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Le rêve de Marigny

Le rêve de Marigny

Titel: Le rêve de Marigny Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Monique Demagny
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roi vous entendent !

    Vandières repartit aussi vite qu’il était arrivé. Les mêmes pensées continuaient de le préoccuper. Il devait demander au roi de débloquer des fonds et c’était délicat. Le roi était tout acquis au projet mais l’argent n’avait jamais été aussi rare. N’importe, les choses se feraient, Abel voulait y croire. D’ailleurs l’affaire était déjà bien en train, Soufflot déjà y réfléchissait, il allait prendre le projet à bras-le-corps.
    Pour se rasséréner un peu et parce qu’il avait besoin d’une pause, Vandières entreprit d’aller à l’improviste visiter quelques-uns des artistes logés dans les murs du vieux palais. La première porte à laquelle il frappa fut celle de Joseph-Marie Vien qui venait d’être admis à l’Académie de peinture. Vandières aimait bien le peintre. Il avait apprécié sa dernière œuvre, L’Ermite endormi , dont l’inspiration s’écartait résolument des traditions de la Rocaille. Vien avait fait un long séjour à Rome et le goût de l’antique lui étant venu il travaillait dans la nouvelle manière. Vandières savait qu’il était occupé à son Dédale dans le labyrinthe attachant les ailes à Icare , il était curieux d’avoir la primeur de ce travail. À peine eut-il toqué à la porte qu’un formidable « entrez » le cloua sur le seuil, stupéfait. Le peintre allongé sur le sol travaillait au bas du tableau.
    — Que faites-vous là, Vien ? Vous travaillez de bien étonnante façon ! Vous y laisserez votre santé !
    Le peintre s’était relevé.
    — Comment faire autrement, dit-il, ma toile occupe cette pièce depuis le haut jusqu’en bas !
    — Nous allons y remédier.

    Dans la théorie Vandières connaissait les difficultés d’ordre matériel auxquelles les peintres et d’autres artistes étaient confrontés. Cochin les lui ressassait sans jamais se lasser. Il était tout à fait persuadé de la nécessité de pourvoir chaque artiste d’un appartement et d’un atelier convenant à l’importance de leurs travaux et dignes de leur talent. Tout cela pourtant était à distance de lui et se noyait souvent dans la masse de ses préoccupations. Si on lui avait rapporté la scène il aurait peut-être été tenté de penser qu’il n’y avait pas trop d’embarras à ce que Vien peigne allongé sur le sol de son atelier pourvu qu’on puisse enfin couvrir le Louvre. Il aurait avec un peu d’agacement chargé Cochin de résoudre le problème. Cochin s’y entendait à merveille. En cet instant les choses étaient différentes, il était confronté au quotidien du peintre, il souffrait avec lui de l’incommodité des lieux et s’impatientait déjà d’aller remédier au problème.

    Après avoir un moment bavardé avec Vien, Vandières s’en retourna, toujours pensant, toujours réfléchissant, toujours lançant des plans sur la comète car il y avait tant à faire. Convaincre le roi de l’autoriser à raser les baraques du Louvre après en avoir chassé lesmarchands ? Le pamphlet qui le rendait furieux l’aiderait néanmoins dans cette tâche. Il en profiterait pour essayer de pousser le roi à terminer l’aile orientale. Il faudrait aussi veiller aux conditions de logement des peintres, des sculpteurs, des architectes, hébergés au Louvre. Il était nécessaire d’aller souvent s’assurer qu’ils étaient bien traités. Il y reviendrait mais il lui faudrait être partout ! Le contrôleur Dille avait la charge des logements du Louvre, il lui donnerait des directives très précises. Allons, il allait charger le petit Cochin de cela aussi. En attendant, dès ce soir il enverrait les ordres pour qu’un atelier plus vaste soit mis à la disposition de Vien.

Le soir tombait doucement sur Paris. On était aux derniers jours de mai, les fenêtres de l’hôtel que Vandières occupait rue Saint-Thomas-du-Louvre laissaient pénétrer une petite brise juste un peu fraîche dans les salons. On avait déjà allumé les candélabres. Y avait-il réception ? Pas vraiment. Ce soir la réunion était intime, et très réduite, les seuls invités étaient Soufflot et Cochin. Dès que Vandières avait pris sa charge il avait tenu à s’attacher ses deux compagnons de voyage. Il appréciait leurs compétences autant que leur amitié, il avait besoin d’eux pour mener à bien ses projets. Le voyage d’Italie n’avait pas été un prétexte pour asseoir Vandières dans une fonction où personne ne

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