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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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retirer et lécher mes blessures. Je te
promets que, dès demain, je serai d’aplomb pour l’aventure que tu
voudras. »
    Il parut déçu, mais hocha la tête d’un air compréhensif.
    « J’ai ta parole. D’ailleurs, le palatin a la lubie
d’organiser une partie de chasse avec des fauconniers en forêt de Shotover si
la pluie cesse, et bien sûr je dois me joindre à lui. Mais je ne crois pas que
je pourrai l’endurer si tu n’es pas de la partie.
    — Je verrai comment je me sens. Pourquoi n’emmènes-tu
pas ton nouvel ami, Gabriel Norris ?
    — Oh, je l’ai invité, mais il a déjà un engagement, me
répondit Sidney sans percevoir la pique. Non pas que ça me désole, ce hâbleur
va rentrer chez lui avec la moitié de ma bourse. Rappelle-moi de ne jamais
rejouer aux cartes avec lui.
    — Bon, je t’accompagnerai si je me sens reposé »,
promis-je.
    Norris avait suggéré que le lévrier avait pu venir de la
forêt de Shotover. Je n’étais pas chasseur, mais cela me donnerait l’occasion
de vérifier s’il pouvait y avoir un lien. Sidney me serra la main, me donna une
autre grande tape dans les épaules, manière anglaise d’afficher les amitiés
viriles, et me laissa rentrer seul en tramant des pieds au collège.
    «  Dio fulmini questi Inglesi ! m’écriai-je
au coin de Brasenose Lane en donnant un coup de pied furieux à une pierre. Si
comportano come cani di strada  – non, ils sont pires que des chiens !
Y a-t-il jamais eu race plus arrogante, plus étroite d’esprit et plus pétrie de
certitudes que les hommes de cette misérable île ? Ils ne sont pas plus
capables de considérer de nouvelles philosophies ou de nouvelles sciences que
d’imaginer manger de la nourriture savoureuse ! Ça doit être cette pluie
incessante qui leur lessive le cerveau. Railler un homme non à cause de ce
qu’il dit, mais parce qu’il a eu la bonne fortune de naître par-delà ces
tristes rivages ! Et comment osent-ils se moquer de mon accent ? D’où
croient-ils que vient la langue latine en premier lieu ! Asini
pedanti ! »
    Je jurai librement dans cette veine, en italien, pendant
tout mon retour à Lincoln College, ce qui me permit d’évacuer une partie de ma
colère. Fort heureusement, je ne croisai personne, car j’aurais effrayé
n’importe quel passant.
    Je poussai la porte le cœur lourd et m’arrêtai à la loge de
Cobbett afin de lui emprunter une lanterne pour ma chambre. Le vieux gardien
somnolait tranquillement dans son fauteuil, un pot de bière sur la table, la
tête de la chienne posée sur les genoux. Je me raclai la gorge, il se réveilla
en sursaut et épousseta ses vêtements du plat de la main.
    « Oh, pardonnez-moi, docteur Bruno, j’vous ai pas
entendu entrer. J’étais perdu dans mes pensées. »
    Il me fit un clin d’œil et je m’efforçai de lui sourire.
    « Bonsoir, Cobbett. Puis-je vous demander une
lanterne ?
    — Bien entendu, messire. »
    Cobbett leva sa grande carcasse avec effort et se dirigea à petits
pas vers l’un des placards en bois alignés contre le mur.
    « Vous revenez tôt, messire, si j’peux me permettre.
J’croyais qu’il devait y avoir une grande soirée à Christ Church ce soir, en
l’honneur du Polonais.
    — Je suis épuisé », répondis-je en cherchant à
éviter un interrogatoire à propos de la disputation.
    Cobbett hocha la tête d’un air compréhensif.
    « Rien d’surprenant, avec tout c’qui s’est passé ce
matin. Pourvu qu’on puisse tous dormir à poings fermés dans nos lits c’te
nuit ! »
    Il ouvrit le panneau de verre pour allumer la mèche.
    « C’est drôle, l’docteur Coverdale est rentré tôt lui
aussi. Il était pressé comme je ne sais quoi. J’l’ai vu entrer en trombe et
j’me suis dit, les palabres ont dû s’terminer vite ce soir. En général, y
peuvent plus s’arrêter de parler une fois qu’ils ont goûté au son de leur
propre voix, avec tout mon respect, messire. Mais ensuite comme personne a
suivi, j’me suis dit qu’il devait avoir des affaires à s’occuper.
    — J’ai peur que le docteur Coverdale ne doive pencher son
attention sur des affaires plus intéressantes que mes pauvres discours,
répondis-je en laissant éclater mon amertume.
    — Eh bien, j’espère que l’bon Dieu vous laissera vous
reposer tranquillement ce soir, messire, dit Cobbett en me tendant la lanterne
dont la flamme tremblotait. J’suppose que vous resterez avec nous

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