Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le rêve de Marigny

Le rêve de Marigny

Titel: Le rêve de Marigny Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Monique Demagny
Vom Netzwerk:
l’attendait, il avait été entrepris pour préparer une véritable révolution de l’art en France. Soufflot, le visionnaire, s’avérait indispensable à Vandières pour imposer la révolution artistique dont il ambitionnait de faire la marque de son passage aux Bâtiments. Le nouveau Directeur savait que le changement est toujours difficile à faire accepter et que ceux qui prônaient dans leurs discours une certaine modernité seraient les premiers à persévérer dans une routine à peine déguisée. Soufflot lui serait d’autant plus précieux qu’il était le seul architecte capable de faire contrepoids à la référence faite homme qu’était devenu Gabriel, le Premier Architecte du Roi.
    Gabriel campait sur l’architecture à Paris comme un capitaine d’armes sur son butin. Il n’était pas contre une évolution qu’il était assez fin pour savoir inéluctable, mais il la voyait légère et dictée par sa propre volonté. Il était puissant, l’Académie d’architecture s’inclinait devant son bon vouloir. Nombre d’académiciens étaient d’ailleurs suffisamment âgés pour n’avoir pas vraiment de goût au changement, beaucoup étaient devenus assez riches pour ne voir aucune raison de proposer d’autres recettes que celles qui marchaient si bien. Il y avait là un terrain d’inertie qui n’était pas favorable à faire évoluer le goût. Soufflot avait été reçu à l’Académie d’architecture avant le voyage d’Italie par la volonté de Tournehem, en seconde catégorie seulement, c’était la règle. Cette restriction administrative ne l’empêcherait pas de s’imposer car il avait une force de conviction peu commune et une persévérance rare dans ce qu’il entreprenait. Cochin ? Il pourrait presque tout faire ! Il connaissait mieux que personne à Paris le monde des artistes. Il appréciait leurs talents, il était indulgent à leurs faiblesses. Sa notoriété personnelle était déjà faite avant l’Italie. Son talent était indéniable et il avait su dès ses débuts se couler aussi bien qu’un autre dans l’air du temps. N’avait-il pas dessiné les chats de madame Geoffrin ? Dès son retour, le 27 novembre 1751 il avait été reçu à l’Académie Royale de peinture et de sculpture par acclamation sans avoir présenté son « morceau d’agrément », ce qui était exceptionnel. Mais Cochin n’avait pas à prouver un talent dont il avait déjà donné tant de preuves. Le 4 mars 1752, il avaitlu son premier discours sur l’utilité du voyage en Italie. Il savait de quoi il parlait. Lui-même ne dessinerait plus jamais comme avant la merveilleuse aventure. Cette évolution n’avait échappé à personne. On avait aimé d’emblée la délicatesse de ses dessins, leur précision, leur élégance, qu’il s’agisse de la commémoration d’un événement ou de l’illustration d’un livre. C’est dans ce dernier travail qu’on décela combien la maturité de son art avait éclaté au retour d’Italie. Le dessin avait plus de force, il s’était chargé de sens. L’illustration ne venait plus enjoliver un ouvrage, elle traduisait la pensée de l’auteur. Le texte et le dessin étaient devenus indissociables, le dessin en avait pris une nouvelle puissance. Il y avait des esprits chagrins pour regretter le charme léger de ses premières œuvres, une certaine critique faisait la moue. Depuis quand les dessinateurs se mêlaient-ils de penser ? Quelle prétention ! Il savait dessiner, qu’il dessine, et qu’il s’en contente ! Impossible ! Cochin ignorait la routine, il allait toujours plus loin dans son art avec une intransigeante exigence. À la mort de Coypel en juin de la même année il lui avait succédé comme censeur royal pour les estampes et comme garde des dessins du roi. Il faisait son chemin, il le faisait par son mérite mais si l’on se mettait en travers de sa route Vandières serait là pour y mettre bon ordre. Ensemble ils allaient faire du bon travail, à Paris comme en Italie il sera encore l’œil d’Abel.

    Soufflot avait reçu le titre de Contrôleur des Bâtiments, toutefois en cette année 1753 il se partageaitencore entre Lyon et Paris, et Vandières ne renonçait pas au projet de le faire déménager à Paris.
    Le Blanc, troisième larron du voyage, n’avait pas été oublié au retour d’Italie. La charge d’historiographe des Bâtiments du Roi dont il avait été honoré lui laissait le temps de voyager à sa

Weitere Kostenlose Bücher