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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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    Il me considéra, pensif. Son amusement avait cédé la place à une sorte de lassitude.
    — Oui, mais selon quels termes ? Partageras-tu aussi mon lit ? Il y en a un second où je dormirai, si tu préfères. Je te le demande à nouveau, Ursula : pourquoi es-tu venue me retrouver ?
    Hélène ne m’aimait pas et ne me regretterait nullement si je désertais, néanmoins j’avais envers elle une responsabilité. Puis, il y avait cette lettre que je devais remettre au nom de la reine Élisabeth.
    Mais Cecil m’avait trahie. Je me sentais moins blessée par la duplicité de Blanchard que, de toute façon, je n’avais jamais aimé.
    — Quand je me suis mise en route pour venir ici, commençai-je, j’avais en tête de te dire adieu pour de bon, dans les formes, puis, une fois rentrée, d’essayer à nouveau d’obtenir l’annulation qui nous aurait rendu à chacun la liberté.
    Cette possibilité m’avait été suggérée, en arguant du fait qu’il s’agissait d’un mariage forcé. On m’avait avertie que ce serait difficile à prouver.
    Mais Élisabeth avait annulé le mariage de Catherine Grey du seul fait que celle-ci ne pouvait prouver qu’il avait eu lieu. Mon propre mariage avait été célébré en secret, par l’oncle de Matthew qui était un prêtre catholique. Il se trouvait certainement en France, désormais, et ne pourrait être interrogé par les autorités anglaises. D’ailleurs, je doutais qu’il eût le droit de célébrer des unions en Angleterre. Peut-être Élisabeth m’accorderait-elle, comme une faveur, ce qu’elle avait imposé sans pitié à Catherine. À condition que je le veuille.
    — Est-ce là ce que tu souhaites ? s’enquit Matthew. Je vois que tu ne portes pas mon alliance.
    — En Angleterre, peu de gens sont informés de notre union. Dieu du Ciel ! Je ne sais pas ce que je veux !
    Alors, je lui exposai mes soupçons concernant Cecil. Il m’écouta jusqu’au bout sans émettre de commentaire.
    — Puisque je dois passer la nuit ici, ce serait plus simple que je partage ta chambre. Et aussi ton lit, si tu préfères. À toi de me le dire.
    — Et ensuite ? Au matin ?
    Son expression, comme sa voix, était lasse. Je me rappelai les paroles de Brockley, me demandant si je pensais qu’un homme ne ressentait rien.
    — Je ne peux encore te répondre. Je te prie de patienter rien qu’une nuit de plus.
    — Tu as dit une fois que tu viendrais en France, et tu as reculé au dernier moment…
    — J’avais une bonne raison ! répliquai-je, frissonnant à ce souvenir.
    — Une raison ! persista Matthew, sans lâcher prise. Mais as-tu la moindre idée du mal que tu m’as fait ? De ce que j’éprouvais en chevauchant ventre à terre vers la côte, sans toi ? Tu avais promis, et tu as manqué à ta parole !
    Non, je n’avais pas le droit de lui infliger une nouvelle désillusion. Il demandait si je savais le mal que je lui avais fait. Je le voyais, à ses traits tirés.
    — Si je te donne ma parole demain, je la tiendrai. Mais il me faut une nuit pour réfléchir. Matthew, j’ai tant à perdre ! Ma vie, mes amis, des gens qui se fient à moi… Je ne pourrais jamais revenir en arrière. Ne nourris pas trop d’espoir. Je t’aime, mais… Tout est si compliqué !
    — Si tu m’aimais, rien ne serait compliqué. Tu viendrais à moi en épouse. Ma terre, mes convictions deviendraient les tiennes. Qu’y a-t-il de difficile là-dedans ?
    Je n’essayai même pas de discuter. Une fois de plus, c’eût été vain.
    — Je dormirai sur le lit de repos, si tu veux.
    — Non, je ne le veux pas. Je te laissais juste décider. Pour ma part, je préférerais très sincèrement que nous dormions ensemble !
    — Moi aussi.
    — Fort bien, donc. Va prévenir Brockley. Charpentier et lui doivent s’assurer que nous pouvons remonter sans qu’on nous voie. Nous souperons là-haut, dans la petite pièce contiguë à la chambre à coucher. Brockley pourra y dormir et en même temps monter la garde.
     
    La chambre était confortable, avec un lit à baldaquin, une table de toilette et un candélabre pourvu de chandelles neuves. Charpentier les alluma pour nous. Les volets des trois fenêtres étaient ouverts et la lune versait à l’intérieur sa lumière argentée.
    — J’aime la lune, dit Matthew. Cela te gênerait-il, si je ne fermais ni les volets ni les rideaux du lit, cette nuit ?
    — Non. Moi aussi, j’aime le clair de

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