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Le retour

Le retour

Titel: Le retour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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hypocrites! explosa Laurette après avoir ouvert la porte de la
chambre.
     
    - Pourquoi tu dis
ça? demanda son mari en tirant vers lui les couvertures.
     
    - Veux-tu ben me
dire pourquoi ils viennent nous demander notre avis s'il faut envoyer ou non ta
mère à l'hospice quand ils ont déjà tout arrangé? J'espère que t'as compris que
t'avais pas un mot à dire là-dessus. Ils avaient déjà réservé la place de ta
mère à Gamelin.
     
    - Ben, c'est
normal, dit Gérard. C'est Rosaire qui va payer.
     
    - C'est ce qu'il
dit, le gros riche. Mais quelle preuve t'as que ça coûte plus que la pension de
ta mère?
     
    - J'ai pas le
goût pantoute de parler de ça, dit Gérard en lui tournant le dos. Laisse-moi
dormir une couple d'heures avant que j'aille la voir à l'hôpital.
     
    - C'est correct,
accepta sa femme. Je vais y aller avec toi. Je veux voir si c'est ben vrai que
ta mère est devenue aussi pire que ça. Je trouve ça louche, leur affaire, à ta
soeur et à ton mari.
     
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    Laurette réveilla
Gérard vers midi trente. Elle lui prépara son dîner pendant qu'il faisait sa
toilette. Ils quittèrent l'appartement tous les deux un peu après une heure. Le
tramway les déposa coin Papineau et Sherbrooke. Ils attendirent la permission
de monter aux étages, dans le hall de l'hôpital, en compagnie d'une trentaine
de visiteurs. À deux heures précises, le gardien de sécurité leur fit signe
qu'ils pouvaient monter.
     
    Le couple trouva
Lucille Morin alitée dans une chambre semi-privée du troisième étage. Au moment
de pénétrer dans la pièce, une petite soeur grise en sortait en compagnie d'un
médecin. Gérard découvrit sa mère étendue dans le lit placé près de la fenêtre.
Une tente plastifiée la recouvrait et il entendait le sifflement de l'air puisé
par une bonbonne d'oxygène.
     
    Laurette, son
manteau sur un bras, s'arrêta, interdite, devant le lit occupé par sa
belle-mère. Elle eut d'abord beaucoup de mal à reconnaître Lucille Morin. Elle
n'en revenait pas qu'un tel changement ait pu survenir en aussi peu de temps.
La grande femme un peu altière à la mise soignée qu'elle avait toujours connue
avait cédé sa place à une vieille femme ridée au teint blafard recroquevillée
dans un lit d'hôpital.
     
    Lucille Morin
dormait, la bouche entrouverte. Ses bras décharnés laissaient voir de fines
veines bleues.
     
    - T'as vu ses
bras? demanda Laurette à voix basse à son mari.
     
    - Ils sont
maigres.
     
    - Ben non. C'est
pas ce que je veux dire. Ils sont attachés.
     
    - Pourquoi ils
ont fait ça? demanda Gérard, étonné.
     
    - On va le
demander, déclara sa femme sur un ton décidé. Bon. Qu'est-ce qu'on fait? On la
réveille ou on la laisse dormir?
     
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    - On est
peut-être mieux de la laisser dormir, dit Gérard, comme à regret.
     
    - C'est le fun
encore d'avoir fait tout ce chemin-là pour la voir dormir. Viens-t-en. Si on la
réveille pas, ça sert à rien de rester plantés là, au pied de son lit.
     
    Au moment de
quitter la chambre, le couple croisa la petite religieuse vue quelques instants
auparavant.
     
    - Excusez, ma
soeur, fit Laurette en lui barrant le chemin. Je suis la bru de madame Morin,
la patiente de la chambre 206.
     
    - Oui.
     
    - Mon mari et
moi, on voudrait savoir pourquoi on l'a attachée dans son lit.
     
    La religieuse
sembla chercher durant un court moment de quelle patiente il s'agissait avant
de répondre:
     
    - Ah oui, j'y
suis. Madame Morin. Il a fallu l'attacher parce qu'elle était agressive et
cherchait à quitter son lit.
     
    Il a fallu lui
donner une bonne dose de calmant.
     
    - Est-ce qu'elle
a toute sa tête? demanda Laurette, bien décidée à vérifier les dires de sa
belle-soeur et de son mari.
     
    - Ça, je peux pas
vous le dire, admit la religieuse. Il faudra que vous voyiez le docteur pour le
savoir.
     
    Gérard et
Laurette quittèrent l'hôpital Notre-Dame.
     
    Gérard n'était
guère rassuré par ce qu'il avait pu voir.
     
    L'état de sa mère
était bien pire que ce qu'il avait imaginé.
     
    Devinant son
inquiétude, sa femme travailla à le réconforter jusqu'à leur retour à la
maison.
     
    Chapitre 18
    Les fêtes Les
quinze premiers jours de décembre filèrent comme le vent. Quelques petites
chutes de neige sans conséquence vinrent ajouter à l'épais tapis blanc laissé
par la tempête de la fin du mois de novembre. Les trottoirs avaient enfin été
déblayés, mais les bancs de neige sur les

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