porte de la chambre de Mercer, puisqu’elle
faisait la même taille que la mienne. Je regardai autour de moi, dans la cour.
Des livres à la main, les étudiants commençaient à se disperser. Certains se
dirigeaient vers l’escalier menant à la bibliothèque, dans le bâtiment nord,
d’autres vers l’entrée principale. Personne ne prêtait attention à moi. J’examinai
la clé de Roger. Sa chambre recelait-elle quelque indication concernant l’homme
qu’il pensait retrouver dans le jardin, et les raisons pour lesquelles il avait
emporté de l’argent ? Je pouvais y jeter un coup d’œil tout de suite,
pendant que les étudiants étaient occupés, et rendre la clé au recteur plus
tard en disant, ce qui était vrai, que je l’avais emportée par inadvertance.
    Roger Mercer avait mentionné le fait qu’il vivait dans la
tour au-dessus de l’entrée principale. Je levai les yeux vers les fenêtres
cintrées du premier étage, supposant que ce devait être le bon endroit, puis
d’un pas confiant je m’engageai dans le premier et sombre escalier du bâtiment
ouest, qui semblait monter dans la tour.
    Au premier étage, je tombai sur une porte basse en bois. Sur
un panneau était peinte l’inscription DOCTEUR
R. MERCER, SOUS-RECTEUR . Après avoir vérifié que j’étais seul,
j’essayai la clé dans la serrure. Elle tourna sans difficulté et je me glissai
discrètement dans la chambre que Mercer avait quittée deux heures plus tôt sans
imaginer qu’il n’y reviendrait jamais. L’espace d’un instant, je crus percevoir
de légers bruits de pas au-dessus de moi. Je tendis l’oreille, immobile, mais
n’entendis aucune porte s’ouvrir ou se fermer, ni aucun autre son.
    Je n’avais pas anticipé le spectacle qui s’offrit à moi
lorsque je refermai lentement la porte. La chambre était sens dessus
dessous : livres, papiers et cartes jetés à bas des étagères, éparpillés
sans attention pour leur contenu, vêtements sortis des armoires et dispersés à
travers la pièce. Un épais tapis, qui avait dû couvrir le sol, était en bouchon
dans un coin, et des empreintes dans la poussière indiquaient que l’on avait
tenté de déloger une latte du plancher. Soit Roger était parti à la hâte après
avoir mis sa chambre à sac, soit quelqu’un était venu avant moi chercher
quelque chose en lien avec sa mort.
    La pièce était vaste, avec un haut plafond, et elle
s’étirait sur toute la longueur du bâtiment. Ses étroites fenêtres donnaient
d’un côté sur la cour, de l’autre sur la rue. De ce dernier côté se trouvait
une imposante cheminée en brique, et face à elle une grande table de travail en
chêne aux pieds gracieusement sculptés. À l’autre bout, trois marches menaient
à une porte, ouverte. Les mains moites, je retins mon souffle en guettant un
bruit qui ne fût pas celui de mon sang battant à mes tempes. Peut-être les pas
de tout à l’heure ne venaient-ils pas de l’étage supérieur. Et si je n’étais
pas seul ? Tout doucement, tel un chat, j’attrapai ce qui ressemblait le
plus à une arme dans le bureau, un tisonnier en fer que je pris à deux mains en
même temps que mon courage, avant d’avancer, crispé de tout mon être. J’entrai
en brandissant le tisonnier mais la petite pièce, située à l’intérieur de la
tour elle-même, ne contenait rien de plus qu’un lit, un lave-mains et une
lourde armoire en chêne aux portes ouvragées.
    Cette chambre n’avait pas été épargnée par la fouille :
on avait arraché les draps du lit et une carafe en porcelaine tombée du
lave-mains et réduite en miettes avait déversé son eau, comme en témoignait la
tache humide sur le sol couvert de jonc. En m’approchant, je m’aperçus que la
paillasse avait été tailladée au couteau, et son rembourrage répandu sur le
lit. Dans le coin de cette pièce carrée, il y avait une petite porte. J’en
tournai la poignée mais elle était fermée à clé, bien que le coup que je donnai
contre le bois rendît un son creux. D’après l’écho et le courant d’air qui
s’insinuait par le jour en bas, elle devait ouvrir sur l’escalier menant à
l’étage supérieur. Raffermissant ma prise sur le tisonnier, je

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