Le retour de la mariée
mettait en garde contre les exigences de ses instincts.
Il était trop tôt. Caroline et lui avaient encore beaucoup de problèmes à régler, de dispositions à prendre. En s’abandonnant d’emblée à leurs désirs, ils ne feraient que compliquer une situation déjà difficile.
Cessant donc de l’étreindre, il lui baisa la bouche avec force, comme pour lui demander pardon, se détacha d’elle et s’allongea sur le dos, les lèvres pincées pour résister à la douleur de l’élan brisé, à la frustration qu’il ressentait.
Pendant au moins une demi-minute, Caroline demeura immobile, puis finit par redresser le buste, pour se tenir assise.
— Seigneur, murmura-t-elle.
Elle sauta tant bien que mal hors du lit et lui fit face, les yeux grands ouverts, pleins d’une fureur sauvage.
— Seigneur, gronda-t-elle.
Elle referma maladroitement le haut de son corsage, les mains tremblantes. Elle était rouge de confusion.
— Dehors, dit-elle en ouvrant la porte, quand le dernier bouton fut en place.
Logan soupira et se tint assis, à son tour.
— Caroline…
— Va-t’en, s’il te plaît, va-t’en. Tu sais partir, ajouta-t-elle. C’est même ta spécialité, non ?
Il se dressa pour aller vers elle.
— Caroline…
— Tais-toi ! Va-t’en ! J’ai déjà commis cette erreur une fois. Pas question que cela se reproduise !
De quoi parlait-elle ? De faire l’amour avec lui ?
— Tu n’as pas couché avec un autre homme depuis ? J’étais jeune et inexpérimenté, d’accord. Mais je ne t’ai tout de même pas dégoûtée du sexe, si ?
— Je n’ai fréquenté personne d’autre, si tu veux le savoir, mais c’est sans importance. J’ai élevé seule un enfant. Je n’ai pas l’intention de renouveler l’aventure, tu m’entends ? Jamais, jamais plus ! Sors d’ici à l’instant, Logan Grey, sinon je te… je te…
Pendant qu’elle cherchait ses mots, Logan eut brièvement le temps de penser que depuis quatorze ans sa femme lui était restée fidèle, puis il prit conscience du sens de ses paroles.
— Attends une minute ! lança-t-il en se fâchant à son tour. Tu as raison de m’en vouloir, je ne dis pas le contraire. Mais je tire des leçons de mes expériences, généralement. Ne va pas croire que je t’abandonnerais si tu étais de nouveau enceinte, parce que ce n’est pas vrai. Je ne te laisserais passeule. Prends ça pour une promesse ou un avertissement, à ta guise !
Il prit son chapeau pour sortir mais s’arrêta avant d’avoir franchi la porte.
— Je ne sais pas comment les choses vont se passer entre nous, Caroline. Donnons-nous le temps de la réflexion. Tu me plais, c’est certain, tu me plais même beaucoup. J’ai dû faire un effort terrible pour me retenir, là, tout de suite, mais je l’ai fait. Tu pourrais me reconnaître au moins ça.
— Nous ne sommes pas en compétition, Logan Grey.
— Pour le moment, on dirait plutôt que nous sommes en guerre. Et pour ne pas te mentir, tu dois reconnaître que c’est moi qui ai freiné le mouvement, aujourd’hui. Regrette-le si tu veux, mais tu serais bien allée jusqu’au bout de l’affaire !
Elle frémit sous l’offense et blêmit.
— Je suis bien obligée de le reconnaître, dit-elle d’une voix blanche.
Que de complications et de discussions inutiles ! Logan se passa la main dans les cheveux, pour tenter de reprendre son calme.
— Ecoute, Caroline. Je ne veux pas te faire de la peine. Il est évident qu’il y a quelque chose entre nous, ne dis pas le contraire. Ce que nous réserve l’avenir, on ne le sait pas. Mais ce serait dommage de tout gâcher. Tu le dis toi-même, nous avons failli faire l’amour, tu le voulais, tu étais prête à tout, dans la chaleur du moment…
— J’ai eu tort. Je ne suis pas venue te chercher pour que tu me troubles les sens, mais pour que tu m’aides à sauver… celui pour qui je crains le pire. Je refuse d’être l’esclave de mes émotions, Logan Grey.
— Il me semble raisonnable d’en jouir sans en être esclave, fit-il observer. Et tu ne dois pas avoir sans cesse en tête la fugue de Will et le chagrin qu’il te cause, sous peine de devenir folle. Tu peux m’en croire, j’ai malheureusement l’expérience d’une situation bien pire.
Il dut se taire, le temps de chasser de son esprit un souvenir obsédant.
— Cela dit, reprit-il, je crois que nous devons prendre le temps de réfléchir. Nous venons de faire
Weitere Kostenlose Bücher