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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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après-midi, profitant de ce que vous la laissiez sans surveillance…
    — Mais non ! Non ! gémit Hélène.
    — Je vous ai vue de mes yeux, rétorqua Blanchard. Je vous ai vue le quitter et revenir dans la cour de l’écurie ; je vous ai bien observée, jusqu’à ce que vous entriez. Pas la peine de geindre avec moi. Cela ne prend pas, mademoiselle ! Vous êtes fiancée, permettez-moi de vous le rappeler ! Promise à un jeune homme issu d’une bonne famille du Sussex, une famille catholique. Et que diront-ils si votre mari découvre lors de sa nuit de noce que vous êtes souillée ? Répondez-moi, petite traînée ! Est-ce qu’il vous a eue ? Hein ? interrogea-t-il en la secouant par les épaules.
    — Je ne suis pas une traînée ! pleurnicha-t-elle.
    — Vous lui aviez donné rendez-vous ! Je vous ai vus.
    — C’est vrai, mais juste pour parler. Il est gentil. J’apprécie sa compagnie. Toutefois nous n’avons rien fait de mal, ça non !
    — S’il s’avère que vous avez menti, menaça Blanchard, si vous perdez votre vertu avant d’être unie à votre compagnon légitime, vous regretterez de n’être pas morte. Vous verserez assez de larmes pour qu’un navire marchand y flotte et vous dormirez sur le ventre pendant une semaine. Je devrai dédommager votre fiancé, à supposer qu’il veuille encore de vous ! Très probablement, il refusera, et je perdrai tous les profits que j’aurais dû engranger !
    Il avait commencé d’un ton modéré, mais termina en hurlant car Hélène ne pleurait plus : elle criait et se débattait. Enfin, il recula et lâcha sa pupille sanglotante. Je tendis à celle-ci un mouchoir, puis dis à Blanchard :
    — Je crois que nous devrions en toucher un mot à Longman.
    — Cela ne servira à rien, intervint Hélène d’une voix étouffée, derrière son mouchoir. Il niera tout. Nous… en avons convenu ainsi, au cas où on l’interrogerait. Il tient à conserver sa place. Ce sera sa parole contre la vôtre.
    — Je vous ai vus ensemble !
    — Nous causions !
    — Les avez-vous vus faire davantage ? demandai-je à mon beau-père.
    De mauvaise grâce, il concéda que non.
    — Allez dans notre chambre, dis-je à la jeune fille.
    Je l’y accompagnai et en profitai pour lui murmurer :
    — Si vous vous êtes bornés à causer, il n’en résultera aucun mal. Il n’y a rien eu de plus, j’espère ?
    — Il m’a embrassée, chuchota Hélène. Mais c’est tout, en vérité.
    — Bien. Ne recommencez plus, ordonnai-je, et je l’enfermai à clef avant de retourner auprès de Blanchard.
    — À mon avis, elle dit la vérité, déclarai-je. Elle n’a pas eu beaucoup d’occasions de donner des rendez-vous, à Longman ou à un autre, et ces choses-là prennent du temps. Surtout avec de bonnes filles pieuses comme Hélène. Imaginez-vous que l’on puisse la séduire sans effort ?
    — Je n’avais aucune idée… non, aucune, de la responsabilité que représente une jeune fille de seize ans, avoua mon beau-père, passant une main sur son front en sueur.
    — Cela pourrait toutefois être un bon signe.
    — Un bon signe !
    — Son intérêt pour Clairpont montrait déjà qu’elle était sensible au charme masculin. Nous en avons maintenant confirmation. Quelle sorte d’épouse ferait une sainte d’albâtre ? Une femme doit être mue par quelques instincts naturels.
    — Elle n’a pas le droit d’en ressentir avant son mariage. C’est bien de vous, de prétendre pareille chose ! répliqua Blanchard avec humeur. Vous vous êtes enfuie avec Gerald. Tous deux, vous avez lâché la bride à vos « instincts naturels ». Oh, après tout qu’importe ! Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Mais je parlerai à Jenkinson, afin qu’il rappelle son valet à l’ordre. Les chevaux de cette auberge sont revenus dans l’après-midi. Nous partirons au matin. Oh, encore combien de lieues jusqu’à Anvers ? Y parviendrons-nous jamais ?

CHAPITRE XV

Au poisson frétillant
     
    Somme toute, il nous fallut dix jours pour arriver à Anvers. La contrariété de Blanchard ne s’était pas dissipée. Selon lui, Jenkinson avait pris trop à la légère le rendez-vous d’Hélène et de Longman.
    — Stephen n’est pas stupide, avait répondu le marchand. Il n’essaierait pas de séduire votre pupille, messire Blanchard. Quant à lui conter fleurette… Ma foi, pourquoi pas ? Cela ferait du bien à cette jouvencelle. Mais,

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