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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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et ininterrompu. Non, pas de lésions au cœur ni à ses valvules.
    Mon tube digestif, resté noué sous mon diaphragme durant des heures, se détendit avec un gargouillis reconnaissant. Une sensation de bien-être m’envahit, se répandant ainsi que du miel chaud dans mes membres et ma colonne vertébrale.
    Une voix toute proche déclara :
    — Je ne sais pas ce que tu es en train de faire, Sassenach , mais tu as l’air très satisfaite.
    Je rouvris les yeux et me redressai. Jamie descendit prudemment l’échelle et s’assit à mes côtés. Il était très pâle et paraissait épuisé. Il me sourit légèrement et je constatai que son regard était clair. Mon cœur, solide et fiable ainsi que je venais de le vérifier, se réchauffa et fondit comme du beurre.
    — Comment tu te…
    Il m’arrêta d’un geste.
    — Ça va.
    Il baissa les yeux vers la paillasse de Stebbings.
    — Il dort ?
    — Je l’espère. Et tu devrais faire pareil. Laisse-moi t’examiner puis tu pourras t’allonger.
    Il écarta délicatement le linge taché de sang glissé sous sa chemise.
    — Ce n’est rien de grave mais je suppose qu’une ou deux sutures ne seraient pas de trop.
    Compte tenu de sa tendance à minimiser ses maux, je m’attendais à trouver une énorme plaie béante. Quoi qu’il en soit, elle serait toujours plus accessible que la blessure de l’un des marins du Pitt que j’avais soigné un peu plus tôt. Il avait reçu une balle de mitraille juste derrière le scrotum. Elle avait dû rebondir sur une surface dure avant de l’atteindre dans cet endroit embarrassant car elle n’avait pas pénétré profondément et était aussi plate qu’une pièce de monnaie quand je l’avais extirpée. Je la lui avais donnée en guise de souvenir.
    Avant de partir, Abram m’avait apporté une casserole d’eau bouillie. J’y trempai un doigt et constatai avec satisfaction qu’elle était encore chaude.
    J’indiquai les bouteilles posées sur le coffre.
    — Tu veux un peu de cognac ou de vin avant que l’on commence ?
    Il sourit et saisit la bouteille de meursault.
    — Laisse-moi conserver l’illusion de la civilisation encore un petit moment.
    — Oh, je crois que c’est un vin tout ce qu’il y a de plus civilisé. Malheureusement, je n’ai pas de tire-bouchon.
    Il lut l’étiquette et arqua des sourcils impressionnés.
    — Peu importe, tu as quelque chose dans quoi le verser ?
    — Là.
    Je sortis un élégant coffret en bois de son nid de paille à l’intérieur d’une caisse et l’ouvris d’un air triomphant. Il contenait un service à thé en porcelaine, avec un liséré d’or et décoré de minuscules tortues rouges et bleues nageant dans une forêt de chrysanthèmes dorés.
    Jamie se mit à rire (à peine un filet d’air mais c’était bien un rire) puis entailla le goulot avec son coutelas avant de le briser net contre le bord d’un tonneau. Il versa délicatement le vin dans les deux tasses que j’avais préparées, admirant les tortues.
    — Les petites bleues me rappellent M. Willoughby, pas toi ?
    Je me mis à rire à mon tour puis lançai un regard coupable vers les pieds de Stebbings, la seule partie visible de son corps.Je lui avais retiré ses bottes et l’extrémité de ses bas crasseux pendait comiquement au bout de ses orteils. Toutefois, ces derniers ne bougèrent pas et la respiration laborieuse se poursuivit normalement.
    Cela faisait des années que je n’avais pas pensé à M. Willoughby. Je levai ma tasse pour lui porter un toast.
    — Aux amis absents !
    Jamie répondit brièvement en chinois et trinqua avec moi.
    — Tu te souviens encore de ton chinois ? demandai-je, intriguée.
    — Non, pas beaucoup. Je n’ai pas eu souvent l’occasion de le parler depuis la dernière fois que je l’ai vu.
    Il huma le bouquet du vin en fermant les yeux avant d’ajouter :
    — Il me semble que c’était il y a très longtemps.
    — Très longtemps et très loin, convins-je.
    Le vin sentait les amandes et la pomme. Il était sec mais une fois en bouche donnait une sensation de plénitude qui s’accrochait au palais. C’était en Jamaïque, précisément, et il y avait de cela plus de dix ans.
    — C’est fou ce que le temps file quand on s’amuse, déclarai-je. Tu crois qu’il vit toujours, Willoughby ?
    — Oui. Un homme qui a échappé à l’empereur de Chine et a parcouru la moitié du monde en bateau pour sauver sa peau est forcément un dur à cuire.
    Il ne semblait pas

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