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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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ajouter à mon exaspération, la monture de Blanchard se mit à boiter. Nous fûmes contraints de faire halte dans une hostellerie des plus inconfortables, dans un hameau perdu au milieu de nulle part. Il y avait là, en principe, deux chevaux à louer, cependant ils ne seraient pas rendus avant deux jours. Jeanne, de toute façon, avait besoin de repos.
    Au moins avions-nous franchi la frontière. Cette pensée réconfortait mon beau-père, mais pas moi. Nous étions encore bien loin d’Anvers.
    Je pleurai cette nuit-là, en pensant à Dale dans sa prison et à Brockley, attendant mon retour avec anxiété. Au matin, je savais que j’avais les yeux rouges. Jenkinson le remarqua et, plus tard, vint dans la petite pièce humide où j’étais assise, vidée de toute énergie, avec Hélène, Jeanne restant couchée.
    — Nous arriverons, n’ayez crainte, me dit-il d’un ton ferme. Mettons donc ce temps à profit pour définir un plan d’action. Il est peu probable que je trouve tout de suite un navire pour l’Angleterre et dans l’intervalle, si je peux vous aider, vous pouvez compter sur moi. Donc, qu’avez-vous l’intention de faire à notre arrivée ? Je connais un peu Anvers.
    Je me demandai s’il y avait un endroit que Jenkinson ne connût pas. Cathay, peut-être, et encore, je n’en aurais pas juré.
    — Où se trouve l’entrepôt ? poursuivit-il. Près de l’Escaut ? La plupart d’entre eux sont situés au bord de l’eau.
    — Tout près, confirmai-je. À une demi-lieue au nord de la cathédrale. Du fleuve part tout un réseau de canaux et de pontons ; l’entrepôt est situé sur l’un d’eux. Il possède son propre débarcadère. On peut aussi y entrer de l’autre côté, par Hoekstraat – la « rue du Crochet ». Quand Gerald m’y a emmenée, nous sommes passés par la ville. Cette rue porte bien son nom car elle est d’abord toute droite, puis elle forme une courbe. La partie droite est parallèle au fleuve et l’entrepôt se trouve dans une rangée de bâtiments entre les deux. Mais la meilleure voie d’accès, c’est l’Escaut. Après m’avoir montré Hoekstraat, Gerald a loué une barque et nous avons emprunté le canal, jusqu’au débarcadère. Je pense que ce serait le moyen le plus facile de transporter le trésor. Des habitations bordent certains canaux. Si l’on pouvait s’arranger pour loger quelque part d’où l’on puisse se rendre en bateau jusqu’à l’entrepôt…
    — Mais, madame, objecta Hélène, le propriétaire aura appris depuis longtemps la mort de votre premier mari et votre départ. Que ferez-vous, s’il a trouvé un nouveau locataire ?
    — J’ai la clef.
    — Nous devrons donc le… cambrioler ?
    — En effet.
    — Il nous faudra d’abord trouver une hostellerie, dit Jenkinson, réfléchissant tout haut. Ensuite, nous chercherons à louer une maison sur un canal. Nous aurons ainsi plus d’intimité. Vous viviez jadis dans l’entourage de Sir Thomas Gresham. Lui rendrez-vous visite ?
    J’y avais songé. Quand on a quelque chose à cacher, il est bon de se conduire le plus naturellement du monde. Une fois à Anvers, il serait normal que je rende visite à Sir Thomas. Si je m’en abstenais, et qu’il apprenait ma présence par hasard, il se demanderait pourquoi.
    — Je pense que oui, répondis-je, néanmoins je devrai peser mes paroles, sans quoi il exigera que le trésor soit envoyé en Angleterre. Le sort d’une femme de chambre lui semblera sans doute de moindre importance.
    — Je vois, dit Jenkinson, se caressant la barbe d’un air pensif. On me l’a présenté. Discuter avec lui de certaines affaires commerciales serait fructueux pour moi, et il pourrait nous aider à obtenir des passages pour l’Angleterre. Rendons-lui visite tous ensemble. Vous n’aurez qu’à dire que messire Blanchard et vous souhaitiez vite quitter la France. Je ne vois aucune difficulté là-dedans.
    — Dommage qu’il y en ait tant pour atteindre Anvers ! répliquai-je.
     
    En dépit de mon impatience, j’étais lasse et je me réjouissais en secret de me reposer. Je dormais peu, d’un sommeil troublé par les cauchemars. Deux fois, la nuit suivante, je fus réveillée par des rêves terrifiants. La première, je me redressai, le cœur battant, convaincue qu’on avait mis le feu à l’auberge. Je restai ainsi dans le noir pendant plusieurs secondes avant que le silence et l’absence d’odeur de fumée ne me rassurent.
    Je me

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