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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Sennecour, réfléchit-il. Je ne connais pas ce nom. Et pourtant mon père, à l’époque où il m’apprenait à lire un blason, mit ses soins à m’enseigner les noms des familles nobles de l’Île-de-France… Non, je ne me souviens pas que Philippe de Ponthus ait jamais, devant moi, prononcé le nom de Sennecour…

VII
 
QUI PROUVE QUE TOUT LE MONDE N’A PAS DE L’AMOUR LA MÊME CONCEPTION QUE DON JUAN
    Léonor Ulloa ne posa aucune question à Clother de Ponthus lorsqu’il vint la rejoindre dans la salle d’honneur où elle s’activait devant une sorte de métier à tapisserie.
    Elle soupira, et Clother, jetant un regard sur les doigts de Léonor, les trouva les plus adroits, les plus fins qu’il eût jamais vus.
    En quelques mots saisissants, Léonor lui raconta la mort du commandeur et retraça la scène… la soudaine entrée de don Juan dans cette salle, la provocation, le rapide combat…
    Ce récit sobre et ferme, dépouillé de toute plainte inutile et tel que pouvait le faire la fille impavide qu’était Léonor, ce récit lui prouvait avec quelle impudence, quel acharnement don Juan Tenorio poursuivait la sœur de Christa. Clother de Ponthus l’écouta avec attention. Et quand il fut terminé, simplement, comme si c’eût été chose toute naturelle :
    – Entre Juan Tenorio et moi, il y a combat à outrance, dit-il, en employant à dessein un terme de chevalerie. L’un de nous deux doit rester dans la lice…
    – Je ne crains pas Juan Tenorio. À dire vrai, je ne crois pas que le débat soit de lui à moi…
    Clother la regardait, étonné.
    – Oui, fit-elle, ceci vous surprend. Moi-même, je m’en étonne. Mais depuis Séville jusqu’ici, je n’ai jamais cru que le débat fût entre don Juan et moi…
    – Entre qui donc ?
    –  Entre don Juan et Christa !…
    Il tressaillit ; et il y eut un long silence pendant lequel, penchée sur son métier, plus vite, plus fébrilement, elle s’activa à son travail. Et elle reprit :
    – Je n’ai pas peur de Juan Tenorio. Je connais Christa, oh ! je la connais bien ! C’est une noble fille. De Séville à Madrid, vous n’en trouverez pas une qui soit plus fière, et d’une âme plus forte. Il est impossible qu’elle ne fasse pas expier à Juan Tenorio l’affront qu’il osa lui faire…
    – Mais… mais… balbutia Clother, ne m’avez-vous pas dit… que celle dont vous parlez…
    – Oui, je vous l’ai dit : Christa est morte.
    – Vous parlez d’elle… Ah ! madame… Vous parlez de la morte comme si elle était vivante !…
    – Oui, seigneur de Ponthus. Et je ne saurais vous dire moi-même pourquoi je parle ainsi de ma chère Christa. Je me demande parfois si certaines pensées qui viennent soudain m’assaillir ne sont pas des pensées de folie… et pourtant… non : laissons cela. Quoi qu’il en soit, je vous jure que Tenorio ne me fait point peur : il a affaire à forte partie.
    En proie à un indéfinissable malaise, Clother répéta :
    – À forte partie !… Cette forte partie… est-ce vous ?
    – Non, dit-elle, d’un accent de certitude. C’est Christa. Profondément ému de cette conviction, troublé jusqu’à l’âme :
    – Eh quoi, madame ! Croyez-vous donc que du fond de sa tombe, Christa surveille Juan Tenorio ? Que dis-je ! Sondant les profondeurs de la mort et pénétrant en ces régions inconnaissables où évoluent les âmes des trépassés, avez-vous donc acquis la preuve que Christa, sortie de son tombeau, continue à rôder autour de don Juan, prête à vous défendre s’il le faut, en tout cas guettant le moment où elle pourra punir le parjure ?
    – Je n’ai pas sondé ce que nous ne devons pas connaître, sire de Ponthus, et n’ai acquis aucune preuve touchant la volonté ou le pouvoir des morts. Je parle sous la dictée de mon cœur, voilà tout. Les saints nous soient en aide ! La Vierge protège ma Christa bien-aimée !
    Ils se turent tous deux.
    Et tous deux, à travers l’immense salle d’honneur sévère et froide, ils eurent le même vague regard inquisiteur et craintif.
    Et le même frisson les agita tous deux.
    Le mystère planait…
    D’un commun effort, ils s’arrachèrent au vertige. Pendant quelques instants, avec une sorte de hâte, ils parlèrent de choses indifférentes, ou du moins, qu’ils croyaient indifférentes.
    – Sire de Ponthus, si vous voulez, ne parlons plus de Juan Tenorio.
    – Je vous obéirai, madame. Mais tant que don

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