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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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soigneusement constitué de pommes séchées et d’ignames sauvages ainsi que les grosses grappes de raisin. Bref, tout ce qui devait nous protéger du scorbut. Naturellement, mes herbes étaient parties en fumée avec mon infirmerie. Une grande quantité de potirons et de courges, entreposés dans la grange, avait survécu mais, au bout de quelques mois, on se lasse des tartes au potiron et des succotash … à vrai dire, pour ma part, au bout de quelques jours.
    En plus de sa personnalité chaleureuse, je regrettais les talents culinaires de Mme Bug. Amy McCallum avait grandi dans une ferme des Highlands et était, selon ses propres termes, « une bonne cuisinière de base », ce qui signifiait qu’elle pouvait faire cuire des petits pains, préparer le porridge et frire du poisson simultanément sans rien brûler. Ce n’était pas une mince prouesse mais, question régime, un peu rébarbatif.
    Ma spécialité à moi était le ragoût qui, en l’absence d’oignons, d’ail, de carottes et de pommes de terre, avait évolué en une sorte de fricassée à base de gibier ou de dinde mijoté avec du maïs concassé, de l’orge et, parfois, des morceaux de pain rassis. Etonnamment, Ian s’était révélé un assez bon cuisinier : le succotash et la tarte au potiron étaient ses contributions au menu communautaire. Je me demandais où il avait appris à les préparer mais estimais plus sage de ne pas le lui demander.
    Jusque-là, personne n’était mort de faim ni n’avait perdu ses dents mais, la mi-mars venue, j’aurais été prête à m’enfoncer jusqu’au cou dans des torrents glacés pour cueillir quelque chose de vert et de comestible.
    Fort heureusement, Ian avait continué à respirer. Après avoir vécu dans l’hébétude pendant une semaine environ, il avait fini par retrouver un comportement plus ou moins normal. Cependant, je surprenais parfois Jamie en train de l’épier et Rollo s’était mis à dormir la tête sur la poitrine de son maître. J’ignorais si cette nouvelle habitude venait de ce qu’il percevait la douleur dans le cœur de Ian où si c’était simplement par réaction à l’espace exigu dans lequel nous dormions.
    Je m’étirai le dos et sentis mes vertèbres craquer. A présent que la neige fondait, j’avais hâte de partir. Fraser’s Ridge et ses habitants me manqueraient… enfin, presque tous. Peut-être pas Hiram Crombie. Ni les Chisholm ni… J’interrompis ma liste avant qu’elle ne devienne embarrassante.
    — D’un autre côté, pense aux lits ! m’admonestai-je.
    Certes, nous passerions bon nombre de nuits sur la route, dormant à la belle étoile, mais nous finirions par rejoindre la civilisation. Des auberges. Avec des plats chauds ! Et des lits ! Je fermai les yeux, imaginant le bonheur d’un vrai matelas. Je n’aspirais même pas à un matelas en plumes ; tout ce qui constituerait plus de deux centimètres de rembourrage entre moi et le sol serait le paradis. Et, naturellement, si cela s’accompagnait d’un minimum d’intimité, ce serait encore mieux.
    Jamie et moi n’avions pas été totalement chastes depuis le mois de décembre. Au-delà du désir, nous avions besoin du réconfort et de la chaleur du corps de l’autre. Toutefois, s’ébattre sous une courtepointe sous l’œil fixe de Rollo à quelques mètres n’était pas l’idéal, même en supposant que Ian dormait réellement. J’en doutais mais il avait la délicatesse de faire semblant.
    Un cri atroce fendit l’air et je sursautai, lâchant mon panier. Je le rattrapai de justesse par l’anse avant qu’il ne soit emporté par le courant et me redressai, dégoulinante et tremblante, attendant le cœur battant au cas où le cri se reproduirait.
    Ce fut le cas, suivi presque aussitôt d’un autre cri perçant mais d’un timbre plus grave. Mes oreilles bien entraînées reconnurent aussitôt le son émis par un Ecossais des Highlands subitement immergé dans l’eau glacée. Des glapissements plus aigus, accompagnés d’un juron proféré avec unfort accent du Dorset, m’indiquèrent que les messieurs de la maison prenaient leur bain printanier.
    J’essorai le bas de ma chemise, décrochai mon châle de sa branche, enfilai mes chaussures et me dirigeai vers le raffut.
    Il existe peu de choses plus agréables que d’être confortablement assise au sec à observer d’autres êtres humains s’ébattre dans l’eau froide. Si les humains en question vous offrent un panorama du

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