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Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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histoire. Thomas se recula dans son fauteuil et croisa les bras sur sa poitrine.
    â€” Tu la trouvais cependant assez bien pour la voir pendant toutes ces années.
    â€” Le mariage, c’est autre chose…
    Un moment, le visage de Marie Buteau passa dans l’esprit du commerçant. Au moins, son fils n’avait pas engrossé cette demoiselle. Incapable de formuler les propos se bousculant dans son esprit, l’homme conclut d’une voix lasse :
    â€” Mets fin à cette histoire au plus vite. Si maître Paquet lève le nez sur toi, ce ne sera peut-être pas à cause du titre figurant sur ta carte professionnelle.
    Le garçon demeura un moment songeur, puis quitta la pièce.

16
    Même pour un garçon résolu à tirer le meilleur de la vie, la situation devenait inconfortable. Tous les dimanches après-midi, il regagnait le domicile des Paquet dans la Grande Allée, échangeait quelques mots polis avec les parents d’Évelyne, puis tendait son bras à cette dernière afin d’entamer une longue promenade avec elle. Pendant deux heures, ses grands yeux gris parlaient d’un amour éperdu alors que la voix évoquait en termes posés les plaisirs raisonnables de la vie conjugale.
    Jamais elle n’abordait la dimension charnelle de ceux-ci. Toutefois, à chaque pression sur ses doigts, à chaque effleurement de sa taille, le souffle paraissait sur le point de lui manquer. Édouard se penchait parfois pour lui murmurer des mots innocents à l’oreille, juste pour voir un trouble exquis l’envahir.
    Pareille innocence, mêlée à une sensualité ne demandant qu’à se révéler, touchait profondément son compagnon. Les premiers émois physiques de cette jeune personne viendraient de lui. Il la conduirait aux ébats les plus intimes, surveillerait se révéler sur son visage les émotions les plus fortes. Personne avant lui, personne d’autre que lui, dût-elle vivre cent ans, ne profiterait de la même intimité. La seule fierté de conduire une vierge à l’autel lui permettait de contenir son désir. Ses réactions, quand il la pressait un peu de près, la trahissaient. Un peu d’insistance, et elle s’abandonnerait toute, par amour pour lui. Toutefois, jamais il ne dépasserait les légers baisers sur les lèvres. La satisfaction de la voir frémissante, le souffle court, lui suffirait jusqu’au soir des noces.
    Puis, il la laissait à la porte de la demeure paternelle et retrouvait la Buick pour se rendre à la Basse-Ville. Chaque fois, tout le long du trajet, il se répétait : « Cette fois, je vais le lui dire, cela ne peut pas continuer. » Au moment où la porte de l’appartement de la rue Saint-Anselme s’ouvrait sur la jeune femme blonde aux cheveux bouclés, aux yeux bleus, à la bouche rouge comme une cerise, sa résolution se dissolvait et une érection se manifestait. L’excitation contenue auprès d’Évelyne se concluait avec une autre.
    â€” Je t’attends depuis si longtemps, formulait invariablement Clémentine.
    Le reproche alimentait une culpabilité mêlée de colère, sans toutefois réduire son désir.
    â€” Les dîners familiaux sont interminables.
    Il lui suffisait d’ouvrir les bras pour la voir s’y précipiter. Curieusement, un sexe dur contre son ventre la rassurait. « S’il me désire autant, il doit au moins m’aimer un peu », songeait-elle. Ce constat lui faisait accepter la langue forçant sa bouche, les mains sur ses fesses.
    Trois, tout au plus quatre heures plus tard, Édouard regagnait la Haute-Ville en grommelant :
    â€” La prochaine fois, juré, je le lui dirai!
    * * *
    Depuis quelques années, excepté au moment des repas, Édouard se trouvait rarement à la maison. Élisabeth attendit quelques jours l’occasion de lui parler en tête-à-tête. Un soir où Thomas se trouvait à une réunion politique susceptible de se terminer très tard, elle laissa la porte de sa chambre entrouverte. Un peu après onze heures, de légers bruits de pas dans l’escalier attirèrent son attention. Elle se rendit sur le palier, puis déclara à voix basse :
    â€” Ton père m’a communiqué la nouvelle, il y a quelques jours. J’aimerais te parler un moment.
    Le

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