Le retour
Elle lui raconta les mésaventures de leur fils dans
leurs moindres détails.
- Ça excuse pas
ce qu'il nous a fait, dit Gérard, vindicatif.
- Je le sais ben,
approuva-t-elle, mais on peut tout de même pas le sacrer dehors en plein mois
de décembre. On ferait même pas ça à un chien.
Gérard se tut,
alluma une cigarette et se plongea dans une profonde réflexion. De toute
évidence, il ignorait comment régler le problème du retour de son fils.
Laurette demeura assise, lui laissant tout le temps voulu pour réfléchir.
- Bon. Qu'est-ce
qu'on fait? finit-il par lui demander.
- Je serais
d'avis qu'on efface tout, dit-elle en hésitant.
Il s'installera
dans la chambre du fond et il se cherchera une job. On lui chargera la même
pension qu'avant quand il en aura trouvé une, mais on lui laissera pas la
chambre d'en avant. Gilles et Richard la garderont. Disons que ce sera sa
punition.
- Ouais, fît
Gérard. Il me semble qu'on lui fait pas payer ben cher ce qu'il nous a fait
vivre.
Quand Jean-Louis
se leva, à la fin de l'après-midi, son père venait de quitter l'appartement
pour aller travailler.
Au moment où il
sortait de la chambre, Richard entrait dans l'appartement avec Carole et
Gilles.
- Aïe! Ça doit
être l'Halloween! s'exclama-t-il en prenant une pose théâtrale, une main sur le
coeur. Je viens de voir un fantôme.
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- Toujours aussi
drôle, toi, laissa tomber son frère aîné en se dirigeant vers la cuisine.
Carole et Gilles
s'empressèrent de retirer leurs manteaux pour aller le saluer. Rien dans le
comportement de leur frère ne laissait croire qu'il éprouvait un plaisir
particulier de les revoir après une aussi longue absence.
- Je vais
attendre après le souper pour déménager mes affaires dans la chambre du fond,
annonça Gilles à sa mère.
- Non. Tu vas
rester avec Richard dans la chambre d'en avant. Jean-Louis va s'installer au
fond.
- Pourquoi,
m'man?
- C'est ce que ton
père a décidé, fît Laurette sans plus d'explications.
L'enfant prodigue
comprit que son père avait accepté qu'il demeure sous le toit familial et
n'éleva aucune objection.
À l'heure du
souper, il ne fit pas montre de plus de joie en revoyant sa soeur aînée qui
avait sursauté en l'apercevant assis à table.
Quand Jean-Louis
eut disparu dans sa chambre après le repas, Laurette s'empressa de servir un
avertissement sérieux à ses enfants encore attablés.
- Je veux que
vous laissiez votre frère tranquille, dit-elle à mi-voix. Il en a pas mal
arraché. Il est tout à l'envers. Il a perdu sa job et il a plus une cenne. Ça
fait qu'achalez-le pas.
- Plus une cenne!
s'étonna Richard. Sacrifice! Il a dû faire des folies pour vider son compte de
banque comme ça.
- Ça te regarde
pas, Richard Morin. Contente-toi de faire ce que je viens de dire, lui ordonna
sa mère.
Ce soir-là,
Laurette remercia Dieu de lui avoir ramené son fils à la maison en faisant sa
prière. Elle se promit de tout faire pour le remettre d'aplomb le plus tôt
possible.
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Elle s'endormit
en élaborant toutes sortes de plans qui devaient permettre à son Jean-Louis de
retrouver le bonheur.
Chapitre 19
Les inattendus La
veille de Noël, lorsque Gérard Morin rentra de sa nuit de travail, il découvrit
tous les siens rassemblés autour de la table, en train de déjeuner. Il secoua
les quelques flocons de neige qui s'étaient déposés sur son manteau avant de
suspendre ce dernier sur l'un des crochets fixés au mur, derrière la porte d'entrée.
- Quel temps il
fait dehors? demanda Laurette en lui servant une tasse de café.
- Il commence à
neiger, mais on gèle pas mal moins qu'hier.
- Parfait. Cet
avant-midi, je dois aller chez Tougas acheter une couple d'affaires qui me
manquent.
- Je peux aller
vous les acheter si vous voulez, proposa Carole, pleine de bonne volonté. Moi,
aujourd'hui, j'ai rien à faire.
- Laisse faire.
Ça va me faire du bien de prendre un peu l'air. J'ai passé la semaine à faire
la cuisine. Tout est prêt pour le réveillon. La dinde, le ragoût de boulettes
et les tourtières sont dans la boîte, sur le balcon. Les tartes sont dans
l'armoire. On va avoir un beau Noël. Je vais partir vers neuf heures et revenir
pour dîner. Ça me tente d'aller voir dans les magasins. Si t'as envie de venir
avec moi, tu peux venir.
Carole accepta
avec joie d'accompagner
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