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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tous?
     
    - Pas moi, madame
Morin, répondit Laurette. Je vais juste les reconduire et je reviens.
     
    Laurette sortit
de la pièce en même temps que Colombe et Rosaire.
     
    - Êtes-vous ben
sûrs, vous autres, qu'elle retombe en enfance? leur demanda-t-elle, l'air
soupçonneux.
     
    - Puisqu'on te le
dit, Laurette, fit Colombe en boutonnant son manteau de fourrure.
     
    - Elle m'a
pourtant l'air d'avoir encore toute sa tête.
     
    - Elle est
toujours comme ça le matin. Mais attends de la voir l'après-midi. Plus elle est
fatiguée, plus elle en perd, rétorqua Rosaire.
     
    - Vous êtes
certains que c'est pas les pilules qu'ils lui donnent qui la rendent comme ça?
     
    - Pantoute.
Attends, la prévint son beau-frère. Reviens la voir l'après-midi et tu vas ben
voir par toi-même.
     
    Laurette revint
tenir compagnie à sa belle-mère durant quelques minutes avant de quitter
l'hospice. En posant le pied sur la première marche de l'escalier, à
l'extérieur, elle prit une profonde respiration, heureuse de laisser derrière
elle l'air confiné de l'établissement.
     
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    Quand Gérard se
leva au début de l'après-midi, elle l'encouragea à aller rendre une courte
visite à sa mère avant d'aller travailler.

 
    - Elle avait
l'air ben correcte à matin, mais Rosaire dit qu'elle en perd pas mal dans la
journée.
     
    Le lendemain
matin, Gérard révéla à sa femme, à son retour à la maison, que sa mère l'avait
à peine reconnu lorsqu'il était allé la voir.
     
    - Pendant un bon
bout de temps, elle m'a pris pour mon père, ajouta-t-il, encore bouleversé par
cette constatation.
     
    Ce qu'elle
racontait avait ni queue ni tête.
     
    Ce soir-là,
Pierre Crevier raccompagna Denise à la maison comme il le faisait maintenant
pratiquement tous les soirs depuis son retour du lac Saint-Jean. Comme le
mercure était tombé à -15 °F, la jeune fille invita son amoureux à entrer se
réchauffer un peu avant de retourner chez son oncle, rue De Montigny, où il
louait une chambre.
     
    Les Morin
l'accueillirent comme s'il était un membre de la famille. Laurette lui offrit
même de souper.
     
    - Vous êtes ben
fine, madame Morin, mais j'ai déjà mangé. On soupe de bonne heure chez mon
oncle Eugène.
     
    A soir, il était
tout excité parce que Diefenbaker vient d'être élu chef du parti conservateur.
     
    - C'est qui ce
gars-là?
     
    - Je le sais pas,
madame Morin, reconnut le jeune homme. Moi, la politique, ça m'intéresse pas
pantoute.
     
    Cependant, il
accepta avec plaisir la tasse de café que Denise lui tendait déjà.
     
    - Avez-vous
l'intention de décorer pour Noël?
     
    demanda le jeune
débardeur.
     
    - J'y ai pensé,
avoua Laurette sans trop d'enthousiasme.
     
    Le dernier arbre
qu'on a monté, c'était il y a quatre ans,
    453
    avant que mon
mari tombe malade. Mais j'hésite. Ça prend ben de la place dans la cuisine et
ça salit mon prélart.
     
    - En tout cas,
madame Morin, si vous en voulez un beau, je sais où en trouver un pas cher, à
part ça.
     
    - M'man, on
devrait en acheter un, intervint Denise, enthousiaste. On pourrait même le
décorer à soir.
     
    - Moi, je peux
aller le chercher avec Pierre, si vous voulez, offrit Richard, plein de bonne
volonté.
     
    Laurette
réfléchit un instant à la proposition avant de l'accepter.
     
    - Si vous voulez
vous en occuper, c'est correct.
     
    Combien ça va
coûter, demanda-t-elle à l'ami de sa fille en se tournant vers lui.
     
    - Laissez faire,
madame Morin, je m'en occupe, déclara ce dernier, déjà debout, prêt à partir.
     
    Il entraîna
Richard dans une cour de la rue Poupart où le locataire du rez-de-chaussée de
la maison avait entreposé une trentaine d'arbres de Noël de toutes les tailles.
     
    - On va en
prendre un de sept pieds, déclara Pierre Crevier au vendeur qui s'était enfoncé
une tuque jusqu'au ras des yeux pour se protéger du froid polaire de cette
soirée de décembre.
     
    - C'est tous des
arbres coupés sur la terre à bois de mon frère, à Saint-Tite, dit le vendeur.
Il me les a livrés hier.
     
    L'homme n'avait
pas l'air particulièrement honnête, ce qui rendit Pierre un peu méfiant. II
examina avec soin l'arbre que l'autre lui tendait.
     
    - C'est trois
piastres, dit le vendeur en tendant la main.
     
    - T'es pas
malade, toi, s'insurgea Pierre Crevier. Ça vaut pas plus que deux piastres, cet
arbre-là. Il a même commencé à sécher.
     
    454
    L'autre accepta
l'offre sans trop marchander

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