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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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navires ?
    Je n’en savais rien. Nous pouvions emmener soixante-dix
hommes combattre les soixante-dix Danes, mais au bout du compte, si nous étions
victorieux, nous aurions de la chance s’il nous en restait vingt. Ceux-là
pourraient brûler les navires, bien sûr, mais je doutais que nous survivions
longtemps. Il y avait foule de femmes danes à Cynuit : elles se
joindraient à la bataille et nous pourrions être vaincus par le nombre.
    — Le feu, s’enthousiasma Egwine, nous pouvons l’emporter
dans des barques et le projeter depuis la rivière.
    — Ils ont des gardes, dis-je d’un ton las, et ils nous
lanceront haches, flèches et lances. Tu pourras brûler un bateau, rien de plus.
    — Nous irons de nuit.
    — C’est presque la pleine lune, ils nous verront
arriver. Et s’il n’y a point de lune, nous ne verrons point leur flotte.
    — Que ferais-tu, alors ? répéta Alfred.
    — Dieu enverra le feu du Ciel, clama l’évêque.
    Personne ne répondit.
    Alfred se leva. Nous en fîmes autant. Il me désigna.
    — Tu détruiras la flotte de Svein et tu me diras
comment d’ici à ce soir. Si tu ne le peux, alors toi (il désigna Egwine), tu
iras en Defnascir trouver l’ealdorman Odda et tu lui ordonneras d’amener ses
hommes à l’embouchure et de le faire.
    — Oui, seigneur, répondit Egwine.
    — Avant ce soir, me répéta Alfred froidement avant de
sortir.
    Il me laissa fâché. Il l’avait fait exprès. Je me rendis au
fort nouvellement construit avec Leofric puis contemplai les marais et les
nuages massés au-dessus de la Sæfern.
    — Comment brûler vingt-quatre navires ? demandai-je.
    — Dieu enverra le feu du Ciel, voyons, répondit-il.
    — Je préférerais qu’il envoie mille soldats.
    — Alfred ne mandera point Odda. Il l’a juste dit pour t’agacer.
    — Mais il a raison, n’est-ce pas ? Nous devons
nous débarrasser de Svein.
    — Comment ?
    Je fixai la digue qu’Haswold avait édifiée. L’eau, au lieu
de couler en aval, remontait, poussée par la marée.
    — Dans une histoire de mon enfance, dis-je, tentant de
me souvenir de cette légende racontée par Beocca, le dieu chrétien a fendu la
mer en deux, n’est-ce pas ?
    — Moïse, oui.
    — Et quand l’ennemi s’y est engouffré, il s’est noyé.
    — Habile, reconnut Leofric.
    — Voilà comment nous allons nous y prendre.
    — Comment ?
    Mais au lieu de le lui dire, je mandai les villageois et
parlai avec eux. À la nuit, j’avais mon plan. Comme il était inspiré par les saintes
écritures, Alfred l’approuva volontiers. Je pris un jour de plus pour tout
préparer. Nous devions rassembler assez de barques pour transporter quarante
hommes, et il me fallait aussi Eofer, l’archer bredin. Ne comprenant pas ce que
je voulais, il poussa des cris terrifiés. Une petite fille d’une dizaine d’années
lui prit la main et lui expliqua qu’il devait aller chasser avec nous.
    — Il te fait confiance ? demandai-je à l’enfant.
    — C’est mon oncle, annonça-t-elle.
    Eofer s’était calmé et lui tenait toujours la main.
    — Fait-il ce que tu lui demandes ?
    Elle opina gravement et je lui dis qu’elle devait venir avec
nous pour que son oncle soit content.
    Nous partîmes avant l’aube. Nous étions vingt villageois, habiles
à naviguer, vingt guerriers, un archer simple d’esprit, une enfant et Iseult. Alfred
nous regarda partir puis se rendit à l’église d’Æthelingæg, désormais ornée d’une
croix toute neuve taillée dans l’aulne.
    Bas dans le Ciel, au-dessus de la croix, brillait la pleine
lune, pâle comme spectre. Alors que le soleil se levait, elle pâlissait encore.
Tandis que les dix barques glissaient sur la rivière, je la contemplai en
prononçant une prière muette à Hoder : la Lune est son épouse, et c’est
elle qui devait nous accorder la victoire. Car pour la première fois depuis l’attaque
de Guthrum à l’hiver, les Saxons ripostaient.

8
    Avant que la Pedredan n’atteigne la mer, elle décrit dans le
marais une grande courbe, presque un quart de cercle. C’est au début de cette
courbe que se trouvait un autre village. Son nom, Palfleot, signifie « le
lieu des piquets », car ses premiers habitants y avaient placé des pièges
à anguilles sur de tels piquets. Mais les Danes les avaient chassés, il ne
restait plus que pieux calcinés et vase noircie. C’est là que nous abordâmes en
frissonnant. La marée descendait, découvrant les

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