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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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un jour en France. Le domaine de Blanchepierre est un peu éloigné du reste de ma famille, mais quelle splendeur ! Tu l’aimerais.
    — Et tu me demandes de venir ? Après… tout ce qui s’est passé entre nous ?
    — N’as-tu pas encore compris ? Tu es ma femme, Ursula, et j’ai toujours voulu que tu vives avec moi. Blanchepierre est assez sûr, même ces temps-ci. Le château n’est pas très grand, mais doté de bonnes défenses – l’équivalent d’un manoir fortifié en Angleterre. Oui, je te demande de venir. Meg nous rejoindra. Bientôt, j’espère ! Je ne séparerai pas la mère et la fille. Ainsi, tu verras peut-être en moi un progrès par rapport à Élisabeth.
    — J’ai promis de tenir compagnie à Hélène sur le chemin du retour…
    — Ne peut-elle se passer de toi ? Je n’ai pas l’impression que vous vous entendiez très bien !
    La voix de Brockley, accompagnée des coups pressants à la porte, nous interrompit. Matthew se rembrunit et alla ouvrir.
    — Qu’y a-t-il ?
    Brockley se glissa à l’intérieur.
    — Au lieu de monter la garde comme une statue, j’ai ouvert les yeux et les oreilles. Une fenêtre donne sur la cour de l’écurie et j’y ai jeté un coup d’œil quand j’ai entendu une voix familière. J’ai le regret de vous dire, madame, que les frères Dodd traînent par ici, ainsi que Searle. En fait, j’ai vu ce lascar regarder par les carreaux. Je reconnaîtrais sa tête rousse n’importe où. Nous avons été suivis.
    Je me rappelai mon impression en traversant la place. L’instinct avait été plus vif que la vue et l’ouïe.
    — De qui parlez-vous ? interrogea Matthew.
    — Les frères Dodd sont deux des hommes que Cecil a envoyés pour renforcer l’escorte de messire Blanchard, expliquai-je, tendue. Ils sont revenus avec moi à Saint-Marc. Mais Searle appartient au groupe de mon beau-père, qui était supposé rester à Douceaix.
    — Searle et les Dodd ont uni leurs forces, conclut Brockley, le front creusé par la réflexion. Madame, quand vous avez été suivie dans la rue, l’autre jour, je me suis demandé si vous n’étiez pas épiée par un membre de notre propre escorte. À présent, j’en suis sûr.
    — Mais… Pour quelle raison ? Où pensent-ils que je puisse aller ? Qui croient-ils que je veuille rencontrer ?
    — Moi, j’imagine, dit Matthew.

CHAPITRE VIII

Un clair de lune troublé
     
    Je perdis mon calme.
    J’avais (et j’ai toujours) un caractère assez fougueux, bien que j’eusse appris très vite à le brider, sans quoi tante Tabitha se fût chargée de mes accès de rage. Une femme, affirmait-elle, se devait de rester calme et douce en toute circonstance.
    — Moi-même, je n’élève jamais la voix, se plaisait-elle à dire.
    En effet. À la place, elle élevait sa main, parfois munie d’une verge. Mon impitoyable et vertueuse tante par alliance terrorisait sa maisonnée sans hausser le ton. La douceur était le dernier mot au monde que je lui eusse appliqué, mais elle ne semblait jamais remarquer le gouffre qui existait entre ses actes et ses paroles.
    D’elle, j’appris que, sans pouvoir et sans nom, la fureur n’est rien. Élisabeth, qui avait hérité le tempérament irascible du vieux roi Henri, pouvait s’abandonner à la colère à sa guise et ne s’en privait pas, mais elle était la reine. On prend au sérieux le courroux de celui qui est à même de vous faire enfermer à la Tour.
    Mais en fin de compte, après avoir échappé à la tutelle de mon oncle et de ma tante, je découvris que la colère pouvait être dirigée – maniée, en fait, telle une épée – et je compris, peu à peu, comment m’en servir.
    J’avais discerné le traquenard sur-le-champ. Matthew avait raison. J’avais été suivie dans l’espoir que je mènerais les hommes de Cecil à lui. La feinte maladie de mon beau-père, voire l’occasion que l’on m’offrait de sortir chercher un médecin, avaient pour dessein de me laisser contacter Matthew si je le souhaitais. Blanchard en savait sans doute plus que je n’avais cru. Mon époux était recherché en Angleterre, à la fois pour trahison et pour les informations que le secrétaire d’État eût aimé lui extorquer. Donc, profitant de mon voyage, Cecil s’était arrangé pour que je fusse surveillée et avait peut-être soudoyé mon beau-père, au cas où Matthew et moi renouerions.
    Ce que nous avions fait.
    Je travaillais pour Cecil depuis un an

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