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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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l’ont dépecé, finit par dire Murray. Par endroits. Puis ils ont enfoncé des échardes de pin brûlantes dans ses plaies à vif. Ils lui ont tranché le sexe. Ensuite, ils ont allumé un feu à ses pieds pour le brûler vif avant qu’il ne meure du choc. Cela… a pris du temps.
    — Je veux bien le croire !
    William essaya de visualiser la scène, n’y parvint que trop bien. Il détourna les yeux de la carcasse du rat musqué qui noircissait au-dessus du feu.
    Il ferma les paupières. Son bras continuait de l’élancer à chaque battement de cœur ; il s’efforça de ne pas imaginer la sensation d’échardes incandescentes s’enfonçant dans sa chair.
    Murray était silencieux. William ne l’entendait même pas respirer mais il savait que lui aussi voyait la scène dans son esprit. Dans son cas, il n’avait pas besoin de faire preuve d’imagination ; il revivait simplement ce qu’il avait vécu.
    — Vous êtes-vous demandé comment vous vous seriez comporté à sa place ? demanda William. Combien de temps vous auriez tenu ?
    — Tous les hommes se posent la question.
    Murray se leva brusquement et se dirigea vers la lisière de la clairière. William l’entendit se soulager contre un arbre mais plusieurs minutes s’écoulèrent avant qu’il ne revienne.
    Le chien se réveilla, redressa la tête et agita lentement la queue en apercevant son maître. Murray rit doucement et lui dit quelque chose dans une langue inconnue… de l’iroquois ? Du gaélique ? Puis il arracha une patte arrière de la carcasse du rat musqué et la lança au chien. L’animal se leva d’un bond, happa au vol le morceau de viande et s’éloigna en trottant pour aller déguster son festin de l’autre côté du feu.
    Privé de son compagnon de lit, William se rallongea précautionneusement, la nuque sur son bras indemne. Il observa Murray nettoyer son couteau, grattant la graisse et le sang avec une poignée d’herbes.
    — Vous avez parlé tout à l’heure d’un chant de mort. De quoi s’agit-il ?
    Murray le regarda avec perplexité.
    — Je voulais dire… que raconte-t-on dans son chant de mort ?
    — Ah !
    L’Ecossais fixa ses mains, ses longs doigts noueux allant et venant le long de la lame.
    — Je n’en ai entendu qu’un. Les deux autres que j’ai vus mourir de cette façon étaient des Blancs et n’avaient pas vraiment de chant de mort. L’Indien – c’était un Onondaga – a commencé par chanter qui il était : un guerrier ; puis il a parlé de sa famille, de son clan, de sa tribu. Ensuite, il s’est longuement épanché sur le mépris qu’il avait pour n… pour ceux qui s’apprêtaient à le tuer.
    Murray s’éclaircit la gorge avant de poursuivre :
    — Il a chanté ce qu’il avait accompli : ses victoires, les valeureux guerriers qu’il avait tués, la façon dont ils l’accueilleraient dans la mort, comment il allait traverser le… le…
    Il hésita, cherchant le mot adéquat.
    — … l’espace vide qui se trouve entre ici et l’au-delà… Le terme qu’ils emploient ressemble à « abîme » mais ce n’est pas tout à fait la même chose.
    Il se tut un instant mais il n’avait pas terminé. Il semblait fouiller sa mémoire. Puis il se redressa brusquement, prit une profonde inspiration et, les yeux clos, entonna un monologue dans ce qui devait être une langue iroquoise. Elle était fascinante : une succession de « r », de « n » et de « t » selon un rythme aussi régulier qu’un roulement de tambour.
    Il s’interrompit d’un coup pour expliquer :
    — Là, il y a eu un passage sur les créatures horribles qu’il rencontrerait en route vers le paradis. Des sortes de têtes volantes avec de grandes dents.
    — Beurk ! fit William.
    — En effet, rit Murray. Je n’aimerais pas en croiser une non plus.
    — Vous composez votre chant de mort à l’avance, afin d’être toujours prêt, ou vous vous fiez simplement à l’inspiration du moment ?
    — C’est que… on en parle rarement entre nous, voyez-vous. Mais en effet, un ou deux de mes amis m’ont confié qu’ils avaient réfléchi à ce qu’ils chanteraient le moment venu.
    — Vous ne le chantez que si vous êtes torturé à mort ? Et si vous êtes malade et que vous pensez être sur le point de mourir ?
    Murray se tourna vers lui d’un air soupçonneux.
    — Quoi, vous n’êtes pas en train de passer l’arme à gauche, hein ?
    — Non, je me posais juste la question, le rassura William.
    — Mmphm, grogna

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