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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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coupables, et en restent persuadés à ce jour.
    Je vis par la suite ce qui était arrivé à ces malheureux. Ce fut en retournant à l’abbaye avec mon groupe, les serviteurs dépenaillés, ainsi que Jenkinson et ses compagnons. Charpentier fermait son auberge provisoirement et les autres clients avaient vidé les lieux.
    Alors que nous traversions la place, nous passâmes devant les demeures où avaient vécu les huguenots. Elles étaient mitoyennes. Les portes à moitié sorties de leurs gonds, les vitres fracassées, elles étaient la proie des pillards. Deux jeunes gens hilares sortaient de l’une une armoire sculptée. Des femmes à l’allure respectable emportaient tapis et marmites.
    À ma grande contrariété, les deux vauriens se précipitèrent dans une des maisons. Nous continuâmes notre route, mais peu après ils nous rattrapèrent, souriant jusqu’aux oreilles ; en haut, ils avaient découvert un panneau secret qui avait échappé aux autres, et voyez un peu ce qu’ils avaient trouvé : un rang de perles dans une pochette en velours, et un pendentif en perle et en grenat dans un joli coffret en bois de santal. Ils semblaient autrement plus experts dans l’art de la rapine que les gens de la ville.
    Je leur ordonnai de tout rapporter mais ils m’ignorèrent, et quand Ryder et Jenkinson ajoutèrent leur voix à la mienne, l’un d’eux, un individu particulièrement déplaisant au menton bleui par une barbe de trois jours, se contenta de rétorquer :
    — Pourquoi ? Ils n’en ont plus besoin, ceux qui les possédaient.
    C’était vrai. Leurs légitimes propriétaires n’en auraient plus jamais besoin. Leurs corps pendaient aux fenêtres de leurs propres maisons, les cordes nouées autour des meneaux. J’étais passée très vite, m’efforçant de ne pas regarder, mais j’en avais déjà trop vu à mon gré.
    Parmi eux se trouvaient des enfants.
    Je remerciai le Ciel que Meg fût en sécurité en Angleterre.

CHAPITRE X

Verre teinté
     
    À l’abbaye, nous trouvâmes Dale en proie à l’inquiétude, bien que Walter Dodd eût chevauché en avant pour annoncer notre arrivée. Elle attendait sur le perron et se précipita sur Brockley et moi, allant de l’un à l’autre comme si elle ne savait pour lequel elle avait le plus tremblé.
    — Oh, madame, Dieu merci, vous êtes sauve ! Roger, que s’est-il passé ? Oh, mon Dieu, vous êtes tout noirs de suie ! Nous avons vu les flammes monter, de nos fenêtres, alors messire Ryder est sorti et nous a crié qu’il allait s’enquérir de ce qui se passait… Et puis, lui non plus n’est pas revenu…
    — Dame Blanchard ! Nous sommes soulagées et nous louerons le Ciel de vous avoir secourue.
    L’abbesse était apparue, silhouette noire et posée. Elle était grande, âgée d’une quarantaine d’années, et avait un de ces visages bruns comme on en voit dans le sud de l’Europe et qui semblent ciselés dans du bois sombre. Elle offrait un beau sourire – lorsqu’elle souriait, ce qui était rare.
    Hélène la vénérait, mais je la trouvais exaspérante. Ce fut Ryder qui lui dit avec franchise :
    — Une famille de huguenots a été massacrée et vos deux domestiques ont pillé leur maison. Je doute qu’ils soient du genre qui convienne à votre abbaye.
    Les individus en question s’étaient déjà retirés dans leurs quartiers. Néanmoins l’abbesse ne feignit pas d’ignorer de qui il parlait. Elle inclina la tête avec politesse.
    — Je connais leurs travers. Je n’approuve pas la foi calviniste, mais je n’excuse ni le meurtre ni le pillage. Par ces temps difficiles, j’emploie ceux que je parviens à trouver, cependant, j’en conviens, ces deux-là sont des branches mortes que j’entends bientôt élaguer. J’en ai trois autres, que j’ai gardés la nuit dernière pour protéger l’abbaye et mes nonnes si l’incendie annonçait une attaque huguenote.
    Elle tourna la tête en entendant des pas.
    — Voici Hélène.
    La jeune fille s’avança avec empressement à ma rencontre, suivie par Jeanne.
    — Je me réjouis qu’il ne vous soit rien arrivé de fâcheux, madame, déclara-t-elle en m’adressant une petite révérence.
    — Nous enverrons un messager à Douceaix, décida l’abbesse. Les rumeurs vont vite, ces jours-ci, et nous devons sur-le-champ rassurer votre famille.
    — Merci, répondis-je. Hélène, je vous relaterai bientôt tout ce qui s’est passé. Pour le moment, si vous voulez

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