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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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légèrement contusionné et hautement indigné mais, cela mis à part, indemne, ce pour quoi je remercie le ciel et saint Dismas (le patron personnel de Fergus).
    J’ai pressé M. Hall de questions mais n’ai pu en apprendre beaucoup plus. Selon lui, l’opinion publique est divisée. Nombreux sont ceux qui voient là une tentative de déportation fomentée par les Fils de la liberté. Certains membres des Fils le démentent formellement, affirmant qu’il s’agit d’un coup des loyalistes, furieux que Fergus ait publié un discours particulièrement incendiaire de Patrick Henry. Selon ces derniers, l’enlèvement était un prélude au goudron et aux plumes. Apparemment, Fergus est si bien parvenu à ne pas prendre publiquement parti dans le conflit que les deux camps lui en veulent pareillement et ont décidé de saper son influence.
    Tout cela est fort possible mais la présence et le comportement de M. Beauchamp me suggèrent une troisième explication tout aussi plausible. Bien que Fergus n’ait pas daigné le rencontrer, il n’aurait pas été bien difficile à ce monsieur, en posant quelques questions, d’apprendre qu’il était français en dépit de son épouse et de son nom écossais. La plupart des habitants de New Bern le savent.
    J’avoue ne pas comprendre pourquoi Beauchamp souhaiterait enlever Fergus plutôt que de le rencontrer directement et lui demander s’il est bien la personne qu’il recherche. Il ne lui veut probablement pas de mal dans l’immédiat car, dans ce cas, il auraitaisément pu le faire assassiner. De nos jours, la colonie abonde en individus sans attaches peu recommandables.
    L’affaire est préoccupante mais, dans la situation abjecte dans laquelle je me trouve actuellement, je ne peux pas faire grand-chose. J’ai écrit à Fergus (sous prétexte de demande de précisions sur l’impression d’un texte) pour lui faire savoir que j’avais déposé une certaine somme chez un orfèvre de Wilmington afin qu’il s’en serve en cas de besoin. J’avais déjà discuté avec lui des risques de sa position, sans savoir à l’époque à quel point elle pouvait être dangereuse. Il avait reconnu qu’il serait peut-être préférable d’emmener sa famille dans une ville où l’opinion publique se rapprochait davantage de ses convictions. Ce dernier incident pourrait le convaincre d’agir dans ce sens, d’autant plus que nous ne serons plus dans les parages.
    Il dut s’interrompre à nouveau, pris d’une douleur dans la main et le poignet. Il étira ses doigts et étouffa un gémissement en sentant une décharge électrique partir du bout de son index et remonter jusque dans son avant-bras.
    Il était plus qu’inquiet pour Fergus et sa famille. Si Beauchamp avait tenté le coup une fois, il recommencerait. Mais pourquoi ?
    Que Fergus soit français n’était peut-être pas la preuve indéniable qu’il était bien le Claudel Fraser que Beauchamp recherchait. Voulait-il donc s’en assurer en privé, usant de tous les moyens pour le faire parler ? Possible, mais cela impliquait une détermination froide qui angoissait Jamie plus qu’il n’avait voulu le dire dans sa lettre.
    En outre, en toute sincérité, il devait admettre que l’idée d’une attaque commanditée par des personnes aux sensibilités politiques froissées était une possibilité, sans doute même plus probable que les noirs desseins de M. Beauchamp, une vision toute romantique et théorique.
    — Mais je n’ai pas vécu si longtemps sans avoir appris à flairer anguille sous roche, marmonna-t-il en se massant la main.
    — Mais, bon sang, tu as perdu la tête ! s’exclama une voix féminine exaspérée. Ta main !
    Sa figure de proue venait d’apparaître devant lui, le front barré d’un pli soucieux.
    — Quoi ? Mes doigts y sont toujours attachés, non ?
    — Pour ça, c’est sûr ! On dirait un nœud gordien !
    Elle s’agenouilla devant lui, lui prit la main et la massa avec une énergie sans doute salutaire mais si douloureuse que les larmes lui montèrent aux yeux. Il les ferma et respira lentement en serrant les dents.
    Elle le réprimanda pour avoir trop écrit. Après tout, il n’y avait pas d’urgence.
    — Il nous faudra des jours avant d’atteindre le Connecticut, puis des mois pour arriver en Ecosse. Rien qu’en écrivant une phrase par jour, tu aurais le temps de recopier l’intégralité du Livre des psaumes !
    — C’était bien mon intention.
    Elle marmotta quelque

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