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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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la superstition, hmmm ?
    Son ton était sec mais amusé.
    Roger s’assit sur ses talons et la regarda travailler. A présent que ses yeux s’étaient accoutumés à l’obscurité, il distinguait bien sa silhouette, même si les détails de son visage restaient cachés. Elle poursuivit sa cueillette encore un moment, puis s’assit à son tour et s’étira. Il entendit ses os craquer.
    — Je l’ai vu un jour, tu sais.
    Sa voix était étouffée. Elle venait de se tourner, cherchant quelque chose sous les branches lourdes d’un rhododendron.
    — Vu qui ?
    — Le roi.
    Elle avait trouvé. Il entendit un bruissement de feuilles suivi du craquement d’une tige.
    — Il est venu à l’hôpital de Pembroke pour rendre visite aux soldats. Il nous a parlé à tous séparément, aux infirmières et aux médecins. C’était un homme calme, très digne mais chaleureux. Je ne saurais te répéter ce qu’il a dit mais rien que le fait qu’il soit là était… incroyablement stimulant.
    — Mmphm…
    Etait-ce l’approche de la guerre qui lui faisait penser à cette époque ?
    — Un journaliste a demandé à la reine si elle comptait envoyer les enfants à l’abri à la campagne. C’était ce que faisaient la plupart des gens.
    — Je sais.
    Roger revit soudain deux enfants, un garçon et une fille, silencieux et les traits tirés, blottis l’un contre l’autre devant une cheminée qu’il connaissait bien.
    — Nous en avons accueilli deux, chez nous à Inverness, déclara-t-il. C’est drôle, je les avais oubliés jusqu’à aujourd’hui.
    Elle ne lui prêta pas attention et continua :
    — Elle a répondu… Je ne me souviens pas exactement de ses mots mais cela revenait plus ou moins à cela : « Les enfants ne peuvent pas se séparer de moi, je ne peux pas me séparer du roi et, naturellement, le roi ne peut pas partir. » Quand ton père a-t-il été tué, Roger ?
    Il fut pris de court. L’espace d’un instant, sa question lui parut tellement incongrue qu’il ne fut pas sûr de l’avoir comprise.
    — Pardon ? Ah, en octobre 1941. Je ne me souviens pas du jour exact. Oh, si ! Le révérend l’avait inscrit dans son arbre généalogique. Le 31 octobre 1941. Pourquoi ?
    Qu’est-ce qui lui prenait ?
    — Tu m’as bien dit qu’il avait été abattu en Allemagne ?
    — Au-dessus de la Manche alors qu’il volait vers l’Allemagne. Enfin, c’est ce qu’on m’a dit.
    — Tu te souviens qui te l’a dit ?
    — Le révérend, sans doute. A moins que ce soit ma mère.
    L’effet de surprise s’estompant, il commençait à être agacé.
    — Quelle importance ?
    — Ça n’en a peut-être pas. Quand on t’a rencontré la première fois, Frank et moi, à Inverness, le révérend nous a raconté que ton père avait été abattu au-dessus de la Manche.
    — Ah bon ? Et…
    Son impatience transparaissait dans son ton et un petit bruit qui n’était pas tout à fait un rire s’éleva parmi les rhododendrons.
    — Tu as raison, ça n’a pas d’importance. Mais le révérend et toi avez bien dit qu’il pilotait un Spitfire, non ?
    — En effet.
    Sans vraiment savoir pourquoi, Roger ressentit un certain malaise, comme s’il y avait une présence derrière lui. Il toussota, une excuse pour se retourner, mais ne vit rien que la forêt obscure. Il reprit, légèrement sur la défensive :
    — J’en suis sûr. Ma mère avait une photo de lui dans son avion. Il s’appelait Rag Doll et il y avait une poupée de chiffon avec une robe rouge et des boucles noires peinte sur le nez de l’appareil.
    Il était bien placé pour le savoir. Il avait dormi avec cette photo sous son oreiller pendant des années après la mort de sa mère. Le portrait en studio de cette dernière était trop grand et il avait craint qu’on remarque son absence s’il le subtilisait.
    — Rag Doll , répéta-t-il comme s’il venait de réaliser quelque chose.
    — Quoi ? Qu’y a-t-il ?
    Il agita une main, mal à l’aise.
    — Rien. C’est juste que… je viens de me rendre compte que « Rag Doll » était probablement le surnom que mon père avait donné à ma mère. J’ai lu quelques-unes des lettres qu’il lui avait envoyées ; il l’appelait Dolly. Ce n’est que maintenant, en repensant aux boucles noires et au portrait de ma mère que… Mandy. Mandy a les cheveux de ma mère.
    — Ah, tant mieux, dit Claire d’un ton pince-sans-rire. Je suis soulagée de savoir que je n’en suis pas entièrement responsable. Tu le lui

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