Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix du sang

Le prix du sang

Titel: Le prix du sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
emboîta le pas. Accroupis sur le toit, ils attendirent le troisième larron. L’un d’eux finit par chuchoter :
    â€” Tu viens?
    â€” Non. Allez-y sans moi, je reste ici. Ces idiots ne me feront pas fuir.
    Comment avouer à ces hommes sa peur des hauteurs?
    â€” Allez-y, continua-t-il. Si vous restez là, vous attirerez l’attention.
    Ils traversèrent le toit, s’entraidèrent pour grimper sur celui de l’école. Sans trop de difficulté, ils pourraient se laisser glisser sur un balcon et pénétrer dans le grand édifice. Le temps qu’un religieux les découvre, la foule se serait dispersée.
    * * *
    Dans la rue, le maire poursuivait sa conversation têtue avec la foule turbulente. Ses invitations réitérées à rentrer à la maison ne récoltaient qu’une seule réponse, toujours la même : « Donnez-nous les spotteurs! » Les pierres s’abattaient toujours sur les murs, les policiers gardaient leur arme à la main. Tôt ou tard, ces gens risquaient de se lancer à l’assaut, plusieurs seraient tués.
    Thomas demeurait près de Lavigueur pour lui offrir un certain support, maintenant flanqué de son fils. À titre de notable connu et, espérait-il, respecté de toutes les personnes présentes, il souhaitait les ramener au calme par sa seule présence. La tension croissante l’inquiétait toutefois, au point où il demanda au magistrat :
    â€” Faites évacuer l’endroit.
    â€” Nous ne pouvons céder à la pression populaire, grommela l’autre. Les pouvoirs publics perdraient toute crédibilité.
    â€” L’autre choix, c’est de défendre les lieux. Dans une heure, ils vont entrer de force, vous aurez des cadavres sur les bras.
    La foule se pressait contre eux. Le petit dialogue semblait agacer les gens des premiers rangs. Quelqu’un cria encore :
    â€” Donnez-nous les spotteurs!
    Le maire échangea quelques mots avec le chef du poste de police. Celui-ci acquiesça très vite, trop vite pour qu’on lui fasse confiance, désormais.
    â€” Nous allons évacuer l’endroit, prononça le maire au moment où le capitaine retournait dans l’immeuble. Je compte sur vous pour respecter ces locaux municipaux après notre départ.
    â€” Les spotteurs?
    â€” Il n’y a aucun agent spécial ici, je vous l’ai déjà dit.
    Ces brutes, espérait Lavigueur, devaient avoir trouvé un moyen de fuir, ou, du moins, de se faire discrètes. Quelques minutes plus tard, leur commandant en tête, les armes soigneusement rangées dans les étuis, les policiers quittaient les lieux sous les quolibets des badauds. Les jours suivants, ils auraient un peu de mal à faire respecter l’ordre. À peine eurent-ils disparu dans l’obscurité du soir qu’une dizaine de manifestants armés de solides gourdins envahissaient le poste. Ils revinrent un peu dépités.
    â€” Il ne reste personne, clama l’un d’eux aux protestataires.
    Les gens commencèrent alors à se disperser.
    â€” Je n’ai plus rien à faire ici, déclara Thomas. Autant rentrer à la maison.
    â€” … Merci d’être resté, je me sentais un peu moins seul. Vous avez pensé à la politique? Avec votre sang-froid…
    Un cri leur parvint en direction de la rue de la Couronne:
    â€” Je le reconnais, c’est un spotteur!
    Les derniers badauds se précipitèrent vers l’endroit. Lavigueur présenta un visage surpris, au point où Thomas crut nécessaire d’expliquer :
    â€” Ils étaient trois dans le poste. Je suppose qu’ils ont mis un uniforme de police afin de sortir discrètement.
    â€” Un seul se trouvait encore parmi les policiers, précisa Édouard. Avec une veste trop petite, des pantalons trop courts trop serré, il passait difficilement inaperçu.
    â€” Les autres ont donc trouvé le moyen de sortir d’une autre façon.
    Thomas leva les yeux vers le ciel obscur. Juste avant de s’en aller, il conclut :
    â€” Pour la politique, comme je le disais déjà il y a dix ans, j’y penserai quand je ne serai plus capable de gagner ma vie. Que ferez-vous maintenant? Les gens ne se calmeront pas facilement.
    â€” Tout à l’heure, le chef de police devait téléphoner au général Philippe Landry, le

Weitere Kostenlose Bücher