Le retour de la mariée
parvint-elle à balbutier à travers ses larmes, Cade est avec toi ?
— Non.
— Tu saignes, dit Holt, qui arrivait.
— Ce n’est rien. Cade a disparu ?
— On espérait justement le retrouver, et toi aussi, en contrôlant les blessés.
Ils se retournèrent vers la voie ferrée. Des survivants se redressaient, d’autres appelaient à l’aide. Dans l’urgence, Caroline reprit son sang-froid, et son autorité.
— Je m’occupe des blessés, décida-t-elle. Vous deux, allez chercher Cade, il faut le retrouver.
De retour sur les lieux du drame, elle eut la satisfaction de voir que le chauffeur de la locomotive, miraculeusement épargné, venait de faire les comptes. Il y avait sept morts, seize blessés et trois disparus. Par bonheur, elle s’aperçut que le blessé le moins atteint était médecin. Il avait une ecchymose au front et une grosse bosse sur la tête, mais une fois sorti de l’inconscience, tout heureux de retrouver sa mallette, il suturait déjà des plaies.
Trois quarts d’heure après être parti à la recherche de Cadeavec Logan, Holt revint seul, bredouille, en annonçant qu’il avait trouvé deux corps.
A peine s’éloignait-il pour poursuivre ailleurs ses recherches qu’on vit apparaître au loin un cavalier qui tenait à la longe un cheval de rechange.
— C’est Logan ! s’exclama-t-il.
— Comment a-t-il fait pour trouver un cheval ? Deux chevaux, même ! s’étonna Caroline.
— Inutile de chercher des explications, fit Holt. Il a de la chance, c’est tout.
Comme elle ne le quittait pas des yeux, elle fut la première à remarquer que Logan n’était pas seul.
— Regardez, Holt. Il y a quelqu’un avec lui.
Ce fut au tour de Driscoll de vouloir s’élancer. Mais quand elle le vit blêmir et rester sur place, elle craignit le pire. L’homme que transportait Logan était placé devant lui, en travers, comme un poids mort. Caroline reconnut de loin la chemise verte de Cade.
— Docteur ! cria-t-elle, docteur Barnes, venez par ici ! Nous avons besoin de vous !
Elle se refusait à penser que Cade était mort. Il ne le fallait pas. Elle ne le voulait pas. Vite, elle étala sur le sol une couverture, tout en houspillant le médecin pour qu’il se tienne prêt.
Le cheval de Logan s’arrêta, l’écume aux naseaux. Holt entreprit avec précaution de le débarrasser du corps inerte.
— Il est vivant, dit Logan. Il est encore vivant. Saleté de clôture, maugréa-t-il en mettant pied à terre pour aider Holt à porter leur ami.
Aucun des blessés que venait de secourir Caroline n’offrait un spectacle aussi épouvantable. En lambeaux et couverts de sang, la chemise, la veste et le pantalon de Cade semblaient envelopper un corps broyé.
— Il était entravé du haut en bas dans du fil de fer, expliqua Logan comme pour s’excuser de ramener Hollister dans un tel état. Il n’y avait sans doute qu’une seule clôture dans lesecteur, elle l’a retenu, mais elle aurait aussi bien pu le décapiter. Je serais bien venu chercher une paire de tenailles ou une pince dans la machine, mais les coyotes jappaient déjà. J’ai eu du mal à tout enlever.
Le Dr Barnes s’était agenouillé, l’oreille sur le torse de Cade.
— Je crois qu’il a une jambe cassée, ajouta Logan. La droite.
— Nous allons voir cela, dit Barnes. Il me faudrait d’autres ciseaux pour couper le pantalon. Les miens…
Du même geste, Holt et Logan dégainèrent leurs poignards. Holt se chargea d’ouvrir par le bas la jambe droite du pantalon, révélant ainsi au niveau du mollet une large plaie, qui ne saignait plus. Le médecin fit la grimace.
— Il faut désinfecter d’urgence, avec autre chose que du whisky. A vous, madame.
Caroline qui se tenait prête, le flacon à la main, se pencha pour intervenir. Logan l’en empêcha.
— C’est à moi de le faire, dit-il en s’emparant de l’antiseptique.
— Je sais fort bien soigner…
— D’accord. Mais je connais mon frère. Il n’a pas envie que tu le touches et que tu le voies, dans l’état où il se trouve.
Son frère ? Bien sûr, ces orphelins étaient des frères dans le malheur. Holt et Logan n’avaient d’autre famille qu’eux-mêmes et Cade. Caroline passa la main sur l’épaule de Logan pour lui dire qu’elle le comprenait, et s’écarta du groupe pour aller soigner et réconforter les autres blessés.
Les plus atteints avaient déjà reçu les premiers soins, mais il fallait
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