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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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à lui était une nécessité autant professionnelle que personnelle, il était étonné de constater à quel point il s’en souvenait bien. Connaissant ses goûts, il avait donc dressé un portrait imaginaire d’Amadine conforme à ces derniers.
    La réalité était différente. Le baron était un homme d’âge mûr, de quelques années plus vieux que Grey. Petit, plutôt rond, avec un visage ouvert et avenant. Elégant mais sans ostentation. Il l’accueillit avec une grande courtoisie et, quand il lui serra la main, Grey sentit une petite décharge électrique le parcourir. L’expression du baron était polie, sans plus, mais une lueur de curiosité et d’avidité brillait dans ses yeux et, en dépit de son physique quelconque, Grey sentit sa chair réagir.
    Naturellement, Percy avait dû parler de lui à Amandine.
    Surpris et sur ses gardes, Grey lui donna la brève explication qu’il avait préparée. Le baron lui répondit que, hélas, M. Beauchamp était parti chasser le loup en Alsace en compagnie de M. Beaumarchais. (Voilà déjà un soupçon de confirmé !) Mais milord lui ferait-il l’honneur d’accepter l’hospitalité des Trois Flèches, ne serait-ce que pour une nuit ?
    Il accepta l’invitation en se confondant en remerciements puis, ayant retiré sa cape et ses bottes qu’il remplaça par les pantoufles criardes de Dottie (Amandine cligna des yeux ahuris avant de les louer exagérément), il fut conduit dans un long couloir bordé de portraits.
    — Nous prendrons un rafraîchissement dans la bibliothèque, lui annonça Amandine. Vous devez mourir de froid et d’inanition. Mais avant cela, permettez-moi de vous présenter un autre de mes hôtes. Nous l’inviterons à se joindre à nous.
    Grey acquiesça vaguement, distrait par la légère pression qu’exerçait la main du baron dans son dos, un soupçon plus bas que ne le demandait la bienséance.
    — Le docteur Franklin est un Américain, poursuivit Amandine.
    Il prononça ce mot avec une note d’amusement. Il avait une voix singulière : douce, chaude et vaporeuse, comme une tasse de thé Oolong avec beaucoup de sucre.
    — Il aime passer un moment chaque jour dans le solarium. Il affirme que cela entretient sa santé.
    Parvenu au bout du couloir, il poussa une porte et s’effaça pour laisser passer Grey. Ce dernier l’avait regardé poliment pendant qu’il parlait et se tourna pour découvrir l’hôte américain, confortablement allongé sur une chaise longue matelassée, baignant dans un flot de lumière naturelle, nu comme un ver.
    Au cours de la conversation qui suivit, menée par les trois hommes avec un aplomb irréprochable, Grey apprit que le docteur Franklin mettait un point d’honneur à prendre des bains de soleil chaque fois qu’il le pouvait. La peau, expliqua-t-il, respirait autant que les poumons, absorbant l’oxygène et libérant des impuretés. La capacité du corps à se défendre des infections était considérablement diminuée quand la peau était en permanence étouffée par des vêtements insalubres.
    Tout au long de cet échange, Grey fut conscient du regard d’Amandine sur lui, rempli d’amusement et d’interrogation, ainsi que du picotement de sa peau subitement oppressée par ses vêtements insalubres.
    C’était étrange de rencontrer un inconnu en sachant que ce dernier connaissait votre secret le plus intime et que, si Percy n’avait pas menti, cet inconnu le partageait également. Cela lui procurait une sensation de danger et de vertige, comme d’être penché au-dessus d’un précipice. C’était aussi terriblement excitant, ce qui était encore plus alarmant.
    L’Américain (qui parlait à présent d’une formation géologique singulière aperçue sur la route de Paris. Milord l’avait-il lui aussi remarquée ?) était un vieil homme et son corps, bien qu’en excellent état hormis pour quelques taches violacées d’eczéma dans le bas des jambes, n’était pas un objet de convoitise sexuelle. Néanmoins, Grey sentait sa peau tendue sur ses os et avait la sensation qu’une bonne partie de son sang avait déserté son cerveau. Amandine le lorgnait ouvertement et il se souvenait de sa conversation avec Percy : Avec qui dors-tu, le baron ou sa sœur ? – Les deux, parfois. – En même temps ? Mme Beauchamp avait-elle accompagné son époux ou se trouvait-elle au manoir ? Une fois de plus, Grey se demanda s’il n’était pas un peu pervers.
    — Nous joindrons-nous au bon

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