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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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robuste et plus gros, le raccordai à mon bouchon de fortune puis, m’agenouillant devant Jamie, achevai de le recoudre.
    J’avais la tête parfaitement claire, de cette manière étrangement irréelle que seul un épuisement total peut produire. J’avais fait ce qu’il y avait à faire mais je savais que je ne pourrais rester debout beaucoup plus longtemps. Histoire de nous occuper l’esprit à tous deux, je demandai à Jamie tout en enfonçant l’aguille :
    — Au fait, qu’avait à dire le capitaine Hickman ?
    — Pas mal de choses, comme tu peux l’imaginer.
    Il grimaça et fixa son regard sur une impressionnante carapace de tortue coincée entre les caisses.
    — Au-delà d’opinions purement personnelles exprimées dans un langage particulièrement ordurier, il m’a appris que nous allions remonter l’Hudson pour nous rendre à Fort Ticonderoga.
    — Nous… Où ça ?
    — C’est là-bas qu’il se rendait avant de croiser notre chemin et c’est là-bas qu’il a toujours l’intention de se rendre. C’est un monsieur aux idées très arrêtées.
    Un grognement sonore s’éleva derrière la caisse de thé.
    — Oui, c’est ce qu’il m’avait semblé comprendre.
    Je nouai la dernière suture et coupai le fil avec mon couteau.
    — Tu n’as pas pu le convaincre de nous déposer à terre ?
    Jamie approcha la main de sa plaie pour gratter les sutures qui le démangeaient. Je l’écartai aussitôt.
    — C’est que… il y a quelques complications, Sassenach .
    Je me relevai en me tenant les reins.
    — Aïe ! Quel genre de complications ? Tu veux un peu de thé ?
    — Uniquement s’il y a beaucoup de whisky dedans.
    Il s’adossa au tonneau en fermant les yeux. Ses joues avaient retrouvé un peu de couleurs bien que son front fût moite de transpiration.
    — Du cognac, ça t’ira ?
    J’avais moi-même grand besoin d’un thé, sans alcool, et sans attendre son assentiment, je me dirigeai vers l’échelle. En posant le pied sur le premier échelon, je le vis saisir la bouteille de vin.
    Un vent vif soufflait sur le pont quand j’émergeai des profondeurs. Il fit voler les pans de la capote autour de moi et gonfla mes jupons d’une manière des plus revigorantes. Cela revigora également M. Smith – ou M. Marsden – qui cligna des yeux puis détourna rapidement la tête.
    — Bonsoir, m’dame, dit-il poliment une fois que j’eus remis un semblant d’ordre dans ma tenue. J’espère que le colonel va bien ?
    — Oui, il…
    Je m’interrompis et redressai brusquement la tête.
    — Le colonel ?
    — Oui, m’dame. Il est bien colonel de milice ?
    — Il l’était , précisai-je.
    Il m’adressa un grand sourire.
    — Il l’est à nouveau, m’dame. Il nous a fait l’honneur de prendre le commandement d’une compagnie, « les Irréguliers de Fraser » qu’on va s’appeler.
    — Sans blague ! Mais que diable… Comment est-ce arrivé ?
    Il tira nerveusement sur l’un de ses anneaux en constatant que je n’étais pas aussi ravie de la nouvelle qu’il l’avait espéré. Il baissa la tête, piteux.
    — Eh bien… pour ne rien vous cacher, c’est un peu de ma faute. Un des hommes à bord du Pitt m’a reconnu et quand il a dit qui j’étais au capitaine…
    La révélation de la véritable identité de M. Smith avait provoqué des remous considérables parmi l’équipage disparate de l’ Asp . Au point qu’il avait été à deux doigts d’être balancé par-dessus bord ou abandonné dans un canot. Après un débat houleux, Jamie avait suggéré que M. Marsden change de profession pour devenir soldat. En effet, un certain nombre d’hommes à bord de l’ Asp s’étaient proposés de rallier les forces continentales à Ticonderoga, transportant les provisions et les armes de l’autre côté du lac Champlain puis restant au fort en tant que miliciens volontaires.
    Son idée reçut l’approbation générale, même si quelques mécontents marmonnèrent qu’un Judas restait un Judas, qu’il soit marin ou pas.
    — C’est pour ça que j’ai jugé préférable de me faire discret sous le pont, m’dame, si vous voyez ce que je veux dire.
    Cela réglait également la question des prisonniers du Pitt et des marins transbordés du Teal . Ceux qui souhaitaient entrer dans les milices américaines pourraient le faire tandis que les hommes de la marine royale préférant rester prisonniers de guerre pourraient être livrés à Fort Ticonderoga. Après leurs récentes expériences

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