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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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que je sache, il n’a jamais été attiré par les airs prudes et les silhouettes maigres. Il les aime bien en chair et rieuses, d’habitude. Néanmoins, j’aurai une petite conversation avec lui, puisque vous y tenez.
    — Je n’ai nulle confiance en ce qu’il appelle une « petite conversation », me confia mon beau-père. Il ne prend pas l’affaire au sérieux.
    Je ne sais si Jenkinson semonça Longman, toujours est-il qu’Hélène ne montra plus aucune inclination pour les rendez-vous clandestins. Nous allions plus lentement, mais chaque soir elle était exténuée et se contentait de rester dans sa chambre, et même d’y prendre ses repas, plutôt que de se joindre à nous en bas.
    Le dernier jour de voyage fut facile, du fait que la route était bien entretenue et en terrain plat. Anvers, comme la plupart des centres de commerce, était entourée de villages tel un prince de courtisans ou, comme le remarqua Jenkinson avec cynisme, un trou de souris gardé par des chats. Alors que nous traversions le dernier village, nous vîmes grandir les pinacles de la cathédrale Notre-Dame, et bientôt nous fûmes en ville, dans les rues tortueuses flanquées de grandes maisons étroites dont je me souvenais si bien. À l’heure du dîner, nous mettions pied à terre dans la cour d’une auberge nommée À l’enseigne du poisson frétillant.
    Jenkinson et moi y avions déjà séjourné, à des époques différentes. Bien que Gerald appartînt à la maison de Sir Thomas Gresham, nous ne demeurions pas sous son toit. Avant notre départ d’Angleterre, Gresham avait remarqué le talent de Gerald pour se lier avec les gens, les inciter aux confidences. Il avait décidé que ce jeune homme se chargerait de trouver des individus susceptibles de les aider à piller les trésors de la ville.
    Par conséquent, ses futures victimes lui accorderaient plus aisément leur confiance si son adresse n’était pas celle de Gresham, et nous passâmes nos premiers jours à Anvers à L’Enseigne du poisson frétillant, tout en cherchant un logis. Jenkinson y était allé deux ans auparavant. Nous nous la rappelions bien et convînmes que ce serait un bon choix, si l’établissement n’avait pas changé de main.
    C’était le cas. Le propriétaire que nous avions connu, Meister Piedersen, était toujours là. Immense et doté d’une barbe rousse, il était de ces aubergistes accueillants qui n’oublient ni un nom ni un visage, et il parlait l’anglais.
    — Dame Blanchard ! Messire Jenkinson ! Mais bien sûr, bien sûr que je me souviens de vous deux. Et ce gentilhomme est votre beau-père, dame Blanchard ? Soyez le bienvenu, messire. Mais où est messire Gerald ? Mort ? Je n’en avais pas idée. Quelle tristesse ! Je suis désolé de l’apprendre. Et c’est là votre pupille, messire ? Bienvenue, demoiselle Hélène. Le voyage a été long, semble-t-il. Vous devez être soulagés d’avoir quitté la France. Les histoires que nous avons entendues… ! Vous souhaitez qu’on vous appelle messire Drury, messire ? Certainement. Fiez-vous à ma discrétion. Oui, nous avons des chambres. Un marchand et ses commis viennent de partir…
    L’auberge me rappelait Gerald. Pendant que nous prenions un dîner tardif, je songeais constamment à toutes ces autres fois où j’avais mangé là avec lui. Après, les membres du groupe s’empressèrent d’aller se reposer. Mais l’une des qualités de Piedersen était de discerner les besoins de ses clients, parfois même de les devancer.
    — Désirez-vous rester seule, madame ? me demanda-t-il tout bas, alors que je m’étais arrêtée, hésitante, au sortir de la salle. Vous avez sans doute des souvenirs précieux auxquels vous voudriez songer. Mes clients sont presque tous sortis et l’auberge est calme. Il y a un petit salon, par ici, où vous serez tranquille pendant une heure ou deux.
    — Merci.
    Jusqu’alors, je n’avais pas ressenti à quel point j’avais besoin d’être seule. Le salon était exigu et sombre avec ses lambris de bois foncé, mais à l’instant où Piedersen referma doucement la porte, j’eus l’impression d’avoir trouvé un havre. La solitude m’apaisait tels de longs traits d’eau fraîche après des heures de soif. Je m’assis sur le siège de la fenêtre, tournée vers l’allée étroite sur le côté. J’apercevais un canal. Les canaux faisaient partie d’Anvers, autant que les rues. Je ne me rappelai pas à quelle

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