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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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j’arrêtai le cheval et que je pris la
hache de Leofric. L’animal me regarda de son grand œil brun.
    — Ceci est pour Odin, dis-je.
    Et j’abattis la hache sur son cou, tranchant net crinière et
peau. Une femme poussa un cri derrière moi lorsque le sang jaillit. Le cheval
hennit et tenta de se cabrer, mais j’abattis de nouveau la hache. Cette fois, l’animal
s’écroula en agitant les jambes dans une gerbe d’eau et de sang. La neige fut
teintée de rouge quand j’assenai mon dernier coup et l’achevai. Le cadavre
était maintenant un obstacle en travers du chemin, que les Danes devraient
franchir de haute lutte. Je repris Souffle-de-Serpent.
    — Nous les tuerons l’un après l’autre, dis-je à Leofric.
    — Combien de temps tiendrons-nous ?
    Il désigna l’ouest et je vis d’autres Danes accourir, tout l’équipage
d’un bateau débarqué à cheval et massé au bord du marais. Cinquante, peut-être
davantage. De toute façon, ils ne pouvaient avancer qu’un par un, et affronter
Souffle-de-Serpent et la hache de Leofric pour franchir le cadavre. Leofric fit
le signe de croix, toucha sa lame et leva son bouclier alors qu’arrivait l’ennemi.
    Ils furent d’abord deux. Jeunes, féroces, avides de se faire
une réputation. Le premier fut arrêté par un coup de hache sur son bouclier, tandis
que je glissais mon épée par-dessous et lui fendais la cheville. Il tomba en
poussant un juron et fit trébucher son compagnon, tandis que Leofric assenait
un second coup. L’autre homme prit la pointe de Souffle-de-Serpent dans la
gorge et s’écroula à son tour sur le cheval mort, renforçant notre barricade. Je
narguai les autres, les traitant de vers de terre et leur disant que mes
enfants se battaient mieux qu’eux. Un autre arriva et bondit par-dessus le cheval
en poussant un cri de fureur, mais il fut accueilli par le bouclier de Leofric
et mon épée. Deux autres tentèrent de franchir l’obstacle. L’un reçut un coup d’épée
dans le ventre et l’autre à la gorge. J’exultais, car le calme de la bataille
descendait sur moi, cette paix bénie que j’avais éprouvée à Cynuit, une joie
qui ne se compare qu’à celle apportée par une femme.
    C’est comme si la vie ralentissait. L’ennemi bougeait comme
empêtré dans la boue, mais j’étais vif comme un martin-pêcheur. Il y a une
fureur, mais maîtrisée, et une joie, celle célébrée par le poète quand il
chante la bataille, et la certitude que la mort n’est pas dans le destin du
jour. Ma tête résonnait de chants, d’une note bourdonnante et suraiguë qui
était un hymne à la mort. Cinq cadavres m’entouraient, et les Danes vivants y
regardaient à deux fois. Je me dressai sur le cheval mort et écartai les bras, bouclier
d’une main, épée de l’autre, ma cotte de mailles ruisselante de sang.
    — J’ai occis Ubba Lothbrokson ! leur criai-je. C’est
moi qui l’ai occis ! Venez le rejoindre ! Goûtez sa mort ! Mon
épée vous désire !
    — Des bateaux ! s’écria Leofric.
    Je ne l’entendis pas. Un homme que j’avais cru noyé était
toujours vivant et surgit soudain du marais en suffoquant et vomissant. Je bondis
de mon perchoir et le replongeai dans l’eau.
    — Laisse-lui la vie ! cria une voix derrière moi. Je
veux un prisonnier !
    L’homme se débattait, mais un coup de Souffle-de-Serpent l’acheva
en lui brisant l’échine.
    — Des bateaux ! répéta Leofric.
    Je me retournai et vis trois longues barques poussées par
des perches qui abordèrent auprès des réfugiés et les chargèrent à leur bord. Les
Danes, comprenant que Leofric et moi devions battre en retraite si nous
voulions embarquer à notre tour, se précipitèrent sur nous. Je les accueillis d’un
sourire.
    — Le bateau de gauche a de la place pour nous, dit
Leofric. Nous allons devoir courir.
    — Je reste, criai-je en danois. Je m’amuse.
    Soudain, un homme dépassa les autres Danes et arriva devant
moi. Il portait une cotte de mailles et un casque argenté couronné d’une aile
de corbeau. Il l’ôta et je vis l’os doré accroché dans ses cheveux. C’était
Guthrum en personne. L’os était l’une des côtes de sa mère, qu’il portait en
hommage à sa mémoire. Il me fixa de son triste regard et considéra les hommes
que j’avais tués.
    — Je te traquerai comme un chien, Uhtred Ragnarson, dit-il.
Et comme un chien je t’occirai.
    — Je n’ai jamais connu ta mère, lui criai-je, mais

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