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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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France !
    — À coup sûr. J’en veux surtout à Cecil. Il a entrevu une occasion et l’a saisie. Il sert avant tout la reine, or la capture de mon mari profiterait, à leurs yeux, à l’Angleterre. Mais de là à m’utiliser comme appât !
    Les mots s’étranglèrent dans ma gorge. Je songeai à Matthew tel que je l’avais vu la dernière fois, prenant la bride du bai des mains du palefrenier. Où était-il, à présent ?
    — Bien ! dis-je enfin. Nous continuerons donc comme prévu. Et le plus tôt sera le mieux. Mais j’ai besoin de me reposer un peu ; nous repartirons pour Douceaix après le dîner. Brockley, informez-en Ryder, je vous prie.
    — Et aussi messire Jenkinson, madame. En venant ici, il parlait de nous accompagner jusqu’à Douceaix, voire Paris, à condition que messire Blanchard et vous l’acceptiez. Ce serait un bon déguisement pour lui de se fondre parmi une suite de serviteurs.
    — Je l’imagine mal se fondre même dans une foule. Et qu’arrivera-t-il si ses rivaux levantins sont toujours sur ses traces ? N’ai-je pas déjà assez d’ennuis ? Je suis lasse des mystères et des alarmes. Néanmoins, admis-je, s’il veut venir avec nous à Douceaix, je peux difficilement refuser. Il nous a prêté main-forte et j’ai une dette envers lui. Je dois parler à Hélène. Elle se demande sans doute ce qui s’est passé cette nuit et je dois lui dire de se préparer à partir. Elle aura eu largement le temps de faire ses adieux à toutes les nonnes et à tous les confesseurs de la province ! Allez voir Ryder, puis dormez un peu, Brockley. Dale, restez avec moi.
    Il se retira. Dale et moi nous mîmes en quête d’Hélène.
    Elle n’était pas dans sa chambre, mais une sœur laie qui balayait l’escalier près de sa porte pensait qu’Hélène se trouvait à l’église.
    — Peut-être pour rendre grâce que vous soyez saine et sauve, madame.
    J’en doutais mais, accompagnée de Dale, je sortis de cette partie de l’abbaye et traversai la cour en direction de l’église. C’était un édifice immense, orné à l’extérieur de gargouilles et de sculptures ouvragées sur ses murs de pierre. À l’intérieur, il faisait frais et sombre. L’air avait un parfum d’encens, et les ombres étaient percées çà et là par la douce lueur des cierges et les rais de lumière filtrés par les vitraux.
    Le soleil était apparu et, du côté est de l’église, il faisait flamboyer de rubis, d’azur et d’ambre les vitraux d’une fenêtre dépeignant la Cène, qui jetaient des taches aux couleurs de joyaux sur les piliers et les dalles de pierre, et sur les chandeliers d’or de l’autel. Un rayon éclairait une niche où se tenait une statue dorée, une Vierge à l’Enfant. Mais plus que tout, le silence régnait. Je ne vis pas signe d’Hélène. L’atmosphère de prière et de recueillement agissait sur moi, telle une main apaisante. Même Dale, malgré ses préventions, y était sensible. Des rangées de sièges étaient disposées de part et d’autre d’une nef centrale, et je m’assis. Sans bruit, Dale s’installa près de moi.
    Je laissai Hélène s’échapper de mon esprit et repensai à Matthew. J’avais cru, en quittant l’Angleterre, qu’aucun chemin ne me mènerait plus à lui ; que j’avais brûlé tous les ponts un an plus tôt, en refusant de m’enfuir en France avec lui. Mais voilà qu’une fois encore se dessinait une possibilité… une chance…
    Je me laissai tomber à genoux et priai en silence, quelle que fût la version de Dieu qui m’écoutât, qu’un jour les sectes en conflit soient réconciliées, que je puisse enfin vivre en paix avec Matthew, et que Meg soit auprès de nous, afin que nous formions une famille.
    Je priai aussi pour l’âme des huguenots assassinés la nuit précédente. Les anglicans n’étaient pas censés prier pour les défunts, mais personne ne le saurait, excepté Dieu, et j’espérais qu’il comprendrait.
    Alors Dale, qui était restée assise sur le banc, murmura « Madame ! » et au même instant, j’entendis des pas approcher. Ouvrant les yeux, je me rassis et me tournai pour découvrir un prêtre aux épaules massives et à la tonsure d’un gris argent. Mon regard rencontra des yeux marron vigilants et un visage charnu, marqué par les rides d’une implacable autorité.
    — Je vous ai vue entrer dans l’église. J’ai à vous entretenir, dame de la Roche, dit la voix grasseyante du

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