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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tachée du sang d’Haswold.
    Nous ne pûmes nous asseoir qu’une fois la messe dite par l’évêque
d’Exanceaster. Il y avait là six prêtres et autant de guerriers. J’étais à côté
de Leofric, tandis que les quatre autres étaient d’anciens gardes d’Alfred. L’un
d’eux, un barbu grisonnant appelé Egwine, me conta qu’il avait mené cent hommes
à la colline d’Æsc, et jugeait que c’était à lui de conduire toutes les troupes
du marais. Je savais qu’il avait plaidé sa cause auprès du roi et de Beocca, qui
siégeait sous l’estrade à une table branlante pour consigner toutes les paroles.
Il avait du mal, car son encre était vieille et diluée, sa plume éraillée et
ses parchemins, les larges marges arrachées d’un missel. Il était mécontent, mais
Alfred tenait à garder trace des débats.
    Le roi remercia cérémonieusement l’évêque pour sa prière, puis
annonça, fort raisonnablement, qu’il ne pouvait espérer s’occuper de Guthrum
tant que Svein n’était point défait. C’était la menace la plus immédiate car, même
si ses hommes étaient pour la plupart en train de piller le Defnascir, il
disposait encore de navires pouvant pénétrer dans le marais.
    — Vingt-quatre, dit-il en m’interrogeant du regard.
    — Oui-da, seigneur, confirmai-je.
    — Aussi, quand ses hommes seront assemblés, il en
comptera mille. (Alfred nous laissa méditer sur ce chiffre un moment, tandis
que Beocca déplorait une tache sur son parchemin.) Mais il y a deux jours, reprit-il,
seuls soixante-dix soldats gardaient les navires à l’embouchure de la Pedredan.
    — Au moins, nuançai-je. Peut-être y en avait-il d’autres
que nous n’avons vus.
    — Moins de cent, cependant ?
    — Je le pense, seigneur.
    — Nous devons donc les affronter avant qu’arrivent les
renforts.
    Il y eut un silence. Nous savions tous combien nous étions
faibles. Quelques hommes nous rejoignaient, comme les six qui accompagnaient
Beocca ; mais c’était peu, soit parce que la nouvelle de la cachette du
roi se répandait lentement, soit à cause du temps glacial et humide qui n’engageait
point à cheminer. Il n’y avait pas un seul thane parmi les nouveaux venus. Les
thanes étaient des nobles, des propriétaires, pouvant amener quelques
vingtaines d’hommes à la bataille. Les thanes étaient la puissance du Wessex, mais
aucun n’était là. Certains, nous apprit-on, avaient fui le pays, tandis que d’autres
tentaient de protéger leurs terres. Alfred, j’en étais certain, se serait senti
plus à l’aise avec une douzaine d’entre eux à ses côtés, mais il devait se
contenter de Leofric, Egwine et moi.
    — Quelles sont nos forces, pour l’heure ? nous
demanda-t-il.
    — Nous sommes plus de cent, déclara Egwine d’un ton
enjoué.
    — Dont seulement soixante ou soixante-dix sont en état
de se battre, dis-je.
    Il y avait eu un accès de maladie : des hommes
souffraient de fièvre et maux de ventre, et vomissaient. C’était fréquent dans
les armées.
    — Cela suffit-il ? demanda Alfred.
    — Pour quoi, seigneur ? demanda Egwine, qui n’était
point futé.
    — Pour vaincre Svein, évidemment, répondit le roi.
    Un silence avait accueilli cette question absurde, puis Egwine
se redressa.
    — Plus qu’assez, seigneur !
    — Et comment te proposes-tu d’agir ? s’enquit
Alfred.
    — Prenons tous nos hommes en état et attaquons !
    Beocca n’écrivait plus. Il savait qu’il entendait des
sottises et refusait d’y gâcher son peu d’encre.
    — Est-ce possible ? me demanda Alfred.
    — Ils nous verront arriver. Ils seront prêts.
    — Passons par les terres, suggéra Egwine.
    Alfred m’interrogea de nouveau du regard.
    — Æthelingæg ne sera plus défendue, expliquai-je, et
cela nous prendra au moins trois jours, au bout desquels nos hommes auront
froid et faim, et seront fatigués. Les Danes nous verront surgir des collines, cela
leur donnera le temps de s’armer. Au mieux, nous serons à nombre égal. Au pire ?
    Je me contentai de hausser les épaules. En trois ou quatre
jours, le reste des forces de Svein serait de retour, et nos soixante à
quatre-vingts hommes se trouveraient face à une horde.
    — Alors que ferais-tu ? demanda Alfred.
    — Je détruirais leurs navires.
    — Continue.
    — Sans navire, ils ne pourront remonter les rivières et
seront coincés.
    Alfred opina et Beocca reprit ses notes.
    — Comment détruirais-tu les

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