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Le règne des lions

Le règne des lions

Titel: Le règne des lions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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flamboiement. Vous l’auriez su si cela s’était produit. Rendez-la à son attente…
    — Sinon ? me défia-t-il.
    — Sinon cet empire que vous bâtissez ce jourd’hui s’écroulera avec le dernier de votre lignée.
    Il soupira.
    — Je croyais que tu serais heureuse de voir légitimer l’influence druidique sur ma terre, de clouer le bec des corbeaux noirs de l’Eglise. Je me suis trompé, visiblement. Cette épée n’est qu’une copie, Loanna. L’original est toujours en la tombe d’Arthur, que j’ai fait soigneusement sceller.
    Je soutins son regard. Il sembla sincère, mais j’avais perçu sous mes doigts, une fraction de seconde, le souffle de magie qui émanait de l’acier. Nul à part celui qui l’avait forgé n’aurait pu le lui rendre.
    — Mensonge ou vérité, Henri, l’avenir le dira.
    Il se mit à rire.
    — Les croyances sans les actes ne sont rien, Loanna. Cesse de bouder et allons célébrer la naissance du Christ. C’est pleine lune ce soir, preuve que même ta déesse mère est d’accord avec moi…
    Le lendemain matin, jour de Noël, une nouvelle ébranlait ses convictions, bouleversait Aliénor et ramenait à la surface mes vieux démons d’autrefois. Alix et Marie avaient disparu de leur chambre. À quelques pas de leur couche, leur nourrice baignait dans une mare de sang.
    Anselme de Corcheville était passé par là.

8
     
     
    U ne missive avait été retrouvée près des linges renversés des fillettes. Aliénor refusa de croire qu’un des ravisseurs l’ait perdue. Elle connaissait suffisamment Thibaud de Blois qui l’avait signée pour comprendre qu’il lui lançait là un défi. La preuve tenait en ces seules phrases :
    «  Ces enfants sont désormais, et par la volonté de leur père, placées sous ma seule autorité de par leurs fiançailles. Ramenez-les-moi et laissez à la duchesse d’Aquitaine le soin de s’en plaindre à son roi ! »
    Bien évidemment, ce fut la seule idée qui lui vint tandis que, rouge de colère et de désespoir, elle martelait à pas vif le parquet de la pièce.
    Une épaule appuyée contre la croisée qui donnait sur l’arrière-cour, Henri était plus pragmatique. Suivant des yeux le ballet des serpillières qui tentaient de chasser l’écarlate épais du sang des rainures du plancher, il songeait que ces assassins étaient entrés sans peine dans le palais, avaient accompli leur besogne tranquillement puis s’étaient évaporés, sans doute par le fleuve, avant la relève de la garde. Cette dernière avait bien signalé que le veilleur manquait à son poste, mais, en cette nuit de Noël, on avait eu l’indulgence de ne pas s’en inquiéter. Tout avait, de fait, servi au crime, couvrant la retraite de ceux qui l’avaient perpétré. Il avait aussitôt lancé ses hommes sur d’éventuelles traces mais se doutait bien qu’ils reviendraient bredouilles. L’affaire avait été rondement menée.
    — Je vais réduire en cendres son castel, lui faire rendre gorge, l’émasculer, grondait Aliénor, l’image du visage narquois de Thibaud de Blois devant les yeux.
    Elle agitait les bras tel un moulin ses ailes par vent d’orage, refusant de quitter la pièce, gênant le travail de la souillon et retardant leur parution au grand banquet. Car, pour autant, leurs vassaux les attendraient bientôt dans la salle de réception et ils se devraient de faire bonne figure puisqu’ils ne pouvaient rien d’autre.
    Congédiant la servante, Henri vint s’interposer sur la route de son épouse, qui la menait de la porte au lit de ses filles, du lit à la porte. Il fallait en finir.
    — Suffit, ma reine, exigea Henri en la prenant par les bras. Vous n’y changerez rien et moi non plus.
    — Vous croyez, persifla Aliénor, rageuse, c’est bien mal me connaître, mon époux. Dussé-je galoper nuit et jour jusqu’à Paris…
    Un sourire triste étira la bouche d’Henri.
    — Louis ne vous recevra pas. Ou, s’il y consent, ce sera pour vous couvrir d’autres griefs, bien plus graves, car enfin, Aliénor, si les manières n’y sont pas, vous en avez usé de même en soustrayant Marie à la famille de son fiancé. Elle vous rend monnaie de votre pièce, et avec intérêt encore, puisque Louis, visiblement, a noué nouvelle alliance pour Alix.
    Elle le foudroya d’un œil tueur.
    — Vous voudriez que j’abdique ? que je les abandonne ? Jamais, vous entendez ? Jamais !
    Il l’attira dans ses bras, indifférent à sa

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