Le retour de la mariée
qu’elle le sollicite. Après une journée aussi exténuante, les champions les plus valeureux auraient déclaré forfait. Quoique, au réveil, après une bonne nuit de sommeil…
Il chassa cette pensée de son esprit pour se concentrer sur Caroline. Elle restait silencieuse et n’avait rien avalé depuis le début du repas.
— Tu dois manger ta viande ! finit-il par lui ordonner, comme le fait un père exaspéré par la bouderie d’un enfant. Tu n’as rien mangé depuis ce matin, tu finiras par te sentir mal. Et puis il est délicieux, ce filet de bœuf !
Elle en prit un petit morceau, sans enthousiasme.
— Logan, dit-elle lentement, s’il ne s’agissait pas de Will, est-ce que tu ne repartirais pas près de Cade, maintenant que l’alerte est donnée ?
— Cette nuit ? Une chevauchée de quatre heures maintenant ? J’en aurais envie, sans doute, mais ce serait ridicule. Je n’ai pas à me le demander, heureusement. Je suis complètement vanné. Je n’ai qu’une hâte : me coucher !
Elle le contempla longuement, les lèvres serrées.
— En effet, tu ne lui rendrais pas service si tu t’endormais sur ta selle et faisais une chute, fit-elle observer.
— Je ne tombe jamais de cheval, protesta-t-il vivement,en relevant les yeux de son assiette pour lui lancer un regard mécontent. De quoi as-tu peur ? Tu n’as pas à t’inquiéter, je vais faire de mon mieux pour combler le retard que j’ai pris. Je sais ce que j’ai à faire. Je vais sortir Will de ce nid de vipères, le plus vite possible.
Pour tromper son embarras, Caroline se mit à dessiner des sillons sur la purée avec sa fourchette. Il était temps de parler, à présent. Quand elle en aurait fini, il pourrait la maudire, et se consacrer à son « frère » si gravement atteint. Le convoi de secours allait peut-être ramener Cade avant le lever du jour. Il fallait que les choses soient claires, dès ce soir. Comment en venir à l’essentiel ?
— Avant d’entreprendre un voyage, n’importe quel voyage, dit-elle en guise de préliminaire, d’une voix lente, tu ferais bien de dormir, de dormir longtemps.
Au lieu d’écouter la suite, il se redressa avec impatience en levant les yeux au ciel, visiblement excédé.
— Ecoute-moi bien, Caroline, dit-il en s’essuyant nerveusement la bouche, je sais que nous avons des problèmes avec les chambres d’hôtel, mais ce soir tu ne cours aucun risque. Je suis éreinté, comprends-tu ? Après une journée pareille, je rêve de dormir, seulement de dormir, et longtemps. Merci pour tes conseils, mais je n’en ai pas besoin !
— Mais ce n’est… Oh mon Dieu, gémit Caroline qui, pour couronner le tout, sentit ses joues s’enflammer. Je voulais te parler de Will et de… de Ben, balbutia-t-elle, et de toute cette affaire, mais je suis tellement… tellement…, comme tu as dit. Je suis tellement fatiguée. Je n’en peux plus.
Les larmes lui montèrent aux yeux, ce qui sembla attendrir Logan. Pour lui redonner du courage, il lui sourit.
— Un bon petit soldat comme toi, on n’en rencontre pas tous les jours, Caroline Grey. Tu n’en finis pas de m’étonner. Je peux te donner un conseil, de mon côté ? Monte tout de suite prendre un bain et va te coucher. Après le dessert, j’irai faire un tour pour me dégourdir les jambes. Tu dormirascomme une souche quand j’irai me mettre au lit, et je ne te réveillerai pas, sois tranquille !
— L’idée n’est pas mauvaise, admit-elle en se levant, à la fois reconnaissante et soulagée. Bonne nuit, Logan !
— Bonne nuit, Caroline ! Dors bien !
***
Caroline ne se réveilla qu’au moment où l’eau du bain, devenue froide, la fit frissonner. Elle se redressa si brusquement qu’en sortant de la baignoire elle dut patauger sur le sol inondé. Combien de temps avait-elle dormi ?
Elle se sécha en hâte, s’enveloppa du peignoir prêté par l’hôtel. Logan était-il rentré se coucher ? Dormait-il ? Elle n’aurait pas la force de le regarder en face.
— J’ai frappé, vous n’avez pas répondu, grommela la forte femme qui attendait derrière la porte.
Caroline lui adressa un sourire penaud.
— J’ai le sommeil lourd, dit-elle pour toute excuse, en s’esquivant.
Parvenue à la porte de la chambre, elle y appliqua son oreille. Aucun bruit. Elle tourna la poignée sans la faire grincer. Grâce au ciel, la chambre était vide.
Après s’être mise au lit, tout au bord, elle regretta
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