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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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diras quand elle sera plus grande, hein ? Les filles qui ont les cheveux très bouclés se trouvent affreuses, surtout à l’adolescence quand elles veulent ressembler à tout le monde.
    Il perçut la petite note de tristesse dans sa voix et tendit la main vers elle, oubliant qu’elle tenait toujours une plante.
    — Je le lui dirai, promit-il doucement. Je lui raconterai tout. Ne croyez surtout pas que nous laisserons les enfants vous oublier.
    Elle serra sa main, fort, faisant tomber de petites fleurs blanches odorantes dans le creux de sa jupe.
    — Merci.
    Il l’entendit renifler puis elle s’essuya les yeux de sa main libre.
    — Merci, répéta-t-elle un peu plus fermement.
    Elle se redressa et ajouta :
    — Il est important de se souvenir. Si je n’en étais pas convaincue, je ne te le dirais pas.
    — Me dire quoi ?
    Ses mains, petites, froides et sentant le médicament, se refermèrent sur les siennes.
    — Je ne sais pas ce qui est arrivé à ton père, mais ce n’est pas ce qu’on t’a raconté.

    — J’étais là , Roger, répéta-t-elle patiemment. J’ai lu les journaux, je soignais des pilotes, je leur parlais, j’ai vu les avions. Les Spitfire étaient petits et légers, conçus pour la défense. Ils n’ont jamais traversé la Manche. Ils n’avaient pas suffisamment de portée pour faire l’aller et retour entre l’Angleterre et le continent, même si on en a envoyé certains plus tard.
    — Mais…
    Il s’interrompit, à court d’arguments pour la réfuter. Ses poils s’étaient hérissés sur ses avant-bras. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle reprit :
    — Naturellement, il y a toutes sortes d’explications. Les récits s’embrouillent avec le temps et la distance. Celui qui a informé ta mère peut s’être trompé ; le révérend l’a peut-être mal comprise quand elle lui a rapporté les faits. Tout est possible. Pendant la guerre, Frank m’écrivait le plus souvent possible, jusqu’à ce qu’il soit recruté par le service des renseignements généraux. Dans une de ses lettres, il a mentionnéqu’il était tombé sur une information étrange dans un des rapports qu’il traitait. Un Spitfire s’était écrasé en Northumbria. Il n’avait pas été abattu et ils ont supposé qu’il s’agissait d’une panne de moteur. Par miracle, il n’avait pas explosé mais il n’y avait aucune trace du pilote. Je me souviens qu’il m’avait donné le nom de celui-ci, Jeremiah, parce qu’il trouvait que c’était un prénom prédestiné à la tragédie.
    — Jerry, murmura Roger. Ma mère l’appelait Jerry.
    — Or, il y a des cercles de menhirs éparpillés un peu partout en Northumbria.
    — Près de l’endroit où l’avion… ?
    — Je ne sais pas.
    Il ferma les yeux et inspira longuement. L’air était chargé de l’odeur des tiges cassées. Il demanda d’une voix très calme :
    — Vous me dites ça à présent parce que nous rentrons ?
    — Cela fait des semaines que je m’interroge à ce sujet, répondit-elle sur un ton d’excuse. Je me penche rarement sur le passé mais, ces derniers mois, avec tout ce qui nous arrive…
    Elle fit un geste qui englobait leur départ imminent et les discussions intenses qui en résultaient.
    — Je pensais à la guerre et j’essayais de la décrire à Jamie.
    Jamie lui avait posé des questions sur Frank, voulant savoir quel rôle il avait joué durant le conflit.
    — Frank l’intrigue, ajouta-t-elle brusquement.
    — Je le serais aussi, à sa place. Et Frank, il n’était pas curieux à son sujet ?
    Cette question sembla la troubler et elle ne répondit pas, préférant remettre la conversation sur ses rails.
    — Quoi qu’il en soit, cela m’a fait penser aux lettres de Frank. J’essayais de me souvenir de quoi il me parlait quand cette phrase m’est brusquement revenue en mémoire… celle à propos du prénom Jeremiah et son côté maudit. Je n’étais pas sûre… mais j’en ai parlé à Jamie qui m’a dit qu’il fallait que je te le dise. Il pense que tu as le droit de savoir et qu’armé de cette vérité tu sauras ce qu’il faut faire.
    — Je suis flatté.
    Il était plutôt flapi.

    Les étoiles commençaient à poindre haut au-dessus des collines. Elles n’étaient pas aussi brillantes que celles de Fraser’s Ridge où la nuit était semblable à un grand drap de velours noir. Ils étaient retournés vers la maison mais s’attardaient dans la cour.
    — J’y réfléchis de temps en

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