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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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j’ignorais ce que nous réservait l’avenir.
    Comment pouvions-nous le savoir ? Iseult avait
peut-être dit la vérité : alors, Alfred me donnerait du pouvoir, et
peut-être mènerais-je une horde resplendissante et aurais-je une femme d’or… mais
je commençais à douter. Tout ce que je savais en cet instant, c’était que la
terre s’étendait au sud jusqu’à une crête couronnée de neige et finissait dans
une étrange clarté vide. L’horizon ressemblait au bord du monde, suspendu
au-dessus d’un abîme de lumière nacrée.
    — Nous continuerons au sud, dis-je.
    Il n’y avait rien d’autre à faire que marcher vers cette
clarté. Et nous continuâmes sur un chemin de bergers jusqu’à la crête, d’où les
collines dévalaient jusqu’aux vastes marécages et à la mer. Cette clarté, c’était
la lumière d’hiver se reflétant dans les criques et les marais.
    — Et maintenant ? demanda Leofric.
    Je n’avais pas de réponse. Nous étions assis sous un if courbé
par le vent et contemplions l’immense étendue de vase, d’eau, d’herbes et de
roseaux. Le marais s’étendait dans les terres depuis la Sæfern. Pour atteindre
le Defnascir, je devais le traverser ou le contourner. Si nous le contournions,
nous devrions passer par la voie romaine, où se trouvaient les Danes. Si nous
voulions le traverser, d’autres périls nous guettaient. J’avais entendu mille
histoires d’hommes qui s’y étaient perdus. On disait qu’y habitaient des
esprits qui se montraient la nuit sous la forme de lueurs tremblotantes et que
certains chemins ne menaient qu’à des trous remplis d’eau ou à des sables
mouvants. Pourtant, il y avait là aussi des villages de pêcheurs d’anguilles :
ces gens étaient protégés par les esprits et les brutales marées qui pouvaient
noyer une route en un instant. À présent, alors que les dernières neiges
fondaient sur les rives, le marais ressemblait à une vaste plaine gorgée d’eau
dont les rivières et mares étaient gonflées par les pluies d’hiver ; lorsque
la marée montait, il devenait une mer ponctuée d’îlots. Nous en aperçûmes un
non loin, où se dressaient quelques cabanes. Nous y trouverions chaleur et
nourriture si nous l’atteignions. Finalement, nous pourrions traverser tout le
marais d’île en île, mais cela prendrait plus d’une journée et nous devrions
nous abriter à chaque marée haute. Je contemplai les longues étendues d’eau, noires
sous le Ciel plombé de nuages, et je fus découragé ; je ne savais ni où
nous allions, ni pourquoi, ni ce que nous réservait l’avenir.
    — Nous devons gagner cette île, dis-je alors qu’il
commençait à neiger.
    Mais les autres regardaient à l’ouest, où une nuée de
pigeons s’étaient envolés d’un bosquet.
    — Il y a quelqu’un là-bas, dit Leofric.
    Nous attendîmes. Les pigeons se posèrent un peu plus haut
sur la colline.
    — Peut-être est-ce un sanglier, avançai-je.
    — Il ne les aurait pas effrayés, pas plus qu’un cerf, dit
Leofric. Il y a quelqu’un là-bas.
    Sangliers et cerfs me firent penser à mes chiens. Mildrith
les avait-elle abandonnés ? Je ne lui avais pas même confié où étaient
cachés les restes du butin amassé sur la côte des Galles. J’avais creusé un
trou dans un coin de mon château nouvellement bâti puis dissimulé l’argent et l’or
auprès d’un pilier. Ce n’était pas la plus astucieuse des cachettes, s’il y
avait des Danes à Oxton et qu’ils cherchaient dans le château où la terre avait
été remuée. Un vol de canards passa au-dessus de nous. La neige tombait de plus
en plus dru, voilant l’horizon.
    — Des prêtres, dit Leofric.
    Une demi-douzaine d’hommes en froc noir sortaient des arbres
et longeaient le marais, cherchant un chemin dans ce dédale. Comme ils n’en
trouvaient aucun menant aisément à la petite île, ils se rapprochaient de nous.
L’un d’eux portait un long bâton, et malgré la distance je vis qu’il brillait. Ce
devait être la crosse d’un évêque, qui porte souvent une croix en argent. Trois
autres portaient de lourds sacs.
    — Penses-tu que ce sont des vivres ? demanda
Leofric.
    — Ce sont prêtres, dis-je d’un ton féroce. Ils
transportent de l’argent.
    — Ou des livres, dit Eanflæd. Ils aiment les livres.
    — C’est peut-être de la nourriture, reprit Leofric, guère
convaincu.
    Un groupe de trois femmes et deux enfants apparut. L’une

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