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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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simplement pour que nous puissions nous échapper indemnes, que Sa Grâce rejoigne son époux et que nous soyons tous sains et saufs.
    — Dites-moi, Mathilde…
    Dunheved se tourna vers moi en plissant ses petits yeux rusés comme si la lumière des candélabres les blessait.
    — À votre avis, pourquoi les Aquilae sont-ils en ces lieux ?
    — Pour protéger Sa Grâce.
    — Je m’interroge, commenta Louis Beaumont.
    — Moi de même, releva Dunheved.
    — Ils ont une mission capitale, intervint Henry, désireux de montrer sa loyauté. Lord Gaveston les a dépêchés céans pour défendre la souveraine. Je suis persuadé que c’est la bonne raison.
    — Et pour l’espionner ? ajouta Dunheved, acerbe.
    Beaumont se contenta de hausser les épaules et se cacha le visage derrière sa coupe de vin.
    — Et ces meurtres ? interrogea Lady Vesci en agitant les doigts dans ma direction. J’ai cru comprendre, Mathilde, c’est du moins ce que colporte la rumeur, que le roi vous a remis son sceau secret pour diriger l’enquête. Est-ce vrai ?
    Je gardai par-devers moi mes réflexions sur ces trépas. Bien que n’ayant pas de solution à ces mystères, je décidai cependant de divulguer mes conclusions pour voir quelle réponse elles provoqueraient.
    — Il me semble…
    Je me tus, comme si j’écoutais le vent battant tel un spectre furieux contre les volets de bois ; logée fort haut, exposée aux rafales mordantes et aux violentes averses, ce bruit paraissait à présent dominer ma vie. Je me souvins de chansons de mon enfance. Nous nous rassemblions autour du feu, en hiver, et chantions l’approche de l’été. J’avais tellement envie d’être loin de ce triste château, dans une prairie baignée de soleil.
    Henry sourit :
    — Mathilde, quelle est donc votre opinion ?
    — En ce qui concerne Lanercost, commençai-je, tous ceux qui sont présents céans assistaient à la messe en compagnie de frère Stephen quand l’Aquilae est tombé de la tour. J’ignore pourquoi il y est monté et pourquoi il n’avait point d’arme, bien qu’il soit malaisé de grimper à l’échelle en portant un ceinturon. Il en va de même pour Leygrave. Pourquoi, lui aussi désarmé, est-il retourné à l’endroit où son ami intime avait été si mystérieusement occis ? Personne ne les a vus monter. Il n’y a nulle trace de lutte dans le clocher. Il est sûr que Leygrave a chu de l’appui de la fenêtre sur lequel il était perché. Mais, là encore, nous ne savons rien de plus. Frère Eusebius, le carillonneur ? Ou plutôt, corrigeai-je avec un petit sourire, l’assistant du carillonneur. Peut-être a-t-il été témoin de quelque chose, d’où sa fin tragique.
    — Et Kennington ? s’interposa le dominicain.
    — Je ne sais pas, mon frère. Trois hommes, armés et vigilants, montaient la garde sur le hourd de la tour. Ils craignaient les ennemis de l’extérieur. Sans doute avaient-ils, de plus, eu vent d’ennemis à l’intérieur. Leur nourriture et leur boisson n’ont pas été empoisonnées. On n’a pas donné l’alarme, pourtant quelqu’un ou quelque chose a pénétré dans cette tour et a gravi l’escalier en passant devant les chambres de Middleton et de Rosselin. L’attaquant ou les attaquants se sont rendus sur le hourd et soit ont tué ces trois hommes et les ont jetés par-dessus la muraille, soit…
    La voix me manqua.
    — J’ai réfléchi à leur disparition, remarqua Dunheved en se balançant un peu d’avant en arrière. Mon ordre fournit des membres à la Sainte Inquisition. Nos tribunaux enquêtent sur la magie noire et la sorcellerie. Est-ce de cela qu’il s’est agi là-haut ? La veille, sur une période de douze heures, de six heures du soir à six heures du matin, se divisait en trois. Middleton a pris le premier quart, Rosselin le deuxième et Kennington le troisième. Madame, vous avez examiné les gobelets et le plat ; ces hommes n’ont pas été endormis à l’aide d’une potion ou d’une poudre. Je n’ai pas vu de taches de sang en haut de la tour. Pas de trace de combat. Je me demande vraiment si un démon sorti des ténèbres ne s’est pas glissé dans la tour pour les précipiter dans la mort.
    Henry Beaumont se mit à rire en secouant la tête.
    — Monseigneur, avez-vous une meilleure explication ? voulut savoir le dominicain, refusant de se laisser intimider.
    La conversation porta quelques instants sur l’influence des démons, la possibilité

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