Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
simplement. J’ai dit que je ramènerais le petit Ian à sa mère. Après ce qui vient de se passer… il vaut mieux qu’il parte.
    Je hochai la tête en silence. Cinq mille kilomètres d’océan ne suffiraient peut-être pas à Ian pour échapper à ses souvenirs mais cela ne pourrait lui faire du mal. Peut-être la joie de retrouver ses parents, ses frères, ses sœurs, les Highlands… l’aiderait-elle à panser ses plaies.
    Jamie toussa puis se frotta les lèvres du dos de la main.
    — Il y a encore une chose, reprit-il d’une voix timide. Une autre promesse, si l’on peut dire.
    — Laquelle ?
    Il se tourna vers moi et me dévisagea gravement.
    — Je me suis juré de ne jamais me retrouver devant mon fils avec un fusil entre nous.
    Je pris une profonde inspiration et me plongeai dans la contemplation des femmes dans leur linceul. Au bout de quelques minutes, cherchant à alléger l’atmosphère, je demandai en plaisantant à moitié :
    — Et moi, tu ne demandes pas ce que je veux que tu fasses de mon corps ?
    Ses doigts se crispèrent si fort autour des miens que je laissai échapper un petit cri. Il ne me regarda pas et répondit à voix basse, les yeux rivés sur l’étendue blanche devant nous :
    — Non. Et je ne te le demanderai jamais. Je ne peux pas t’imaginer morte, Claire. Tout ce que tu voudras mais pas ça. Je ne peux pas.
    Il se leva brusquement. Un craquement de bois, le vacarme d’un plat en étain s’écrasant sur le plancher et des exclamations consternées à l’intérieur de la cabane m’épargnèrent de répondre. Il me tendit la main pour m’aider à me mettre debout au moment où la porte s’ouvrait, nous inondant de lumière.

    Quand l’aube se leva, claire et limpide, le tapis de neige fraîche n’avait guère plus d’une trentaine de centimètres d’épaisseur. A midi, les stalactites sous les avant-toits commencèrent à perdre prise, tombant telles des dagues dans un cliquetis étouffé. Jamie et Ian étaient montés jusqu’à notre petit cimetière plus haut dans la montagne avec des pelles afin de vérifier si la terre était encore suffisamment molle pour creuser deux tombes convenables. Au petit déjeuner, je leur avais demandé :
    « Vous ne voulez pas emmener Aidan et un ou deux autres petits avec vous ? Cela leur éviterait d’être dans nos pattes. »
    Jamie avait accepté d’un hochement de tête non sans m’avoir jeté un regard noir. Il avait fort bien compris ma vraie motivation. Si Arch ne savait pas encore que sa femme était morte, il ne tarderait pas à le comprendre en voyant une nouvelle tombe.
    Profitant du raffut que faisaient les garçons en se préparant, leurs mères en emballant le repas à emporter et les plus petits qui jouaient dans la chambre à l’arrière, Jamie m’avait glissé :
    « Le mieux serait qu’il sorte de sa tanière et vienne me parler.
    — Certes, et la présence des garçons ne l’empêchera pas de le faire. En revanche, s’il a décidé de ne pas discuter… »
    Ian m’avait raconté avoir entendu une détonation la veille. Arch Bug n’était pas un bon tireur et hésiterait sans doute à ouvrir le feu sur un groupe comprenant de jeunes enfants.
    Jamie avait acquiescé puis avait ordonné à Aidan d’aller chercher ses deux cousins plus âgés.
    Bobby et la mule Clarence étaient partis avec les fossoyeurs. Un peu plus haut dans la montagne, sur le site où Jamie avait déclaré que se dresserait un jour notre nouvelle maison, il yavait une réserve de planches en pin fraîchement sciées. Si des tombes pouvaient être creusées, Bobby en rapporterait quelques-unes pour confectionner des cercueils.
    Du porche, j’aperçus Clarence lourdement chargée descendant le versant avec la grâce d’une ballerine, ses longues oreilles pointant de chaque côté comme un balancier. Bobby marchait à ses côtés, rattrapant de temps à autre une planche menaçant de tomber. Même de loin, on distinguait le « M » marqué au fer sur sa joue, cicatrice blême sur son teint rougi par le froid. Il m’aperçut et agita une main en souriant.
    Je lui retournai son salut et rentrai dans la maison annoncer aux femmes que les funérailles auraient bien lieu.

    Le lendemain matin, nous grimpâmes le sentier sinueux qui menait au petit cimetière. Les deux vieilles dames, compagnes improbables dans la mort, étaient couchées dans leurs cercueils sur un traîneau tiré par Clarence et Puddin’, une des mules des femmes

Weitere Kostenlose Bücher