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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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Saint-Marc ?
    — Vous avez trouvé la fiole dans la sacoche de selle de Dale. Depuis que nous sommes ici, vous montrez de l’intérêt pour Clairpont. L’avez-vous rencontré à notre insu ?
    — J’espère bien que non ! s’indigna mon beau-père, alors qu’il tentait de persuader Brockley de manger. Des rendez-vous clandestins avec un homme, Hélène ? Si vous avez osé…
    Les vieilles rancœurs ont du mal à s’effacer. Ce disant, il ne put s’empêcher de me lancer un regard dur. J’avais, jadis, retrouvé son fils en cachette, ce qui me valait l’honneur de l’appeler désormais « beau-père ».
    — C’est faux ! protesta Hélène d’un ton blessé.
    — Je vous en prie, dis-je. Je veux juste savoir ce qui a induit Clairpont à ordonner cette fouille. Il ne s’agissait peut-être pas d’un rendez-vous, messire Blanchard, mais d’une rencontre fortuite. Toutefois, Hélène, nous avons besoin de savoir. Avez-vous, même par hasard, parlé à Clairpont et fait mention de la fiole ?
    — Non ! Je le jure sur la croix, répliqua-t-elle, levant le crucifix d’argent qu’elle portait toujours au cou. Je n’ai jamais parlé en privé avec le seigneur de Clairpont ni l’un de ses hommes, et je ne lui ai pas appris l’existence de la fiole de poison.
    Je la crus, parce que je ne pensais pas qu’elle se parjurerait et que, depuis notre arrivée à Saint-Germain, je l’avais rarement perdue de vue. D’autres qu’elle avaient pu découvrir le poison en inspectant nos bagages au Cheval d’or. Après moult supputations, j’avais conclu que c’étaient les hommes de Cecil, qui espéraient découvrir une lettre de Matthew. Pourtant, si je me trompais ? Si cette fouille faisait partie d’un complot que je ne discernais pas, sans rapport avec Cecil ? À coup sûr, quelque chose se tramait. Je me sentais prise, mais je ne pouvais voir la toile qui m’engluait.
    Je regardai par la fenêtre le crépuscule tomber. Le banquet ne marquait pas le terme des festivités. Les convives s’étaient rendus à un bal et, à cette heure-ci, l’ambiance devenait sans doute plus tapageuse. La reine ne tarderait pas à se retirer. Throckmorton avait peut-être déjà pu lui faire parvenir un message.
    Harvey remarqua :
    — Il y a quelqu’un à la porte. C’est peut-être pour vous.
    Il ne se trompait pas.
     
    Throckmorton était venu m’escorter. Il s’avéra que l’anneau d’Élisabeth possédait des pouvoirs quasi magiques. En temps normal, une personne de ma position n’aurait pu approcher la reine Catherine qu’en audience publique, et encore, après un certain délai. La bague me fit pénétrer dans ses appartements privés le jour même.
    Néanmoins, pas pour un tête-à-tête. Dans une belle pièce au plafond voûté et ornée de tapisseries à thème biblique, Catherine de Médicis était assise parmi une foule de dames et de gentilshommes, dégustant des friandises comme si elle ignorait ce qu’était un banquet et craignait d’être privée de souper.
    Elle regardait une pièce interprétée par des nains. Elle me fit signe d’attendre, debout, la fin de la scène. L’intrigue n’était pas facile à suivre car les dialogues étaient très rapides, émaillés de cris et d’exclamations suraiguës censées faire rire. Un nain bossu, au torse très large, se pavanait d’un air arrogant et assomma plusieurs personnages. Un autre, un peu plus grand que ses compagnons et au maintien digne, fut escorté devant le premier et, apparemment, jugé pour le crime d’être papiste. Cela semblait un spectacle bien singulier, pour le chef de la faction catholique, cependant Catherine paraissait l’apprécier. Le nain bossu assomma aussi le prisonnier et ordonna qu’on le pende pour patriotisme et loyauté envers ses souverains légitimes. On emmena le prisonnier ; le nain, s’exclamant d’une voix de fausset qu’il était le sauveur de son peuple, inspiré par Dieu, fut alors terrassé par sa propre splendeur. Il roula des yeux et s’effondra en arrière, dans les bras de ses minuscules partisans.
    Ils l’allongèrent tendrement sur un banc en l’appelant « puissant Prince ». Les courtisans applaudirent et lancèrent des acclamations. Je compris soudain que les nains de Catherine se moquaient du prince de Condé, chef de la faction protestante, connu pour son dos bossu et son caractère hargneux. L’offre de médiation était probablement vaine.
    Comme si elle lisait

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