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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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quelque chose à Murray en pointant le doigt vers l’ouest.
    Murray se frotta le visage avec lassitude. Puis il se redressa et posa une question à l’ensemble du groupe. Il y eut des hochements de tête, des haussements d’épaules, puis plusieurs d’entre eux disparurent entre les arbres.
    Les questions tournoyaient lentement dans la tête de William, rondes et lumineuses comme les globes métalliques du planétaire dans la bibliothèque de leur maison londonienne dans Jermyn Street.
    Que font-ils ?
    Que se passe-t-il ?
    Suis-je en train de mourir ?
    Suis-je en train de mourir comme un soldat britannique ?
    Pourquoi a-t-il…
    La ronde prit fin sur cette avant-dernière question. Soldat britannique … qui avait dit ça ? La réponse se fit jour lentement : Murray, lors de leur conversation de la veille.
    C’est si différent, pour un soldat britannique ? Vous ne voulez pas mourir en lâche, tout de même ?
    — Je n’ai aucunement l’intention de mourir, marmonna-t-il.
    L’esprit focalisé sur ce petit mystère, William continua de s’interroger. Qu’avait voulu dire Murray ? Parlait-il en théorie ou avait-il compris qu’il avait affaire à un soldat britannique ?
    Que lui avait-il répondu ? Non, ce n’est pas si différent… sauf que, quand on est soldat, on court plus de risques d’être tué d’une balle ou d’un coup sur le crâne… Il avait pratiquement avoué être ce soldat.
    Le soleil se levait, ses premiers rais déjà suffisamment puissants pour lui faire mal aux yeux. A cet instant, Rollo réapparut à ses côtés. Il renifla son bras en gémissant puis se mit à lécher sa plaie. C’était une sensation singulière : douloureuse mais étrangement apaisante et il ne repoussa pas le chien.
    Où en était-il ? Ah oui, il avait répondu à la question sans réfléchir. Mais si Murray savait, avant même de la lui poser, qui ou ce qu’il était ? Il pouvait l’avoir vu parler au fermier peu avant qu’il ne pénètre dans le marais puis l’avoir suivi à distance, attendant le bon moment pour l’intercepter. Mais, dans ce cas…
    Ce que Murray lui avait dit au sujet de Henry Washington était-il un mensonge ?
    L’Indien râblé s’agenouilla à ses côtés et repoussa le chien. William ne pouvait lui poser aucune des questions qui lui encombraient l’esprit et se contenta de demander à travers un brouillard de douleur :
    — Pourquoi vous appelle-t-on Glouton ?
    L’homme sourit et ouvrit le col de sa chemise pour exhiber un réseau de cicatrices sur son cou et son torse.
    — J’en ai tué un. A mains nues. A présent, c’est mon totem. Tu n’en as pas un ?
    — Non.
    L’Indien fit une grimace réprobatrice.
    — Il t’en faut un si tu veux survivre à ta blessure. Prends-en un. Choisis-le puissant.
    Docile, William fit défiler des images d’animaux dans sa tête : cochon… serpent… cerf… couguar… Non, il sentait trop mauvais.
    — L’ours, annonça-t-il avec détermination.
    On ne pouvait pas faire plus fort et plus puissant, si ?
    — Ours, répéta l’Indien, satisfait. Oui, c’est un bon choix.
    Il fendit en deux la manche de William d’un coup de couteau, son bras étant trop enflé pour pouvoir la retrousser. Un rayon de lumière tomba soudain sur lui et sa lame projeta des éclairs d’argent. Il dévisagea William et se mit à rire :
    — Tu as la barbe rousse, Ourson, tu le savais ?
    — Oui, je sais, répondit William en fermant les yeux.

    Glouton voulait la peau du couguar mais Murray, alarmé par l’état de William, refusa d’attendre qu’il l’ait dépecé. Après la dispute qui s’ensuivit, William se retrouva sur un travois bâti à la hâte, côte à côte avec le cadavre du félin et traîné par le cheval de Murray sur le terrain accidenté. Ils se rendaient dans une petite communauté située à une quinzaine de kilomètres et qui pouvait se targuer de la présence d’un médecin.
    Glouton et deux autres Mohawks les accompagnaient afin de leur montrer la route. Le reste du groupe avait repris la chasse.
    Le couguar avait été éviscéré, ce qui n’était pas plus mal car la chaleur montait. Malgré cela, l’odeur de sang attirait des nuées de mouches et elles bourdonnaient autour des oreilles de William, lui mettant les nerfs à fleur de peau. Si la plupart s’intéressaient à la dépouille, il en restait bien assez tournant autour de lui pour le distraire de son bras.
    Quand les Indiens s’arrêtèrent pour uriner et boire,

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