Le retour de la mariée
l’admirait déjà tant.
Logan l’intriguait et l’intimidait à la fois. D’ailleurs, elle mourait d’envie de savoir avec qui et pourquoi il s’était battu, mais elle n’osait pas le lui demander.
— Encore une chose, dit l’avoué en la tirant de ses pensées. M. Grey m’a demandé de vous remettre un exemplaire de ce document.
Caroline prit le dossier étroit qu’il lui tendait. Il lui échappa des mains quand elle lut sur le carton rigide le titre qu’il portait.
Testament.
Logan haussa les épaules en secouant la tête, l’air excédé.
— Ce n’est qu’une précaution, dit-il pendant que Tom Addison se baissait pour ramasser la mince plaquette. Vous n’aurez qu’à le ranger dans un coin. Avec un peu de chance, vous ne l’ouvrirez pas avant une trentaine d’années. En tout cas, je vous remercie, Tom. Voilà une affaire réglée !
Addison les raccompagna jusqu’à la porte d’entrée.
— J’ai quelques courses à faire, Caroline, dit Logan en remettant son chapeau. Vous m’accompagnez ?
Sans attendre sa réponse, il lui offrit le bras, ou plutôt prit le sien et lui fit traverser la rue pour descendre Throckmorton Street du côté du soleil.
Dépassée par les événements, Caroline n’osait pas protester, et n’en avait d’ailleurs nulle envie.
— Cade et Holt vont m’accompagner, dit-il. L’express part à 9 heures, demain matin. Je vous ai pris un billet pour Artesia.
Caroline lui jeta un coup d’œil à la dérobée. Il affectait un air dégagé, sans doute pour éviter toute discussion. Il craignait, non sans raison, qu’elle ne souhaite l’accompagner jusqu’au terminus de la ligne, à Van Horn. Caroline avait prévu la difficulté, et savait comment parvenir à ses fins sans avoir à lui demander son autorisation.
A Artesia, le train restait plus d’une heure en gare, le temps de reprendre du charbon et de l’eau. Elle aurait le temps de passer rapidement à la maison, d’acheter un billet et de remonter discrètement dans un compartiment aussi éloigné que possible de celui qu’elle venait de quitter. A Van Horn, une fois la surprise passée, les trois anciens pensionnaires de celle qu’ils appelaient encore « Nana Nellie » seraient bien obligés de tolérer sa présence.
Comme il l’avait annoncé, Logan fit ses courses. Dans le bazar où l’on vendait de tout, il disposa ses achats sur un comptoir en demandant qu’ils soient livrés à son hôtel. Couvertures, bâches, nourriture et matériel de cuisine adapté aux campements en plein air étaient entassés pêle-mêle. Caroline s’étonna de le voir s’intéresser à un gant de base-ball.
Il le reposa, alla chercher deux paquets de cartes et revint au gant, qu’il prit entre deux doigts.
— Est-ce que Will aime le base-ball ?
— Il s’entraîne tous les jours, ou presque.
— Alors il a un gant, fit-il en reposant l’objet pour la deuxième fois.
Il avait de toute évidence envie d’offrir ce gant à son fils. Mais pourquoi hésitait-il ainsi ? Elle voulut l’encourager.
— A la batte, Will est vraiment très fort, dit-elle, mais au lancer et à la réception il manque encore de précision. Ben l’aide bien, mais avec ses rhumatismes… Et puis son gant est tout usé.
Logan semblait dramatiquement partagé entre la convoitise et la retenue. Son hésitation faisait peine à voir. Caroline n’y tint plus.
— Pour l’amour du ciel, achetez ce gant, et qu’on n’en parle plus !
— J’ai peur, dit-il en souriant tristement, qu’il me le jette à la figure. C’est avec moi qu’il aurait dû s’entraîner pendant tout ce temps !
La fragilité que dénotaient ces paroles attendrit le cœur de Caroline. Comment un homme aussi rude pouvait-il se montrer aussi sentimental ?
— Mais Will rêve de s’entraîner avec vous !
— Vous croyez ?
— J’en suis sûre.
Logan abandonna alors toute retenue. Il prit le gant, mais aussi des balles et une batte. Un lance-pierre aussi, et un échiquier, ainsi qu’un chapeau de paille. Quand elle le vit s’intéresser aux cycles, Caroline s’interposa.
— Arrêtez, Logan. Inutile de le gâter ainsi.
— Je ne le gâte pas. En fait de cadeaux, j’ai quatorze anniversaires à rattraper, et autant de fêtes de Noël.
Incapable de réfuter cet argument, elle se mit à discuter avec lui de la couleur de la bicyclette. Finalement, le rouge l’emporta.
— Est-ce que Will a un chien ? dit Logan
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