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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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mollement.
    J’avais été téméraire en imposant ces dernières conditions, mais Catherine, se curant les dents, pensive, m’avait soudain adressé l’un de ses sourires désarmants. Elle dit que les marchés l’amusaient et qu’elle acceptait.
    — Combien de temps faudra-t-il pour rapporter le trésor d’Anvers ? demanda Brockley.
    — Je l’ignore. Je ferai au plus vite.
    — Je devrais vous accompagner, je le sais. Mais Fran…
    — … a besoin de vous auprès d’elle. Vous resterez, Brockley. C’est un ordre.
    — Et nous, comment pouvons-nous ne pas aller à Anvers ? demanda Hélène. Dame Blanchard devrait avoir un soutien moral, elle aussi !
    Je ne dissimulai pas ma surprise, et elle rougit un peu.
    — Ce serait agir avec droiture, souligna-t-elle, sur la défensive.
    — Non, trancha mon beau-père, alarmé. Il m’incombe de vous emmener en Angleterre, loin de tous ces… ces dangers. Cette entreprise défie le sens commun. Je le répète, je ne puis accepter d’aller à Anvers. J’enverrai Sweetapple et Arnold avec vous si vous le souhaitez, Ursula. Je n’ai pas le pouvoir de vous retenir, et je tiens assurément à votre sécurité. Nous descendrons en ville à l’aube, demain, pour expliquer la situation aux hommes. Hélène, vous nous attendrez avec Jeanne. Il serait bon de commencer à emballer vos affaires.
    Je passai une mauvaise nuit, éveillée jusqu’à l’aube, à écouter le vent. Il soufflait de plus en plus fort. Je me levai, une fois, et allai ouvrir la fenêtre. J’écoutai la forêt craquer et bruire, parcourue par la bise. Je distinguai aussi un autre son, lointain, et qui pourtant suffit à me donner la chair de poule. Quelque part dans cette forêt, des loups hurlaient. Il n’y en avait plus en Angleterre, mais en France, les cerfs étaient encore chassés par d’autres prédateurs que les hommes. Comparé à ce pays, le mien était petit et domestiqué. Une fois de plus, j’aspirai de tout mon cœur à y retourner.
    Je regagnai mon lit et restai allongée, pensant à Dale. Avait-elle déjà changé de cellule ? Dormait-elle ou pleurait-elle, de frayeur et de solitude ?
    Cette nuit-là, Brockley partagea la seconde chambre à coucher avec mon beau-père et Harvey, mais à le voir le lendemain, il n’avait pas dormi non plus. Nous prîmes le repas du matin tandis que des rafales de pluie s’abattaient contre la fenêtre et, sitôt après, nous allâmes voir si l’on pouvait rendre visite à Dale. Laissant Jeanne et Hélène plier leurs vêtements et remplir les malles, nous nous dirigeâmes vers la ville basse, bien emmitouflés et pourvus de solides chaussures. Les autres membres de notre groupe étaient déjà au courant, car William Harvey était allé les voir la veille et leur avait tout appris. Nous les trouvâmes réunis chez Jenkinson. Un autre danger s’était manifesté.
    — Deux hommes posent des questions à mon sujet, me dit le marchand. Je les ai vus sortir d’une auberge au bas de la route. L’un était turc, d’après son apparence, et l’autre, vénitien, à en juger par son costume. De même que les astronomes s’intéressent aux conjonctions inhabituelles des planètes, je suis captivé, en ce moment, par cette conjonction particulière de nationalités.
    Il souriait joyeusement. L’idée d’être pourchassé à travers les continents par des rivaux aux visées meurtrières semblait en fait le stimuler.
    — Dès qu’ils ont disparu, je suis entré à l’auberge, l’air innocent et sous un autre faux nom – « Drury », qui est celui d’un ami anglais. J’ai prétendu que je tentais de retrouver deux relations d’affaires, ayant manqué notre rendez-vous. Les gentilshommes bien vêtus que j’avais aperçus de loin demandaient-ils après moi ? Le tenancier répondit que non, ils cherchaient un nommé Van Weede. Je ne crois pas qu’ils m’aient décrit, car il ne parut pas soupçonner que ce fût moi. Mais ils ont retrouvé ma trace, comme je le craignais. La deuxième vague de Lions m’a rattrapé.
    — En ce cas, vous serez satisfait de repartir au plus tôt, dit Luke Blanchard. Et nous aussi ! Enfin, Dieu soit loué, nous avons trouvé un passage pour l’Angleterre. Nous devons maintenant chercher un navire qui emmènera dame Blanchard à Anvers.
    — Un navire ? répliqua Jenkinson. Il faudra que vous ayez beaucoup de chance.
    — Mais nous avons déjà nos places, et…
    — Marin d’eau douce !

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