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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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dans mes pensées, Catherine m’invita à approcher et, profitant de ce que ses paroles étaient couvertes par les applaudissements, elle précisa :
    — Dans un pays divisé, on peut chercher des compromis pour rétablir la paix. Nous l’avons déjà fait. Cela n’empêche pas de conserver sa propre opinion sur ceux qui souhaiteraient vous anéantir et de l’exprimer en privé. Tel est notre privilège. Vous aussi, dame Blanchard, vous usez d’un privilège en demandant à nous parler de toute urgence. Eh bien, nous vous écoutons.
    Throckmorton m’avait conduite auprès d’elle, puis avait reculé, mais il m’avait expliqué comment me comporter. M’agenouillant à ses pieds, je lui exposai mon cas en quelques mots :
    — Ma femme de chambre, Frances Brockley, aussi appelée par son nom de jeune fille, Dale, a été arrêtée sur une fausse accusation. Pour une raison que j’ignore, on a fouillé nos effets pendant que j’étais au banquet. On a découvert du poison dans les affaires de Dale. Elle en conservait car elle craignait, en venant en France, d’être accusée d’hérésie. De telles choses se sont produites, il y a peu.
    — Jusqu’à ce que nous adoucissions nos principes dans l’espoir d’apaiser l’ennemi, et mettions fin à la chasse aux hérétiques, remarqua la reine. Votre histoire est bien étrange. Continuez, cependant.
    — Dale est accusée d’avoir voulu attenter à vos jours, ou à ceux du jeune roi. Ce n’est pas vrai. Votre Majesté, je vous supplie de la faire relâcher. Ce n’est qu’une femme de chambre, incapable de causer du mal à quiconque. Je représente la reine Élisabeth, et je n’aurais jamais emmené avec moi une personne qui ne soit digne de toute confiance.
    Succinct, mais pas assez. L’attention de Catherine se relâchait. Elle fit signe au nain bossu d’approcher et lui tendit les friandises, sur leur assiette dorée à la feuille.
    — Vous nous avez amusée. Excellente représentation.
    Elle claqua ses doigts boudinés vers un valet, et une bourse fut placée dans sa main. Elle la remit au comédien.
    — Pour vous et votre troupe.
    L’acteur se retira à reculons tout en saluant. Je dis comme si je n’avais pas remarqué d’interruption :
    — Votre Majesté, pouvez-vous, voulez-vous nous aider, Dale et moi ?
    — Musique ! ordonna Catherine d’une voix forte. Nous voulons de la musique !
    Aussitôt, comme par magie, trois musiciens émergèrent de la foule avec leurs instruments. Ils prirent place devant la souveraine, s’inclinèrent et se mirent à jouer, du rebec, de la harpe et du tambour. La foule s’étant écartée de leur chemin, un homme d’Église à la carrure massive, qui jusqu’alors était resté dissimulé au fond, apparut à ma vue. À travers la pièce, nos regards se rencontrèrent. Il ne marqua aucune surprise de ma présence et se contenta d’incliner la tête avec politesse. Mais sur son visage charnu, il y avait un sourire.
    Un sourire triomphal.
    Alors je compris. Voilà pourquoi seule Dale avait été arrêtée – ni moi, ni Blanchard, ni Brockley.
    L’argument qu’elle aurait eu peu de chance d’empoisonner la reine était solide. Aucune personne sensée n’aurait choisi une femme de chambre étrangère pour cette mission. Je me demandai comment Clairpont, qui était assez intelligent pour le comprendre, s’était laissé convaincre d’affirmer le contraire. Je savais en revanche qui l’en avait persuadé. Il se tenait là, souriant de me voir à genoux.
    « Comment osez-vous menacer ma maîtresse ? » lui avait dit Dale. Et qu’avait-il répondu ? « Vous avez là une servante dévouée, dame de la Roche. Et vous semblez vouloir vous protéger mutuellement. Touchant spectacle ! Mais je vous conseillerais de prendre garde. J’ai foi en la justice divine… »
    La première fouille de mes bagages avait sans doute eu lieu à son instigation. Charpentier avait appris à Matthew que j’étais en France. En avait-il parlé à un autre ? Par exemple, à un ardent adversaire des huguenots, se trouvant non loin de là ? Plus tard, par ressentiment envers ma supposée trahison, celui-ci avait conçu cette machination pour se venger.
    Une vengeance cruelle. Mais qu’attendre d’autre de ce soi-disant homme de Dieu, fourbe et sans pitié : le Dr Ignatius Wilkins ?
    Il avait choisi de ne pas m’attaquer de front. Il avait menacé de sauver mon âme hérétique, toutefois il avait

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