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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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rues secondaires, comme Emmett et
Archambault, demeuraient impressionnants et servaient de glissoires aux enfants
qui utilisaient de simples bouts de carton à titre de traîneaux.
     
    Les commerçants de
la rue Sainte-Catherine avaient commencé à décorer les devantures de leurs
magasins. A la Banque d'Épargne, coin Dufresne, on avait sorti une énorme
couronne de gui ornée de quelques lumières tandis que le propriétaire de la
pharmacie Charland, fidèle à sa tradition, avait installé un sapin dans l'une
de ses vitrines et un gros bas de Noël en résille rouge rempli de jouets dans
l'autre.
     
    Comme chaque
année, le bas allait être tiré au sort le 24
    décembre parmi
les clients qui auraient rempli un coupon de participation. Plus loin, sur le
même côté de la rue, les vitrines de Woolworth et de la salle de billard
voisine avaient été entourées de séries de lumières multicolores et des
"Joyeux Noël " en papier doré y avaient été suspendus.
     
    En cette période des
fêtes 1956, le curé Perreault avait même fini par accepter à contrecoeur l'idée
hasardeuse d'une crèche extérieure, installée devant le presbytère.
     
    447
     
    - Je voudrais
bien savoir qui a eu cette idée de fou-là!
     
    avait-il
ronchonné.
     
    - C'est Yvon et
moi, avait affirmé l'abbé Laverdière, sarcastique, en parlant de son jeune
confrère, Yvon Dufour.
     
    - Vous auriez dû
venir d'abord m'en parler au lieu d'aller vous ouvrir la trappe devant Moreau,
lui reprocha amèrement son supérieur. Vous le connaissez, notre président de la
fabrique. Pour lui, quand c'est nouveau, c'est bon.
     
    - Vous avez
raison, monsieur le curé, reconnut René Laverdière, feignant l'humilité.
     
    - Vous avez pas
réfléchi deux minutes avant de lui suggérer ça. Je donne pas une journée à
votre crèche. Les voyous vont vous la démolir le temps de le dire.
     
    - Ça, monsieur le
curé, on peut pas le savoir tant qu'on l'a pas essayé.
     
    - Ça va être de
l'argent gaspillé, protesta Damien Perreault avec humeur. Je l'ai dit et redit
à Moreau, mais il a une tête de cochon. Cet argent-là aurait été bien plus
utile s'il avait servi à faire des paniers de Noël. En tout cas, j'ai bien hâte
d'entendre notre bedeau quand il va se voir pris à aller démonter tout ça après
les fêtes quand ça va être pris dans la glace. Je l'enverrai vous voir, l'abbé,
avait ajouté l'imposant curé en affichant un air vindicatif.
     
    Pourtant,
l'humble crèche installée à mi-chemin entre la façade du presbytère et la
petite clôture en fer forgé était demeurée intacte après une semaine
d'existence.
     
    Chaque matin, le
curé Perreault s'étonnait de découvrir encore sur place la sainte famille ainsi
que le boeuf et l'âne.
     
    Mieux, il lui
arrivait souvent de voir de jeunes écoliers arrêtés de l'autre côté de la
clôture en train de regarder la crèche où il ne manquait que le petit Jésus.
     
    448
    Chez les Morin,
l'heure n'était pas encore aux décorations de Noël. On avait des sujets de
préoccupation beaucoup plus sérieux.
     
    Ce matin-là,
Lucille Morin avait quitté l'hôpital, apparemment guérie de sa pneumonie.
Cependant, elle n'avait pas réintégré la maison luxueuse de sa fille. Les jours
précédents, un spécialiste avait prévenu Colombe et Rosaire qu'il avait perçu
un début de démence sénile chez sa patiente. Ce diagnostic ne les avait guère
surpris et les avait plutôt confortés dans leur décision d'installer la vieille
dame à l'hospice Gamelin, dès son congé de l'hôpital. Le samedi précédent,
Richard avait aidé son oncle au transport des effets de sa grand-mère dans la
chambre qui allait bientôt l'accueillir.
     
    Étrangement,
Laurette ressentait une profonde pitié pour celle qu'elle avait pourtant
toujours détestée. Même si elle savait que la mère de son mari l'avait toujours
ouvertement méprisée pour son manque de classe, elle ne pouvait s'empêcher de
la plaindre. Elle se souvenait trop bien des vieillards de l'hospice Gamelin
qu'elle apercevait de chez elle, lorsqu'elle était enfant. Elle en avait des
frissons. Elle les revoyait, entassés dans la cour, se parlant à mi-voix et se
déplaçant avec peine.
     
    - On va tous
finir comme ça, avait-elle dit à sa fille Carole qui acceptait mal le fait que
sa grand-mère aille finir ses jours là où elle avait travaillé durant un été.
     
    - Mais m'man,
avait protesté l'adolescente. Ça sent mauvais

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