Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
Vom Netzwerk:
préféré porter ce coup détourné contre ma pauvre Dale, innocente et terrifiée, sachant que j’en aurais le cœur brisé.
    Je le regardai fixement à travers la pièce et, de nouveau, il sourit. Dans les plis de ma jupe, je serrai les poings.
    Cependant Catherine s’adressait à moi. Je reportai avec empressement mon attention sur elle.
    — Nous comprenons votre inquiétude pour votre servante. Mais savez-vous combien de fois les amis, les familles des condamnés présentent des suppliques implorant notre clémence ? Nous ne pouvons endosser le contrôle de tout notre système judiciaire. Nos fonctionnaires s’en chargent et l’on doit les laisser travailler sans entrave. Votre femme de chambre aura la possibilité de présenter sa défense. Soyez-en satisfaite.
    — Madame, elle est innocente !
    — Nous sommes sûre que vous le croyez, dame Blanchard.
    Elle marqua une pause, durant laquelle le rebec émit un air plaintif.
    — Nous avons pour règle de n’intervenir qu’en d’extrêmes circonstances. L’une d’elles est la probabilité de l’innocence. Mais les souverains, ni même les régents qui gouvernent en leur nom, ne peuvent céder à la sensiblerie. Si nous contredisons le verdict de nos propres magistrats, encourant leur indignation, voire leur révolte, il faut que nous y trouvions un avantage pour le royaume. Un avantage plus palpable, ma chère dame Blanchard, que de se savoir la conscience claire. Cela, nous n’en avons pas les moyens. C’est bon pour les cuisinières, pas pour les reines.
    Les mots me vinrent lentement, mais avec justesse, inspirés par ceux que Clairpont avait prononcés plus tôt ce même jour.
    — La cause catholique est en ce moment affaiblie par la nécessité d’armer et de nourrir ses soldats. Madame, considéreriez-vous ma requête d’un œil favorable si j’offrais une… une contribution substantielle à votre cause ?
    Pour la première fois, Catherine m’observa avec intérêt.
    — Vous parlez, en fait, d’une rançon ?
    — Oui, madame.
    — L’or a une voix mélodieuse, bien entendu. Vous avez raison ; nos coffres sont toujours trop vides, surtout à présent. Si la contribution proposée était assez conséquente, nous reporterions le procès jusqu’à ce qu’elle soit fournie, et nous ferions relâcher la femme à l’instant où l’argent serait entre nos mains. Mais quel genre de rançon pouvez-vous offrir, dame Blanchard ?
    Les sourcils froncés, je fouillai ma mémoire afin de me rappeler les termes précis. Puis je les récitai, comme dans la salle du Trésor, le jour où Élisabeth m’avait donné la lettre qui nous avait mises Dale et moi dans cette situation.
    — « Premièrement : une vaisselle complète en or, valeur approximative : dix mille livres, incluant vingt-quatre gobelets, marquée de l’écusson d’une noble famille d’Espagne, incrustés de rubis et d’émeraudes.
    « Deuxièmement : une salière en or, haute de deux pieds, en forme de tour carrée, avec une réserve à sel sous chaque tourelle et des tiroirs à épices au-dessous. Ornée du même écusson, et incrustée de rubis. Valeur approximative : douze mille livres.
    « Troisièmement : une salière en argent, toute cannelée et ciselée sur le pourtour d’un motif de feuilles et d’oiseaux. Couvercle à charnières en forme de coquille Saint-Jacques, sous lequel se trouvent quatre réserves à sel que l’on peut ôter. Valeur approximative : trois mille livres. »
    J’étais sur le point d’ajouter le dernier article, concernant les divers ornements précieux d’une valeur totale d’environ sept cents livres, quand je me repris. Aller chercher ces biens entraînerait une dépense considérable. Ces ornements pourraient m’être utiles, et ce qui en resterait pourrait être offert, le moment venu, comme une douceur supplémentaire, telle la cerise sur le gâteau.
    J’avais une connaissance approximative des équivalences entre les livres et les couronnes. Je précisai donc :
    — Soit une valeur totale de plus de quatre-vingt-sept mille couronnes.
    Les personnages royaux excellent à conserver une expression impassible, quelles que soient leurs pensées, néanmoins Catherine écarquilla les yeux dès que je m’embarquai dans la description de la salière.
    — Vos paroles sont d’or, dit-elle d’un ton impressionné. Ces objets sont à l’évidence d’une exquise beauté. Certes, nous aimerions les voir, et si nous

Weitere Kostenlose Bücher